Carême dimanche I : (1/03/20) Dans le désert

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la paque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Lecture du livre de la Genèse :

Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : ‘Vous ne mangerez d'aucun arbre du jardin' ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sinon vous mourrez.' » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » La femme s'aperçut que le fruit de l'arbre devait être savoureux, qu'il était agréable à regarder et qu'il était désirable, cet arbre, puisqu'il donnait l'intelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea. Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils se rendirent compte qu'ils étaient nus.

De l'Évangile du jour :

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Alors le diable l'emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et :  Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. Le diable l'emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan !car il est écrit : C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras,  à lui seul tu rendras un culte. » Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s'approchèrent, et ils le servaient. (Mt 4, 1-11)


Seigneur, comme Saint Paul, il nous faut mettre en miroir la tentation et la chute d'Adam et Eve et ta propre tentation dans le désert, à laquelle tu consens, guidé par l'Esprit, et dont tu sors victorieux. Tu n'as pas eu de mal à terrasser le grand contradicteur, si bien que l'on peut se demander pourquoi tu as accepté ce moment. Quarante jours dans le désert de jeûne. Ce nombre, quarante, fait écho aux quarante années passées par les Hébreux dans le désert, guidés par Moïse, après leur sortie d'Egypte, et avant d'atteindre la terre promise. Tu es, au même titre qu'Adam, vrai homme. Mais tu es aussi vrai Dieu, Verbe incarné, venu accomplir les écritures et nous libérer.

Le cas d'Adam et Eve est particulier, car il s'agit de la première humanité, alors vierge de tout jugement, de tout conditionnement moral, n'ayant pas goûté à la connaissance du bien et du mal, ne pouvant donc pas faire le mal, car tu as créé l'homme bon, pour une vie de bonheur dans une création parfaite.

Ici, le serpent, le dragon, c'est le diable, évidemment. Il a été créé par toi, Lucifer, l'ange de lumière, au même titre que tous les anges. Parce qu'il a voulu être à ton égal, il s'est précipité lui-même dans les abimes, avec ceux qui le suivaient, les anges qui deviendront des démons. C'est exactement ce qu'il vient proposer à Eve. Le diable, celui qui divise, Satan, celui qui dit non, remet en cause ta Parole, t'accusant de manipuler ses créatures, car voulant garder pour toi le pouvoir de la connaissance, de la conscience. Lorsque tu interdis de toucher au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu dis aux hommes que cela les précipiterait dans la mort. Le diable s'y oppose.

Revenons sur le cas d'Eve. Pendant longtemps Seigneur, une mauvaise interprétation de ta Parole a placé Eve, et plus largement les femmes, comme tentatrice, au même titre que le diable. C'est évidemment, Seigneur, un non-sens. Eve a été créée en toute beauté, car nécessaire non seulement à Adam, mais surtout à l'humanité, comme seule porteuse de la vie. C'est, en ce sens, comme le dit le Midrash juif, une des créatures les plus belles et les plus aimées de toi, et d'Adam. C'est pour cela que le démon s'attaque à elle, parce qu'elle est tout près de toi, et que c'est cela qui l'intéresse. Elle se laisse tenter, et Adam, qui si il avait été plus sage et plus vertueux aurait du la raisonner, la suit, car aussi faible qu'elle. Le vrai coupable, c'est Satan, qui s'est infiltré dans les méandres et les fissures imparfaites de la créature humaine.

Dès lors que le fruit est consommé, voici que les yeux s'ouvrent. La conscience apparaît. C'est un acte fondateur de notre humanité : la désobéissance à Dieu, le choix de la liberté, et donc du bien et du mal. Le premier constat est qu'ils sont nus. La duplicité du langage et de la sexualité apparaît. Il faut se couvrir. L'humanité vient de connaître une mort, celle que Dieu prédisait, celle de la perte de l'innocence, de la perfection, de ta présence, de l'Eden, celle de la prise de conscience de notre condition mortelle. Adam et Eve étaient dans le jardin parfait, et se retrouve, par leur acte, dans le désert. C'est ce que nous vivons chaque fois que nous péchons : cela n'est pas toi qui nous rejettes, mais nous qui nous détournons.

Toi, Seigneur, tu te rends de ton plein grès dans le désert, pour y être tenté. Au bout de quarante jours et quarante nuits à jeûner, tu as faim. Un besoin apparaît. Le démon s'infiltre bien souvent dans nos besoins, dans nos manques. Alors, il va te soumettre trois épreuves, en espérant t'y voir sombrer, comme le premier homme Adam, car il reconnaît en toi le nouvelle Adam. A ces trois épreuves, tu répondras par ta Parole.

Je connais bien les besoins fondamentaux de l'humain, en tant que soignant : manger, boire, respirer, communiquer, aimer et être aimé. Si certains de ces besoins ne sont pas assouvis, Seigneur, nous pouvons mourir. Là, tu as faim, et le malin, qui sait que pour toi rien n'est impossible, t'invite à changer les pierres en pain. C'est un écueil qui reviendrait à résumer l'homme à ses propres besoins fondamentaux, en oubliant la dimension spirituelle de son âme. C'est aussi le péché d'avidité, celui de vouloir assouvir à tout prix une pulsion ou une compulsion. Tu ne succombes pas, et tu rappelles que le pain, même si il est important, est insuffisant, et que nous devons aussi nous nourrir de ton pain de vie, de ta présence réelle dans l'eucharistie, et de ce que tu nous enseignes par ta Parole, qui est une vraie nourriture physique et divine.

A côtés des besoins fondamentaux apparaissent des besoins superflus : la possession, le pouvoir, le besoin de reconnaissance. En lien avec l'orgueil, ils nous poussent à la convoitise.

Le diable, du sommet du temple, te propose de prouver qui tu es par la reconnaissance visible des anges te rattrapant et te sauvant. Cette reconnaissance dont nous nous en faisons un besoin, et qui nous emmène la plupart du temps à l'aigreur et à la déception, comment peut-on la combattre, Seigneur, nous qui sommes si petits ? Ta réponse au malin est une indication forte : tu ne mettras pas à l'épreuve ton Dieu, et ainsi, c'est une façon de se décentrer de soi, de notre moi, pour revenir aux fondements de notre existence : toi, le Verbe de Vie, qui nous aimes sans aucune concession, et qui nous donne chaque jour la reconnaissance de notre condition d'âme aimée, de créature à l'image de Dieu, vouée à la vie éternelle.

Le goût de la possession, qui peut devenir une obsession virale qui ne connait aucune limite, gangrène notre société. Même si la propriété privée est fondatrice d'une société libre, nous ne devons oublier ses dérives et ses limites, et que la terre mère et la création n'appartiennent qu'à toi seul, confiée à nous non pour en jouir à notre guide, mais en responsabilité de surveillance et de sauvegarde. Cette dernière tentation, de la possession du monde, c'est au prix du culte au malin. Mais il n'y a d'adoration que pour toi, Dieu créateur, Verbe incarné, Esprit de Vérité. Et c'est ainsi que tu repousses Satan, qui se retire, car tu es victorieux de ces trois tentations : l'avidité, l'orgueil, la possession. Alors, tes anges approchent et te servent ; tu nous donnes la grâce, à nous aussi, de vivre sous la bonne garde de nos anges gardiens.

Seigneur, Dieu tout-puissant, éloigne de nous les fléaux de notre société que sont l'avidité, l'orgueil et la possession. En nous abandonnant à toi, nous n'empruntons pas un chemin mortifère, mais au contraire un retour à la vraie vie, sous ton réconfort ;

O Christ, sois présent chaque jour auprès de nous pour lutter contre tout ce qui mène au pécher, en nous aidant à t'imiter, et en appliquant ton commandement suprême : Il n'est pas de plus grand amour, que de donner sa vie pour ses amis. Tu as donné ta vie pour nous, non pour mourir, mais pour racheter le monde par ta résurrection. Fais nous vaincre nos tombeaux intérieurs et extérieurs, et qu'en ce temps de carême nos privations ne soient pas des sacrifices stériles, mais des dons et des allègements pour vivre plus heureux ;

Seigneur, source d'eau vive, infinie bonté, divine volonté, Esprit de Vérité et de Justice, de Courage et de réconfort, aide-nous, durant ce temps de préparation à l'accueil de la résurrection, à vivre des dons offerts lors de notre baptême. Donne-nous, dans l'humilité, de nous rapprocher de nos frères protestants et orthodoxes, notamment grâce à ce sacrement du baptême que nous partageons.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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