Dieu caché - Par amour pour son Père
Une prédication qui date de 1861 environ.
Jésus voilé dans l'Eucharistie
1. Par amour pour son Père
1° L'amour de son Père
Le Verbe s'était anéanti dans l'Incarnation pour combattre l'orgueil de l'homme, rendre à Dieu son Père la gloire que l'orgueil lui avait ravi. Par quels degrés de l'humiliation, le fils de Dieu incarné passe-t-il ! de Bethléem au Calvaire, au tombeau ! Saint Paul : Il s'est abaissé, il s'est dépouillé, prenant la condition d'esclave [Ph 2,7-8]. Isaïe va plus loin (53) : Nous l'avons considéré comme un lépreux, comme un homme frappé de Dieu et humilié. Nous l'avons vu et il n'avait rien pour attirer nos regards, et nous l'avons méconnu. Objet de mépris, le dernier des hommes, un homme de douleurs, qui sait ce que c'est que souffrir. Son visage était comme caché. Il paraissait méprisable et nous ne l'avons pas reconnu. [Is 53,4.2-3]. David : Moi, je suis un ver de terre et non un homme [Ps 21,7].
Or en l'Eucharistie :
1. Jésus descend plus bas, il voile non seulement sa divinité mais encore sa dignité humaine, sa beauté, ses sens, son corps, tout lui-même.
2. Il ne donne aucun signe de lui-même, il ne laisse échapper aucun rayon de sa gloire, aucun son de sa voix, aucun geste de sa main, rien, rien.
3. S'il a un signe de sa présence, et il en faut un sensible comme sacrement, comme indiquant le lieu où repose son corps sacré pour être le centre de notre adoration, de notre amour, oui, il y a un signe sensible, visible, tangible, mais c'est un signe étranger, les espèces sacramentelles, les apparences du pain !
4. Eh bien, c'est à ce signe, à ces espèces, à ces formes sans substance que Jésus-Christ glorieux et triomphant s'unit inséparablement, elles seront son vêtement, sa demeure, le véhicule sensible et comme le nuage qui le porte et qui le cache, l'instrument apparent par lequel il viendra à nous.
Or c'est là le dernier degré de l'humiliation : de s'unir à une apparence d'être, c'est le dernier degré de l'être, voisin du néant. C'est le véritable "il s'est dépouillé" [Ph 2,7]. Mais admirons la grandeur de l'amour qui l'inspire et le glorifie.
1. Jésus-Christ par cet état anéanti veut continuer d'honorer son Père sur la terre en réparation de l'orgueil toujours nouveau, toujours croissant de l'homme.
2. Il veut glorifier son Père, même dans son état glorieux, en trouvant le secret d'unir à la gloire de son corps, l'humilité de sa naissance et de sa mort.
3. Il veut toujours le servir par l'humilité – rester sur le lieu de son triomphe avec ses habits de combat – il veut porter l'habit de ses soldats, afin d'avoir encore le droit de partager leur gloire et de l'offrir à son Père.
Oh ! quelle belle leçon d'humilité que ce voile eucharistique ! Leçon d'humilité pour le prêtre si grand à l'autel ! pour les rois si grands sur leurs trônes ! pour tous.
S. Pierre-Julien Eymard (PG 238,2)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6