Carême jour 21 - Vendredi III (20/03/20) : Aimons-nous !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre du prophète Osée :

Ainsi parle le Seigneur : Reviens, Israël, au Seigneur ton Dieu ; car tu t'es effondré par suite de tes fautes. Revenez au Seigneur en lui présentant ces paroles : « Enlève toutes les fautes, et accepte ce qui est bon. Au lieu de taureaux, nous t'offrons en sacrifice les paroles de nos lèvres. Puisque les Assyriens ne peuvent pas nous sauver, nous ne monterons plus sur des chevaux, et nous ne dirons plus à l'ouvrage de nos mains : “Tu es notre Dieu”, car de toi seul l'orphelin reçoit de la tendresse. » Voici la réponse du Seigneur : Je les guérirai de leur infidélité, je les aimerai d'un amour gratuit, car ma colère s'est détournée d'Israël. 

De l'Évangile de Jésus Christ selon saint Marc : 

En ce temps-là, un scribe s'avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l'Unique et il n'y en a pas d'autre que lui. L'aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d'holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu'il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n'es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n'osait plus l'interroger. (Mc 12, 28b-34)

Tu commences, Seigneur, lorsque tu réponds au scribe, par réciter le « Shema Israël », que répètent nos amis juifs. Tu reprends ainsi ce que la première alliance a scellé : le lien inaliénable et éternel entre Dieu, l'unique, et son peuple. Tu peux aussi facilement le dire puisque tu es toi-même Dieu, unique engendré, rempli de toute la Sagesse universelle. Il n'y a pas d'autres dieux que toi. Ce commandement, en lui-même, résume tout ce que nous avons à savoir, puisqu'en t'aimant en vérité, nous sommes inondés par ta miséricorde, d'un amour gratuit, comme nous le révèle le prophète Osée.

Mais, Seigneur, si le Verbe que tu es s'est fait chair, si justement tu n'es pas seulement une parole mais un verbe, c'est-à-dire une Parole en mouvement, qui se conjugue à tous les temps et toutes les personnes, c'est justement parce qu'à ce commandement, tu vas non pas ajouter, mais préciser une chose, le rendre plus accessible, plus expressif, plus actuel et plus universel. Tu rajoutes, d'ailleurs, qu'il n'y a pas plus grand que ce dernier : tu es l'alpha et l'oméga, tu es donc à la fois le début, le principe, et la fin, et de ta bouche sort l'accomplissement ultime. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Ainsi donc, tu mets un point final aux sacrifices, aux holocaustes, aux pratiques archaïques et souvent symboliques qui n'ont plus lieu : tu viens nous apporter une parole qui trouvera ce que l'on peut appeler une actualité perpétuelle.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Il n'est plus question de peuples, d'origines, mais d'un acte, qui s'ouvre à l'ensemble de l'humanité et qui est possible et bon pour tout l'univers. C'est acte, c'est l'amour. Cet amour, il procède de Dieu. Ce don, il est placé en nous dès notre conception, et jusqu'à notre mort. Aussi, pourrait-on se réjouir et lever les mains en disant : « qu'il est aisé de suivre Jésus, il suffit d'aimer, c'est-à-dire de pratiquer ce pour quoi nous sommes conçus ! »

Oui mais voilà, en réalité, cela n'est pas si simple.

Oh certains diront : il est facile de s'aimer soi-même, d'aimer son mari, son épouse, son enfant… et c'est déjà pas mal pour une vie.

Est-il si simple de s'aimer soi-même ? Seigneur, s'aimer soi-même, c'est voir ce qu'il y a de beau en nous, mais c'est aussi mettre à nue nos obscurités, ce qui nous empêche d'avancer, nos perversions, nos péchés. Combien sommes-nous à en éprouver du dégout ? Cela, est-il facile de l'aimer, cette part d'ombre, pour la transcender, comme toi tu la pardonnes ?

Est-il si simple d'aimer son conjoint ? C'est vrai qu'en tombant amoureux, tant de choses deviennent simples, belles, agréables à vivre. La grâce du mariage et de l'amour charnel offre à l'humanité un trésor inouï. Mais lorsque apparaissent les dissensions, les difficultés, la maladie, les imperfections, la routine parfois la lassitude, est-ce toujours aussi facile d'aimer son conjoint ? Et pourtant, par toi, il est possible de transcender ces difficultés qui poussent certains au divorce pour fonder une union solide et belle.

Est-il simple d'aimer son enfant ? Il y a là comme une vérité immuable : l'amour paternel et maternel arrive naturellement, dès la naissance du nourrisson, comme le plus précieux des cadeaux, tout mignon et bébé qu'il est. Mais un enfant grandit, et souvent des parents deviennent démissionnaires, si ils n'abandonnent pas leurs obligations. L'amour et l'éducation d'un enfant est exigeant. Est-il facile d'aimer son enfant lorsque ce dernier, par ses actes, nous déçoit, ou ne correspond pas à notre idéal ? Les parents qui, ayant un enfant homosexuel, le répudie, prétextant des principes chrétiens, sont-ils vraiment dans ton amour, Seigneur ? Assurément, non ! Par l'exemple de ton Père, toi notre Dieu, qui pardonne tout, qui accepte tout, à chacun de ses enfants, nous devons, à notre tour, aimer nos enfants quoi qu'il arrive, quels qu'ils soient !

Est-il simple d'aimer notre prochain ? On pourrait penser qu'avec la floraison vertueuse des associations caritatives nous accédions à une meilleure fraternité. Mais donner à manger, à boire, un toit, est-ce suffisant ? C'est déjà bien, mais comment expliquer que bon nombre de sans-abris retournent à la rue ? Fait-on de bonnes œuvres par amour ou pour nous donner bonne conscience, en se disant : « j'ai fait ma part ! » ? La rue ne ment pas, ne triche pas. Si les nécessiteux ont besoin de nourriture, d'eau, d'un toit, si les malades ont besoin d'être soignés, ils ont autant, et peut-être plus, besoin d'être aimé de nous, d'être reconnus comme des humains, à part entière, dignes de notre amour et de ton amour. Toi, tu n'as fait aucune distinction, Seigneur, tu es venu pour les pauvres et les pécheurs, pour les brebis égarées.

Non, cela n'est pas facile pour un humain d'aimer, car l'amour vient de toi, ne vient que de toi. Dans tout acte d'amour, nous devons avoir l'humilité de dire : « c'est difficile, Seigneur, je ne suis qu'un homme : aide-moi à aimer ! »

Puisque le scribe a compris ce message, devant sans doute faire le deuil d'un bon nombre de ces pratiques, Seigneur, tu le proclames non loin du Royaume des cieux.

Parce que tu es miséricordieux en toutes choses, Dieu notre Père, aide-nous à aimer les nôtres, et les autres, tes enfants, nos frères, car c'est sur ce pacte que ton Royaume peut advenir ;

O Christ, toi qui a aimé jusqu'au bout, jusqu'à demander, cloué sur la croix, que le pardon soit accordé à tes bourreaux, sois avec nous, guide-nous, aide-nous, et que sans cesse nous voyons dans nos semblables ton visage, ton saint visage, digne du plus grand amour ;

Seigneur, que ton Esprit souffle et inonde nos cœurs si pauvres, qu'il y fasse le vide pour l'y remplir de l'amour infini que nous apporte l'acte d'aimer l'autre.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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