Le recueillement : Grâce intérieure de conversion
PA 94 : Prédication à des religieux (ses), autographe.
Le recueillement
Recueillement
Par le péché originel, l'homme dégradé, corrompu dans sa nature, a honte d'être avec lui-même. La pensée de Dieu, elle lui est difficile ; il vit avec plaisir avec les folies de son imagination, qui l'amuse et le trompe presque toute sa vie, avec les curiosités et la vanité de son esprit ; son cœur cherche quelque sympathie dans les créatures pour jouir ensemble de la vie. Il finit bientôt par être esclave d'une idée fixe, d'un désir qui l'agite, d'une passion qui le dévore, d'un vice qui le consume. La sensualité est au fond de toutes ses actions. C'est pour jouir ou pour pouvoir jouir plus tard qu'il travaille, qu'il étudie, qu'il se dévoue.
Voilà l'homme terrestre. Il passera une partie de sa vie sans jamais même penser à Dieu son créateur, son Sauveur, son souverain juge. Il y a beaucoup d'hommes qui n'ont jamais eu le temps de penser à Dieu.
S. Pierre-Julien Eymard (PA 94,1)
Grâce intérieure de conversion
Or comment Dieu dans sa miséricorde va-t-il recréer cet homme matériel et vicieux ? En rendant sa vie spirituelle, intérieure, en forçant l'homme à rentrer en lui-même, soit frappé par la maladie qui l'isole, par le malheur qui lui montre la vanité des choses de ce monde, soit par l'infidélité, l'iniquité des hommes qui lui montrent ce qu'ils peuvent pour son bonheur.
Au milieu de ces misères, Dieu appelle l'homme comme autrefois Adam pécheur [cf. Gn 3,9], il l'appelle dans sa conscience, qu'il commence à sentir, dans le sentiment de son malheur, dont il voit la cause ; – la pensée d'un Dieu bon, miséricordieux, qu'il a aimé jeune, qui reçoit avec tant de bonté le pécheur pénitent, cette pensée fait déjà du bien à son âme : son âme s'attendrit, il se surprend à pleurer mais de douces larmes. Son cœur si dur jusqu'à présent, s'amollit ; il lui semble entendre du dedans de lui-même cette douce parole : “Viens à moi, et je te soulagerai, je te pardonnerai, tu retrouveras la paix.”
Heureux le pécheur qui se rend à cette voix intérieure : il a retrouvé son âme et son Dieu. Toute conversion est donc le fruit d'une grâce intérieure, du recueillement de l'homme en sa propre conscience, en la pénitence de son cœur, en la bonté de Dieu.
Ce vague, ce vide, cette tristesse, ce dégoût de l'âme loin de son Dieu est déjà la voix de Dieu qui lui dit comme au peuple d'Israël coupable : “Malheur à l'homme heureux dans le mal, et qui se repose dans le péché, qui trouve son bonheur dans la jouissance de ses passions.” [cf. Is 5,20-23 etc.] Hélas ! il est bien loin de Dieu, encore plus loin de lui-même. Il est dans la fièvre du vice. C'est un fou qui se dit et se croit grand, savant, riche et heureux.
S. Pierre-Julien Eymard (PA 94,2)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6