Carême dimanche III (15/03/2020) : la soif et l'eau vive !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre de l'Exode : 

En ces jours-là, dans le désert, le peuple, manquant d'eau, souffrit de la soif. Il récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d'Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d'Israël, prend en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau, et le peuple boira ! » Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d'Israël. Il donna à ce lieu le nom de Massa (c'est-à-dire : Épreuve) et Mériba (c'est-à-dire : Querelle), parce que les fils d'Israël avaient cherché querelle au Seigneur, et parce qu'ils l'avaient mis à l'épreuve, en disant : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »

De l'Évangile du jour : 

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était donc assis près de la source. C'était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit :
« Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond. D'où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari : des maris, tu en a eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !... Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient – et c'est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :« Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » (Jn 4, 5-29)

En ton temps d'incarnation, Seigneur, les samaritains n'étaient pas très appréciés des juifs. Considérés comme hérétiques et schismatiques, le seul nom de samaritain devenait une véritable insulte. Près de 900 ans avant ta naissance, le peuple hébreux se scinde en deux royaumes, celui du nord, la Samarie ou Israël, et celui du sud, la Judée (d'où vient le terme de judaïsme et de juif) autour de Jérusalem.

Lorsque la Samarie sera envahie par les Assyriens, une dilution des croyances va avoir lieu. Par ailleurs, tandis que les juifs considèrent Jérusalem et son temple comme seul lieu saint, les samaritains construisent quant à eux un temple sur le mont Garizim.

Te voilà, Jésus, au puits de Jacob, là où ce dernier rencontra son épouse, en pleine heure de chaleur, seul, dans la région de Samarie, assoiffé, sans cruche pour prendre de l'eau. Une femme arrive, elle aussi seule. Faisant écho à l'histoire d'amour entre Jacob et Rachel, nous allons assister à une rencontre, sauf qu'elle ne sera pas charnelle mais mystique, poussant la samaritaine à la conversion.

La samaritaine se sait non aimé des juifs. La voilà te trouvant, te sachant Juif, et t'entendant lui demander à boire. Deux évènements anormaux pour l'époque : un juif ne s'adresse pas à un samaritain, et encore moins à une femme non accompagnée d'un homme.

Évidemment, Christ, ces conventions ne te concernent pas, et lorsque la femme, dont nous ne connaissons pas le nom, te rappelle ce qui éloigne les juifs des samaritains, ton discours mystique, toi le Verbe de Dieu, commence. Si tu savais le don de Dieu : évidemment, tu es ce don, Dieu incarné, unique engendré qui sera donné pour la rédemption de tous les hommes, et ce que tu donnes, ce n'est pas cette eau physique, biologique, certes utile, mais l'eau vive, c'est-à-dire l'eau vivante, celle qui vient baptiser de l'Esprit-Saint, celle qui vient laver les péchés, celle qui vient convertir les cœurs. Evidemment, la Samaritaine ne comprend pas bien. Sans l'accabler cependant, tu te montres pédagogue, lui expliquant que cette eau vive, qui elle arrête la soif, donne la vie éternelle. La femme aurait pu te moquer, mais d'un coup, comprenant que tu es bien au-dessus de Jacob, elle te demande cette eau, mais ne comprend pas bien ton discours, restant sur la joie de ne plus avoir soif en ce pays de sécheresse.

C'est alors que tu montres ton ministère de prophète : appelant son mari, tu sais par avance que cette femme, pécheresse, a eu une existence désordonnée, vivant une union illégitime. Elle le confesse à demi-mot, mais toi, tu lui montres que tu sais ce qu'il y a au plus profond de son cœur, que tu connais son âme. Ne revenant pas sur son cas personnel, elle t'expose ce qui éloigne les juifs des samaritains : Jérusalem et le mont Garizim.

Tu n'y accordes pas beaucoup d'importance, car avec ta présence, qu'importe le lieu, qu'importe le moment, tu es le temple, et tu nous fais adorer le Père en esprit et en vérité. Tu vas faire de nous des temples, par ton eucharistie, qui nous permet d'accueillir toute la divinité par le mystère de la transsubstantiation.

Que la bonne foi de cette femme est grande, lorsqu'elle dit attendre le Messie et le Christ qui viendra enseigner. Et tu t'affirmes : « je le suis » ! Cette phrase si forte qu'on a entendu au buisson ardent, lorsque tu donnes à Moïse, pour la première fois, ton Nom.

L'échange est interrompu par l'arrivée de tes disciples, qui t'emmènent à manger (et dont tu ne prendras rien par ailleurs). Ils ne comprennent pas pourquoi tu discutes avec cette samaritaine, car qui aurait pu le comprendre, en ce temps ? Mais personne ne dit rien, parce que tu es Dieu, et de toi émane une grande autorité. La samaritaine, quant à elle, part, laissant là sa cruche et ce pour quoi elle était venue, et va témoigner à la ville.

Nous sommes, à bien des moments, la samaritaine. Nous cherchons des temples, sur de hautes montagnes, dans de magnifiques cathédrales. Nous ne sommes pas toujours bien accueillis par les autres, ou considérés comme pestiférés. Nous sommes pécheurs, nos vies ne sont pas parfaites, nous faisons comme on le peut. Nous te rencontrons, et loin d'entendre ton message mystique d'espérance et de conversion des cœurs, nous t'apportons nos problèmes matériels. Non que ces derniers ne soient pas importants, non que les églises ne soient pas importantes, mais dès lors qu'on comprend qu'en participant à cet acte supra-naturel et transcendant qu'est la communion à ton corps, à ton sang, la communion spirituelle et mystique dans l'oraison, la communion dans le sacrement de réconciliation, la communion à travers la lecture de ta Parole, nous devenons à notre tour temple de Dieu, réceptacle de l'Esprit-Saint, prêtres, prophètes et rois, disciples à ta suite, et les questions matérielles, les questions physiques, biologiques ne deviennent plus des angoisses, mais de simples réalités que nous remettons dans ta divine providence en abandon total à ta Gloire. La vénérable et mystique Marthe Robin nous a montré, par son jeûne prolongé, que ton eau vive, ton eucharistie, a suffi à sa survivance.

Oui, tu es le Christ, tu es Dieu, tu es mort et ressuscité, ton règne n'a pas de fin. Tu dépasses Moïse et tous les prophètes. Oui, dans le désert, tu viens avec nous, et avec ton bâton tu frappes le rocher pour qu'en jaillisse cette eau vive. Lorsque, à ta mort, le soldat viendra percer ton flanc, cette eau sortira à côté de ton sang.

Seigneur, Dieu notre Père, dans ton alliance ancienne, nouvelle et continuelle avec nous, donne-nous d'être le temple qui t'accueille, qui t'aime, et qui te proclame ;

O Christ, rencontre-nous, sur nos chemins d'errance, comme la samaritaine au puits de Jacob, et pardonne-nous les péchés qui nous éloignent de toi ;

C'est dans ton Esprit que tu es venu baptiser. Par les promesses de notre baptême, rend-nous digne, Esprit-Saint, de nos missions de prêtre, prophète et roi.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)

Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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