Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Chapitre 1

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort : 1673 – 1716

Est-il fou ? Certains le pensent. Toujours à pied, chantant sous la pluie, avec pour seuls bagages son bréviaire, son rosaire, sa statuette de la Vierge et sa discipline, il va son chemin, de sa Bretagne natale à Paris, puis entreprend ses errances entre Poitiers, Nantes, la Normandie, la Bretagne. Ses pas l’emmèneront jusqu’à Rome…

Il est laid, un nez trop long, des traits tourmentés mais, dès qu’il parle, on oublie son physique ingrat pour se laisser prendre par cette voix chaude, convaincante, aux accents passionnés.

Il va de succès en déconvenues et fait scandale auprès des milieux cléricaux et bourgeois bien-pensants de son temps. Ce prêtre, au lieu d’accepter la vie confortable qui lui est offerte par son statut au sein du clergé, dans le respect des convenances sociales, va toujours prendre au pied de la lettre l’enseignement de l’Evangile et bousculer l’ordre établi. Il est là, déguenillé, prêchant sur les routes et au croisement des chemins, n’ayant peur de rien, affrontant les ivrognes et les bandits, convaincu de pouvoir les changer, les transformer, les convertir. Son âme irradie toute sa personne et crée parfois un halo, entourant sa tête d’un nimbe lumineux – selon les nombreux témoignages recueillis. Sa sainteté éclate et fait des miracles.

C’est à peine s’il s’aperçoit qu’il porte des vêtements en loques et des souliers percés. Errant, chassé de partout, mendiant sa nourriture, il exhorte à prier ceux qui cheminent avec lui. Comme ce jour où il traverse la Loire et où on l’accable de plaisanteries et d’injures. Il s’obstine et son extraordinaire force de contagion fait merveille. Bientôt sur la barque, tout le monde prie à voix haute. Il en sera de même partout où il passe, débordant de joie, gagnant à la Foi en Jésus-Christ le petit peuple des pauvres et aussi les prostituées, les mendiants équivoques, les débauchés, rebuts d’une société qui les ignore. Oui, il est fou, fou de Dieu, aux pieds de la Vierge Marie.

 

Né le 30 janvier 1673 à Montfort-sur-Meu dans un foyer chrétien, il est l’aîné d’une très nombreuse famille, en tout dix-huit enfants. Sa mère, Jeanne, élève la tribu de son mieux dans des conditions difficiles car les Grignion de Montfort sont pauvres. Le père, Jean-Baptiste, avocat au bailliage de Montfort, ne gagne pas de quoi nourrir sa famille. Aussi s’installe-t-il à la campagne pour que les produits de la terre aident tout le monde à vivre. Quant à Louis-Marie, il est mis en nourrice chez une fermière des environs. Son père commence son instruction. A douze ans, il est envoyé à Rennes faire ses études dans un collège de jésuites. Il loge chez son oncle, curé de la paroisse Saint-Sauveur. Un saint religieux, le père Gilbert, exerce sur cet enfant très pieux une profonde influence, peut-être déterminante dans sa vocation. Dès son plus jeune âge, ce dernier voue une exceptionnelle dévotion à la Sainte Vierge, tendre et intime, au point qu’il rougit quand on évoque devant lui la Sainte Mère de Dieu. Très vite, il se destine à la prêtrise et, en 1693, part à Paris pour entrer au séminaire Saint-Sulpice. A pied naturellement car il se jugera toujours indigne d’un moyen de locomotion plus confortable. A celui qui s’étonne qu’il n’ait point de cheval, Louis-Marie répond : « Ce n’était pas la coutume des apôtres

A Paris, une bonne âme, Madame de Montigny, toute disposée à payer la pension demandée par le séminaire, est stupéfaite lorsque son protégé arrive, pieds nus et en guenilles. Elle juge impossible de le faire entrer dans la maison si ordonnée de Saint-Sulpice. On lui trouve alors un séminaire pour pauvres où il connaît le dénuement le plus total, veillant les morts pour assurer à sa pension de larges aumônes. Mais déjà, on parle de lui comme d’un saint et Saint-Sulpice s’ouvre enfin à lui. Les directeurs essaient bien de couler cet original dans le moule qui lui permettra d’acquérir l’esprit de la communauté. Ils se montrent très durs avec lui mais Louis-Marie regarde comme des grâces les humiliations subies et remercie… Interdit de Sorbonne parce que trop pauvre, il lit les ouvrages dont dispose le séminaire et notamment, Bérulle, Olier et Boudon, archidiacre d’Evreux dont les jansénistes dénonçaient les œuvres. Il fait siennes leurs pensées, leur dévotion au Christ et s’imprègne de leur doctrine de dépouillement.

La maison natale de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

 

Ordonné prêtre en 1700, il rêve d’évangéliser les pauvres, de communiquer au plus grand nombre cet amour infini du Christ et de la Vierge Marie qui le jette sur les routes à la rencontre des plus humbles.

Dès son sacerdoce, il connaît une vie d’errances. Il semble aller d’un point à un autre sans but précis entre Poitiers, Nantes, Paris, Fontevrault. Dès qu’il arrive dans une ville où il est requis pour remplir une mission, il est d’abord bien accueilli malgré son aspect misérable… Mais très vite, il prend des coups, choque par ses bizarreries et, malgré ses efforts, il est bientôt chassé et de nouveau sur les routes. Ces épreuves le conduisent toujours à un dépouillement de plus en plus sévère. Disons que ces coups du sort forment le saint qu’il est en train de devenir. Il sera un signe de contradiction face à une Eglise soucieuse de bienséance, fortement influencée par les théories jansénistes et bien éloignée du Christ pauvre et souffrant qui n’a pas un endroit pour reposer sa tête.

L’histoire de l’Eglise est riche de ces exemples où, face à une dérive du clergé, le Saint-Esprit suscite les plus grands saints. En Espagne par exemple, devant les crimes de l’Inquisition, se sont levés deux grands saints : Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse d’Avila. En cette fin du XVIIe siècle, Louis-Marie Grignion de Montfort paraît choisi par le Seigneur pour s’opposer au jansénisme et à l’étroitesse d’esprit qui a gagné un grand nombre des membres les plus éminents de l’Eglise de France. Pour la plupart, ils étaient de bonne foi. Mais marqués par le Concile de Trente, ils avaient réagi au laisser-aller et au désordre en suscitant chez les prêtres le goût de l’uniformité, du respect des convenances, de la modération selon un archétype où la tenue parfaite, le langage châtié, la gravité dominent au mépris de toute originalité. Les thèses du jansénisme, doctrine fermée, achèvent de dessiner le portrait des abbés de ce temps, bien policés, bien convenables… mais si peu évangéliques ! Les folies de la Croix qui exercent sur Louis-Marie une telle attirance leur sont totalement étrangères. Ce prêtre hors du commun, dont la pauvreté de la mise indispose, va leur sembler éminemment suspect par ses paroles, ses actes, sa foi exubérante qui le jette à genoux à tout moment… Quant à lui, les épreuves que lui font subir ceux-là mêmes qui devraient travailler avec lui pour faire avancer le Royaume de Dieu sont vécues comme des grâces. Seul le petit peuple des faubourgs et des campagnes l’accueille comme un envoyé de Dieu et se convertit. Ainsi donc le Royaume des Cieux n’est pas réservé aux sages et aux savants… Encore faut-il l’annoncer aux plus humbles en demeurant parmi eux. Ce que l’apôtre Louis-Marie Grignion de Montfort réussit à merveille, dans l’amour absolu de son prochain, à l’image de sa dévotion parfaite au Christ et à la Vierge Marie.

 

Pour nombre d’entre nous, la voie n’est pas non plus toute tracée et nous prenons des coups sans parfois comprendre le sens de ce qui nous arrive et vers quel but le Seigneur nous conduit. L’exemple de Saint Louis-Marie devrait nous conforter dans notre foi. L’apôtre errant sur les routes a toujours mis toute sa confiance et sa joie en Marie et dans le Christ Seigneur. Et aucun de ses chemins parcouru n’a été vain. Tout a contribué à forger le saint magnifique qu’il est devenu.

Nous aussi, mettons toute notre confiance en Jésus et en Marie, laissons-nous guider, même et surtout s’il nous semble que nous marchons dans le brouillard. Aucun de nos pas ne sera inutile sous la conduite de la Vierge Marie.

Je vous salue, Marie…


Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 160 personnes ont prié

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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