Bienheureuse Rosalie Rendu - Chapitre 3

Au service des plus pauvres

 Au service des plus pauvres, Sœur Rosalie éprouve les limites de son action. Pour l’étendre, il lui faut intéresser à son œuvre des personnes influentes, en quelque sorte se constituer un réseau. Elle travaille donc en bonne intelligence avec les administrateurs civils des bureaux de bienfaisance et les maires successifs de l’arrondissement, quelle que soit leur tendance politique. Ces derniers lui montrent d’autant plus de bienveillance qu’ils sont en admiration devant sa générosité et parfois même son héroïsme. En effet, les épidémies qui secouent la capitale atteignent le quartier Mouffetard avec encore plus de virulence tant elles sont favorisées par la misère et le manque d’hygiène. Ainsi du choléra qui frappe durement une première fois en 1832 puis encore en 1849. Les risques que prennent Sœur Rosalie et ses filles frappent les imaginations. Rien ne leur fait peur. Elles visitent, soignent sans se lasser. Sœur Rosalie va jusqu’à ramasser elle-même les corps abandonnés dans les rues.

Se sachant désormais soutenue lorsqu’elle prend des initiatives au plan social, elle fait montre d’une extraordinaire créativité. Les visites qu’elle continue de faire à domicile lui permettent de recenser tous les besoins de la population en détresse. « Du berceau au tombeau », elle va développer des structures d’accueil : elle crée ainsi une crèche pour permettre aux mères d’aller travailler, un asile de jour pour les enfants, un « ouvroir » qui dispense aux adolescentes un enseignement pratique, un asile pour les vieillards les plus vulnérables. Pour venir en aide à tous ceux qui souffrent, Sœur Rosalie ouvre successivement un dispensaire, une pharmacie, une école, un orphelinat, une crèche, un patronage pour les jeunes ouvrières, une maison pour les vieillards sans ressources... Où trouve-t-elle l’agent nécessaire à toutes ces fondations ? Chez tous ceux qui s’intéressent à son œuvre et qui ont des moyens. Car son nom circule désormais dans tous les quartiers de la capitale, voire en province. Les particuliers, les associations, les ordres religieux, l’Église, l’État : tous s’adressent à elle ! Elle affiche une  telle volonté d’en finir avec la misère que personne ne lui résiste. Les dons affluent. Tous se bousculent dans son parloir, riches, pauvres, demandant soutien ou conseils souvent à la recherche d’une « bonne œuvre » à laquelle se consacrer.

Dans les années 1830, elle fait la connaissance d’un catholique fervent, d’une remarquable érudition, Frédéric Ozanam. D’origine lyonnaise, très marqué par la révolte des canuts de cette ville, cet homme décide d’orienter sa vie vers les plus démunis. Lui aussi fréquente le parloir de Sœur Rosalie. Celle-ci devient l’étincelle qui va le lancer, lui et ses compagnons dans la création d’une petite société vouée au secours des pauvres. C’est, en 1833, la Conférence de la Charité à laquelle il se consacre avec quelques amis de la Sorbonne. Sœur Rosalie va l’aider dans le développement de son œuvre qui va se placer tout naturellement sous le patronage de Saint Vincent de Paul. La nouvelle Conférence de Saint Vincent de Paul prend son essor avec le même esprit que celui qui anime les Sœurs : contemplation, action, organisation. L’expérience de Sœur Rosalie est inestimable pour ces jeunes gens. Elle oriente leur apostolat et leur indique les familles à visiter qu’elle a choisies avec soin.

Frédéric Ozanam

Un autre chrétien, ami de Frédéric Ozanam, connaît bien, lui aussi, le chemin qui conduit au bureau de la Sœur Rosalie. Il s’appelle Jean-Léon Le Prévost et il se présente à elle avec des amis qu’anime un projet : celui de fonder une congrégation autour de patronages où seront formés des apprentis. La Sœur les conseille si bien que les futurs Religieux de Saint-Vincent de Paul créent une Œuvre importante. Leur congrégation, fondée sur le modèle de celle des Filles de la Charité, va vite développer un orphelinat, une structure d’accueil pour les vieillards. Quant aux « patronages », clés de voûte de l’œuvre, ils formeront quelque deux cents apprentis vingt ans plus tard.

Dans cette grande famille de Saint Vincent de Paul, n’oublions pas les Dames de la Charité, mouvement fondé par Saint Vincent de Paul lui-même. Elles aussi sont emportées dans cet immense élan de charité suscité par Sœur Rosalie. Elles multiplient donc les visites des pauvres à domicile.

A dix-huit ans d’intervalle, deux Révolutions vont ensanglanter la capitale, en 1830 et en 1848. Intrépide, Sœur Rosalie se mêle aux affrontements et l’on voit sa cornette s’agiter sur les barricades. Elle ne prend pas parti. Elle est là pour secourir les blessés de quelque camp qu’ils soient. Son courage et son esprit de liberté forcent l'admiration. « Ici on ne tue pas. » dit-elle, c’est sa devise. Comme ses parents, elle n’hésite pas à donner asile à l’archevêque. Par deux fois, elle risque sa vie, tout comme Monseigneur Affre, l’Archevêque de Paris, venu lui aussi, au milieu des belligérants, en février 1848. Sa présence, a-t-il pensé, pouvait apaiser les combattants des deux camps. Hélas, il n’en est rien. Atteint par une balle perdue, il est grièvement blessé et meurt quelques jours plus tard. Pour sa part, Sœur Rosalie ne peut se désintéresser du sort des blessés – des émeutiers et des soldats. Ceux qui étaient en danger ont trouvé refuge dans la maison des Sœurs de la rue de l’Epée-de-Bois, convertie en abri et hôpital de campagne.

Lorsque l’ordre est rétabli, les émeutes de juin 1848 sont suivies d’une répression féroce. Sœur Rosalie s’en émeut et essaye de sauver nombre de ces insurgés qu’elle connaît pour les avoir côtoyés chaque jour dans le quartier Mouffetard. Elle demande la libération de ces prisonniers. Cette démarche est appuyée par le maire de l'arrondissement, le docteur Ulysse Trélat, pur républicain, lui aussi très populaire. 

Mais ils n’auront pas gain de cause. En effet, non seulement les autorités civiles refusent d’accéder à leur demande mais elles s’adressent bientôt aux Supérieures de l’Ordre : celles-ci doivent agir à l’encontre de Sœur Rosalie, compte tenu de l’aide qu’elle a apportée à des opposants au régime de Louis-Philippe. De fait, elle reçoit un blâme. Nombreuses sont les Sœurs qui la critiquent, la jugent désobéissante et imprudente.

Elle prie. Son chapelet ne la quitte jamais. Et dans son quartier, tous la vénèrent tant elle incarne à la perfection l’amour du prochain.

« Jamais je ne fais si bien l’oraison que dans la rue » disait Sœur Rosalie. Elle marchait avec son Dieu et lui confiait ses pauvres. A notre tour, nous pouvons pratiquer cette oraison de rue et confier au Seigneur les pauvres qui nous entourent, qu’ils soient nécessiteux, isolés, en manque d’affection, ou encore en manque… de Dieu !

Et que la Vierge Marie nous accompagne dans cette prière en marche.

Je vous salue, Marie…

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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