Un esprit impur
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l'interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L'esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu'est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée. (Mc 1, 21-28)
Prier
Quand nous prions pour nous-mêmes, c'est tout le particulier de notre nature et de notre vie qui jaillit vers Dieu et se formule en chaude requête sur nos lèvres. Nous avons le droit absolu de prier de la sorte et ce droit, jamais l'Église ne songera à nous le contester ni à le limiter. Dans cette prière-là, c'est notre vie propre que nous vivons, nous sommes pour ainsi dire en tête-à-tête avec Dieu. Il est ici tourné vers chacun d'entre nous en particulier ; chacun d'entre nous peut ici l'appeler « son Dieu ». Car c'est en cela précisément que réside l'infini de la richesse de Dieu ; qu'il puisse être le Dieu de chacun, neuf pour chacun, adapté et appartenant à chacun d'une autre manière qu'au voisin.
Mais nous ne sommes pas seulement des individus, nous appartenons à une communauté ; notre vie ne doit pas seulement être considérée dans le déroulement du temps comme un fragment d'histoire, quelque chose d'elle appartient à l'ordre éternel. Et c'est ce quelque chose que satisfait la liturgie. En elle, nous prions en tant que membres de l'Église : elle nous permet d'atteindre le Royaume qui est situé au-dessus de l'individu et, parce qu'il est au-dessus de chacun, est accessible à tous, à tous les tempéraments, à toutes les époques, à tous les lieux. À cet ordre de chose correspond seul le style liturgique avec son universalité, son objectivité, sa limpidité.
Ces deux prières doivent coopérer. Il y a entre elles un vivant rapport d'échange. Elles se prêtent mutuellement fécondité et lumière.
Romano Guardini
Romano Guardini († 1968), prêtre allemand, théologien et philosophe des religions, a été un des grands animateurs du mouvement liturgique. Sa pensée a fortement influencé le futur Benoît XVI dont il fut le professeur.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6