Jour 3 - Mardi Saint

Chaque jour, depuis l'entrée de Jésus dans sa Passion jusqu'à l'apparition du Ressuscité aux disciples Emmaüs, l'église Saint-Ignace vous propose de prendre un temps d'écoute, de prière et de silence avec l'évangile. Quelques jésuites ouvriront l'office en chantant une hymne liturgique, puis nous proclamerons l'évangile du jour. Nous proposons ensuite une courte homélie, et ensuite quelques « points de prière » à la manière des Exercices spirituels de Saint Ignace. Ces points guideront votre prière personnelle. Consacrez-y le temps qui conviendra, dix minutes, une demi-heure ; suffisamment pour que l'Esprit ait le temps de faire son travail dans vos cœurs. Nous proposons pour finir une prière d'offrande de Saint-Ignace, « Prends, Seigneur et reçois ». 


Pour méditer l'Évangile du jour, nous vous proposons de visionner la vidéo du père Michel Fédou sj :


Pour introduire à la prière

Hymne - POUR QUE L'HOMME SOIT UN FILS

Paroles : Didier Rimaud / Ó CNPLDisque

Musique : Jean-Marie Vincent / Jean Nicrosa - Ed. Musicales STUDIO SM

Pour que l'Homme soit un fils à son image,
Dieu l'a travaillé au souffle de l'Esprit,
Lorsque nous n'avions ni forme, ni visage,
Son amour nous voyait libres comme lui. (bis)

Nous tenions de Dieu la grâce de la vie,
Nous l'avons tenue captive du péché,
Haine et mort se sont liguées pour l'injustice,
Et la loi de tout amour fut délaissée. (bis)

Quand ce fut le jour et l'heure favorable,
Dieu nous a donné Jésus le bien aimé,
L'arbre de la Croix indique le passage,
Vers un monde où toute chose est consacrée. (bis)

Qui prendra la route vers ces grands espaces ?
Qui prendra Jésus pour Maître et pour Ami,
L'humble serviteur a la plus belle place,
Servir Dieu rend l'Homme libre comme lui. (bis)


Arcabas, "Le Baiser de Judas"


Évangile du jour

JÉSUS TRAHI PAR SES DISCIPLES

Jean 13, 21-33.36-38


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples,
il fut bouleversé en son esprit,
et il rendit ce témoignage :
« Amen, amen, je vous le dis :
l'un de vous me livrera. »
Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras,
ne sachant pas de qui Jésus parlait.
Il y avait à table, appuyé contre Jésus,
l'un de ses disciples, celui que Jésus aimait.
Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus
de qui il veut parler.
Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus
et lui dit :
« Seigneur, qui est-ce ? »
Jésus lui répond :
« C'est celui à qui je donnerai la bouchée
que je vais tremper dans le plat. »
Il trempe la bouchée,
et la donne à Judas, fils de Simon l'Iscariote.
Et, quand Judas eut pris la bouchée,
Satan entra en lui.
Jésus lui dit alors :
« Ce que tu fais, fais-le vite. »
Mais aucun des convives ne comprit
pourquoi il lui avait dit cela.
Comme Judas tenait la bourse commune,
certains pensèrent que Jésus voulait lui dire
d'acheter ce qu'il fallait pour la fête,
ou de donner quelque chose aux pauvres.
Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt.
Or il faisait nuit.

Quand il fut sorti, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l'homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.

Petits enfants,
c'est pour peu de temps encore
que je suis avec vous.
Vous me chercherez,
et, comme je l'ai dit aux Juifs :
“Là où je vais,
vous ne pouvez pas aller”,
je vous le dis maintenant à vous aussi. »

Simon-Pierre lui dit :
« Seigneur, où vas-tu ? »
Jésus lui répondit :
« Là où je vais,
tu ne peux pas me suivre maintenant ;
tu me suivras plus tard. »
Pierre lui dit :
« Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ?
Je donnerai ma vie pour toi ! »
Jésus réplique :
« Tu donneras ta vie pour moi ?
Amen, amen, je te le dis :
le coq ne chantera pas
avant que tu m'aies renié trois fois. »


Commentaire


L'Évangile de Jean, en ce Mardi saint, nous rapporte une heure tragique entre toutes : la trahison de Judas, puis l'annonce du reniement de Pierre – et cela au cours du repas que Jésus prend avec ses disciples.

               Réalisons combien cette heure est terrible. Tout se passe lors d'un repas – or le repas devrait être par excellence un moment de communion. Tout se passe lors d'un repas entre Jésus et ceux qui sont les plus proches de lui : les douze apôtres.

Jésus est « bouleversé » ; il avait été déjà bouleversé devant le tombeau de Lazare (Jn 11, 33), il avait lui-même dit « mon âme est bouleversée » (Jn 12, 27), il est maintenant bouleversé devant l'événement qui va se produire et qu'il annonce aussitôt : « Amen, amen, je vous le dis : l'un de vous me livrera ». « L'un de vous » : Jésus ne nomme pas le traître, mais il désigne celui-ci par ces mots « l'un de vous ». La trahison est d'autant plus dramatique qu'elle émane du groupe même des disciples. Et de fait c'est ce qui se produit : après avoir pris la bouchée que lui donnait Jésus, Judas « sortit aussitôt ». Il « sortit », c'est-à-dire qu'il se retrancha du groupe des disciples ; et l'évangéliste ajoute : « il faisait nuit ». Heure de ténèbres, en effet : Jésus vient d'être trahi par l'un de ses plus proches. Ce n'est d'ailleurs pas la responsabilité de Judas lui-même qui est le plus soulignée : « Satan entra en lui ». La responsabilité première incombe donc à ce mystérieux prince des ténèbres, qui certes s'est servi de Judas, mais qui est le véritable adversaire de Jésus. L'heure est nocturne entre toutes, parce que ce n'est pas seulement un homme qui a trahi Jésus, mais que cet homme a été lui-même l'instrument de Satan.

               Et comme si cette trahison ne suffisait pas, le dialogue final entre Jésus et Pierre annonce un autre drame : Pierre lui-même reniera son maître. Certes, Pierre n'est pas Judas : il veut suivre Jésus, il assure qu'il donnera sa vie pour lui… Mais Jésus lui annonce qu'il n'y parviendra pas : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m'aies renié trois fois. »

               Ce repas est tragique entre tous. Et pourtant, de manière inattendue, la lumière perce à travers les ténèbres. D'abord parce que Jésus voit d'avance ce qui va se passer ; il n'est pas simplement le jouet des événements, c'est lui qui a l'initiative de les annoncer, et il dit même à Judas : « ce que tu fais, fais-le vite » – comme si Judas devait accomplir le plus rapidement possible un dessein qui lui échappe.

Il y a aussi une autre source de lumière : le « disciple que Jésus aimait », et qui se penche sur la poitrine de Jésus pour lui demander qui est le traître ; c'est à cette heure si sombre qu'apparaît pour la première fois, dans l'évangile de Jean, cette belle figure d'un disciple qui est en relation intime avec Jésus – figure qui contraste précisément avec celle de Judas et qui est pour nous comme une figure idéale du vrai disciple.

Il y a encore – bien plus discrètement, il est vrai – un autre trait de lumière. Le geste de Jésus donnant la bouchée à Judas peut faire penser à ce passage du livre de Ruth dans l'Ancien Testament : « au moment du repas, Booz dit à Ruth : “Approche-toi, mange de ce pain et trempe ton morceau dans le vinaigre” » (Rt 2, 14)[1] ; puisqu'il s'agissait ici d'un geste d'alliance, ne pourrait-on lire dans le geste de Jésus donnant la bouchée à Judas l'expression d'un lien qui demeure mystérieusement ? Tout se passe au moins comme si Jésus, au moment même où Judas va le trahir, voulait encore lui donner à manger…

               Mais surtout, la lumière jaillit des paroles de Jésus juste après le départ de Judas : « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire ; et il la lui donnera bientôt. » Nous raisonnons souvent comme si Jésus n'avait été glorifié qu'avec sa résurrection. Mais l'évangile de Jean est formel : dès le moment où Judas vient le trahir, « le Fils de l'homme est glorifié ». Ce n'est évidemment pas la trahison qui glorifie Jésus ! Mais c'est le fait que Jésus, en acceptant cette trahison au nom même de l'amour qui le porte à donner sa vie, a déjà manifesté la victoire absolue de l'amour sur la haine.

               Comme le disciple bien-aimé, penchons-nous sur la poitrine de Jésus en ces jours de la Passion. L'heure est sombre, certes, et il fait nuit. Mais cette nuit est déjà traversée de la lumière qui bientôt resplendira.

   Père Michel Fédou sj

[1] Le rapprochement est fait par Y. Simoens dans Évangile selon Jean, Éditions Facultés jésuites de Paris, 2016, p. 292.

   

Points pour la prière


Pour nous disposer la prière, nous pouvons imaginer la pièce où Jésus prend le repas avec ses disciples.

Je regarde Jésus, et les douze disciples autour de la table ; juste à côté de Jésus se tient « le disciple que Jésus aimait » ; ailleurs se trouve Pierre ; et plus loin, Judas…

J'adresse une prière au Seigneur. Je demande la grâce de prendre conscience de mes infidélités par rapport à Jésus, et de pouvoir être davantage comme le disciple que Jésus aimait, le plus possible uni à lui.

Je prie ensuite point par point, en m'arrêtant sur tel mot ou tel verset qui me parle davantage.


1) L'annonce de la trahison

Je regarde Jésus « bouleversé », et j'entends sa parole aux disciples : « l'un de vous me livrera ». J'imagine la réaction des disciples, notamment celle du disciple bien-aimé qui se penche sur la poitrine de Jésus.

Après avoir pris le temps de regarder cela, je peux me demander : comment l'humanité est-elle complice de la trahison de Judas ? comment en suis-je moi-même complice ?


2) Trahison et glorification

Je regarde Jésus qui donne la bouchée à Judas, et Judas qui sort, se retranchant ainsi du groupe.

J'écoute la parole de Jésus : « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié… » ; Jésus est glorifié parce qu'il a aimé les siens jusqu'au bout.

Comment Jésus, malgré la trahison de Judas, a-t-il aimé jusqu'au bout ses disciples ? Comment m'aime-t-il jusqu'au bout, malgré mes propres trahisons ?


3) L'annonce du reniement

J'entends Pierre dire à Jésus : « Je donnerai ma vie pour toi » ; j'entends la réaction de Jésus : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m'aies renié trois fois. »


Qu'en est-il de mon désir de suivre Jésus ? Comment m'est-il arrivé de le renier ? Comment ai-je retrouvé l'espérance ?


Je termine en rendant grâces pour la manière dont Jésus a aimé les siens jusqu'au bout ; puisqu'il m'aime moi-même, comment puis-je lui être davantage uni ?



 

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Prière de la communauté

Prends Seigneur et reçois (Saint Ignace de Loyola)

“Prends Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté. Tout ce que j'ai et tout ce que je possède. C'est toi qui m'as tout donné, à toi, Seigneur, je le rends. Tout est à toi, disposes-en selon ton entière volonté. Donne-moi seulement de t'aimer et donne-moi ta grâce, elle seule me suffit.”

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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