Miracles
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas converties : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, ces villes, autrefois, se seraient converties, sous le sac et la cendre. Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous. Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville serait encore là aujourd’hui. Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, le pays de Sodome sera traité moins sévèrement que toi. » (Mt 11, 20-24)
Dieu, réponds-moi
Nous sommes la part la plus sauvage et la plus vacillante de la création, car nous sommes la matière redoublée de la vie redoublée de l’esprit, création au cube qui branle de façon pérenne comme un empilement de meubles sur lesquels on monte pour atteindre au plafond l’ampoule qu’il faut changer. C’est toujours près de tomber, ça nécessite une présence d’esprit constante, une attention permanente, une quête inquiète de l’équilibre toujours à rétablir, jamais sûr.
Dans cet échafaudage branlant que nous sommes, dont l’équilibre est par principe impossible, toujours rattrapé in extremis en battant des bras, le mal est le principe de gravitation laissé à lui-même, les forces contradictoires toujours en action qui poussent à la chute ; en ce monde de l’esprit qui est notre monde, rien ne peut être stable, et les grincements permanents de l’ensemble sont les souffrances que l’on n’évitera pas. Tout s’effondre en permanence et il est une parole qui le redresse. Il parle, il me parle, il parle à tous ; il parle là où il veut. Et ce « il » que j’emploie est bien étroit pour le contenir, mais c’est un « il » grammatical qui permet d’accorder les verbes.
Dieu, c’est l’être de la parole, qui s’adresse, qui donne vie, et donne sens ; à moi personnellement, et à tous ceux qui l’entendent, ce qui fait de nous tous des frères potentiels, par l’être de la parole, et en lui.
Alexis Jenni
Alexis Jenni est écrivain ; il fut lauréat du prix Goncourt 2011.
La prière du soir (1857), Pierre-Édouard Frère (1819-1886), Amsterdam (Pays-Bas), Rijksmuseum. Photo : Domaine public
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7 commentaires
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6