Adoration

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Chers compagnons de prière,

Pour ce huitième jour de notre neuvaine laissons Saint François nous emmener au large, là où l’horizon devient sans cesse plus vaste. Entendons l’ampleur de ce que François nous dit quand il chante et loue Dieu un et trine, dont l’ “amour est aussi vaste que la terre”.

Rendons grâces avec François :

Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu,

Père saint et juste, Seigneur, roi du ciel et de la terre,

nous te rendons grâces à cause de toi-même,

parce que, par ta sainte volonté,

et par ton Fils unique avec le Saint-Esprit,

tu as créé toutes choses, spirituelles et corporelles ;

tu nous as faits à ton image et ressemblance,

tu nous as placés dans le paradis ;

et nous, par notre faute, nous sommes tombés.

Nous te rendons grâces parce que,

de même que tu nous as créés par ton Fils,

de même, par le saint amour dont tu nous as aimés,

tu as fait naître ton Fils, vrai Dieu et vrai homme,

de la glorieuse Vierge sainte Marie,

et, par sa croix, son sang et sa mort,

tu as voulu nous racheter de notre captivité.

Dans ses louanges François s’adresse à la terre entière qu’il enjoint de louer Dieu, et la contemplation de la nature est pour lui une forme de prière. Dieu est totalité partout présente, dès lors la contemplation de notre soeur la lune ou de nos soeurs les fourmis nous mène à la contemplation et à l’adoration du plan de Dieu. François ressent d’une manière très sensible, et sans cesse réactivée dans la relation à la nature, que Dieu est tout, est cette totalité qui nous englobe, nous dépasse et nous habite à la fois. Dieu est en TOUT, Dieu est PARTOUT présent, y compris dans le mal à l’oeuvre dans le monde.

Dans ses psaumes, prières où il exprime ses souffrances, ses luttes contre les tentations et le désespoir, ses combats contre ses ennemis dont le coeur est habité par le mal, François utilise à plusieurs reprises des expressions insistant sur le fait que Jésus est présent en Dieu dès avant la création des hommes. Par exemple dans le psaume 7 nous lisons à propos de Dieu la belle formule : “Il est notre Père très saint, notre Roi, qui, dès avant la création du monde, envoya son Fils bien-aimé pour faire don du salut à la terre.”

Dieu est Père de toute éternité, et de toute éternité il est Père d’un Fils venu pour racheter la Chute. L’homme est créé comme cette créature vouée à l’exil pour faire retour au Père. Dieu dans sa perfection et sa sagesse a mis la Chute au coeur de la création de l’homme afin de faire de l’homme celui qui revient au Père en toute liberté, par amour et par l’amour donné par Jésus ; Dieu se fait ainsi lui-même de toute éternité Dieu de miséricorde.

L’homme est créé pour être celui qui chutera et reviendra, voilà la vérité que François nous dit dans ses psaumes, au milieu du chant des douleurs propres à l’exil qu’il lance vers Dieu. L’homme a à s’achever lui-même et François est une âme en chemin, son itinéraire ayant commencé par la rencontre d’un lépreux et le commandement de Jésus de vivre l’évangile.

François place l’itinéraire de son âme tout entier sous le signe de la grâce divine, qui a commencé de le façonner dans l’épreuve de la maladie, cette maladie qui l’a arrêté alors qu’il s’apprêtait à se faire chevalier. Dans sa Vie de Saint François Saint Bonaventure nous dit à ce propos que “le Seigneur l’affligea dans son corps par une longue maladie, pour disposer son âme à l’onction du Saint-Esprit”. Dieu agit ainsi “parce que la souffrance donne l’intelligence des choses spirituelles”.

François peut nous dire que la joie parfaite se trouve à travers les larmes, dans le rejet, la déconsidération qui vous réduisent à néant, car il sait par expérience que l’homme accède à certaines lumières par les ténèbres. La joie parfaite qu'il nous décrit est résurrection intérieure et nécessite de passer par une forme de mort intérieure dont la souffrance nous fait don.



Écoutons l’exemple de vie de Saint François dans l'épreuve la plus profonde qu’il a eu à vivre : la désappropriation de son Ordre :

l’Ordre franciscain étant devenu très important et ayant attiré de nombreux clercs savants, François s'est trouvé écarté de la direction de l'Ordre, et les clercs savants ont normalisé L’Ordre franciscain en le rapprochant des autres ordres monastiques. Epreuve extrêmement profonde pour François que de voir l’oeuvre inspirée de Jésus, pour  l'accomplissement de laquelle il a été un instrument de Jésus, changée par d’autres et emmenée loin de son inspiration d’origine. Son cri de détresse rapporté par ses frères des premières heures résume la profondeur de sa souffrance : « Dieu m'a appelé à marcher dans la voie de l'humilité et m'a montré la voie de la simplicité. Je ne veux pas entendre parler de la règle de saint Augustin, de saint Bernard ou de saint Benoît. Le Seigneur m'a dit qu'il voulait faire de moi un nouveau fou dans le monde. »

Cette épreuve profonde est magnifiquement racontée, de manière profondément inspirée, par Eloi Leclerc dans son très beau livre “Sagesse d’un pauvre”.

François a plongé dans la souffrance, morale et physique car il était alors affligé de maux d’estomacs et d’yeux terribles à la suite de son séjour en Orient. François n’a pas cherché à lutter contre la souffrance, à combattre l’épreuve, il a choisi de vivre pleinement cette souffrance et pour cela il s’est retiré dans un ermitage de son Ordre et a plongé dans l’oraison autant et aussi profondément qu’il plongeait dans la souffrance. Exemple magnifique. Trop souvent, c’est quand nous aurions le plus grand besoin de notre foi, dans la souffrance, dans la confrontation au mal, au vice, que nous nous trouvons incapable d’avoir recours à Dieu, de nous ouvrir à la relation intime à Dieu, à Jésus. Comme si la souffrance asséchait notre âme, fermait notre coeur, dépeçait notre lien à Dieu. François trouve au contraire dans la souffrance et l’épreuve la voie de l’approfondissement de son amour pour Dieu, puisant en Dieu la force de l’aimer.

Eloi Leclerc nous dit dans son ouvrage que, pour les frères de l’ermitage, François apparaît comme étant un autre Job tant la souffrance l’atteint dans son corps, dans son oeuvre, dans son âme.

Si dans ses louanges François peut louer Dieu comme totalité englobant aussi le mal, c’est qu’il sait d’expérience que la souffrance est nécessaire pour façonner l’âme. C’est parce qu’il a expérimenté de tout perdre, lui qui avait déjà tout donné, que François a découvert le secret de la paix de l’âme, qu’Eloi Leclerc résume dans une formule lumineuse : “Dieu suffit”. Dieu suffit et il suffit que Dieu soit Dieu.

Relisons dans l’histoire de Job deux vérités terribles et lumineuses :

« C’est un mystère :

Dieu déteste le mal,

ne le commet jamais

et pourtant l’utilise. »

……

« Nos souffrances font partie

d’une histoire qui nous dépasse. »

Dieu est en tout, Dieu a tout créé, Dieu sait tout. Dieu a créé Satan, le mal fait partie intégrante de la vie. L’épreuve, la souffrance, sont de Dieu : elles sont permises par Lui nous dit le livre de Job, mais seulement dans les limites prévues par Dieu.

Quand Satan propose à Dieu, pour “tester” Job, “Étends ta main sur ses biens” (Job 1.11), Dieu lui répond “Tout ce qui lui appartient est entre tes mains” (Job 1.12).  Seulement tout ce qui lui appartient, non ce qu'il est ! Dieu est le gardien absolu de l'âme.

Satan représente le mal et la souffrance dont nous ne pouvons que constater qu’ils sont inhérents au monde. N’oublions pas qu’ils ne progressent en chacun de nous qu’autant que nous fermons notre coeur à l’amour pour Dieu que nous avons à puiser en Dieu et que Dieu nous donne à lui donner.

La souffrance, la confrontation avec le mal peuvent aveugler notre intelligence, mais rappelons-nous la force avec laquelle Saint Paul nous dit, dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, que rien (si ce n’est nous-mêmes) ne peut nous séparer de l’amour de Dieu.

Aussi, au plus profond de la souffrance, suivons les pas de Saint François, ne cherchons pas avec notre intelligence des stratégies et des solutions, absorbons-nous dans l’oraison, remettons notre coeur et notre âme à Dieu jusqu’à ce que nous ayons puisé en lui la force de l’aimer dans la souffrance et le mal qu’il autorise, qu’il a créés en créant la vie qu’il nous donne. Découvrons avec François ce secret pur et absolu : Dieu suffit. Il suffit que Dieu soit ce qu’il est, avec tout ce qu’il est. Ou comme le dira Padre Pio : le monde peut bien s’écrouler, il suffit que Dieu soit avec nous.

Méditons toute l’ampleur de ce que nous dit François, qui a vécu la profondeur de la souffrance dévastatrice :

"N’ayons donc d’autre désir, d’autre volonté, d’autre plaisir et d’autre joie que notre Créateur, Rédempteur et Sauveur, le seul vrai Dieu, qui est le bien plénier, entier, total, vrai et souverain ; qui seul est bon, miséricordieux et aimable, suave et doux ; qui seul est saint, juste, vrai et droit ; qui seul est bienveillant, innocent et pur ; de qui, par qui et en qui est tout pardon, toute grâce et toute gloire pour tous les pénitents et les justes sur la terre et pour tous les bienheureux qui se réjouissent avec lui dans le ciel."

Dieu est infiniment bon, il est bon y compris quand il permet le mal.

Dieu est absolument doux, il est doux même dans la souffrance qu’il permet.

Ô François apprends-nous à suivre ton exhortation : “au premier trouble, le serviteur de Dieu doit se lever, se mettre en prière et demeurer face au Père tant que ce dernier ne lui aura pas fait retrouver la joie de celui qui est sauvé.”

François apprends-nous l’amour qui peut nous faire dire au coeur de la souffrance “Jésus, sauve-moi”. Apprends-nous cet amour qui ouvre le coeur et l’empêche de se verrouiller dans la souffrance.

Apprends-nous à répondre si profondément au commandement “aimez vos ennemis” que l’on parvienne à ne pas combattre les ténèbres mais à vouloir les illuminer.

Apprends-nous l’oraison afin que là où nous rencontrons l’agressivité nous répondions par l’amour. Emmène-nous au-delà de la lutte, du combat, afin que nous tournant tout entiers vers Dieu nous trouvions notre force dans son amour que nous avons à laisser passer à travers nous. Apprends-nous à être des instruments de Dieu.



Laissant tomber toutes ses défenses, François, dans l'épreuve, se laissa façonner par la désappropriation de la mise en oeuvre de l’inspiration divine qui lui avait été donnée ; il trouva alors au fond de lui-même au coeur des ténèbres la quintessence de l’amour de Dieu : Dieu suffit.



Écoutons ce que François nous enseigne dans la douceur avec laquelle il a vécu cette épreuve de vie :

Dieu suffit. Il suffit que Dieu soit ce qu’il est à cause de lui-même. Dieu n’est pas inerte, Il est Vie.

Parce que la vie n’a pas la froide netteté de l’informatique, parce qu’elle est habitée d’énergie divine, il fait partie d’elle qu’elle ne soit pas composée d’uniformité née d’une conformité à une règle mathématique. L’énergie au coeur de la vie est bien au-delà de toutes les règles, elle est mère de la diversité et de la créativité sans laquelle la vie, adaptation perpétuelle, s’éteindrait. Dieu suffit. Il suffit que la Vie soit la Vie. Il fait partie de la vie, vibration habitée par Dieu, que des cellules cancéreuses se développent parfois sans être arrêtées à temps par le système immunitaire du corps, que des enfants naissent parfois handicapés, que parfois notre corps ne parviennent pas à vaincre ces parts de vie que sont aussi les microbes. Il arrive même que les hommes mésusent de leur liberté et commettent des horreurs. il arrive que les hommes choisissent le vide du mal ou simplement ne se laissent pas devenir instrument du bien.

Dieu a donné vie à sa création, c’est-à-dire qu’il lui a donné l’autonomie de s’auto-équilibrer ; de ce don de Dieu de l’autonomie est née la liberté des hommes et le mouvement de la disharmonie se réharmonisant sans cesse qui est porteur de toute la richesse de l’évolution de la nature.

Le handicap de mon deuxième fils vient de la vie, qui est Dieu à l’oeuvre. Et Dieu suffit. La souffrance, la déficience, inhérentes à son handicap et qu’il a à vivre dans son chemin de vie viennent de Dieu, et cela suffit à rendre sa vie lumineuse. Et cela suffit à le rendre parfait à mes yeux. Je ne veux rien combattre, je ne suis pas dans la lutte, je ne suis pas en guerre contre son handicap. François, aide-moi à accueillir toutes les productions de la vie que je trouverai sur ma route, aide-moi à vouloir toujours et malgré tout me faire instrument de lumière là où les hommes mettent les ténèbres.

Non je ne suis pas en lutte car il n'y a rien à combattre, il n'y a qu'à aimer. Dieu seul suffit ; il suffit que l’Amour soit. Merci Mon Dieu pour l’amour si vaste et si profond pour mon fils que je trouve en moi et qui m’habite, si vaste et si profond que je sais qu’il ne peut venir que d’En-Haut. Je t’en prie garde-moi auprès de mon fils aussi longtemps que possible afin que je puisse faire vivre cet amour que tu me donnes.



Écoutons les mots inspirés qu’Eloi Leclerc met dans la bouche de Saint François, expliquant à un frère qui vient de surmonter une épreuve que cette épreuve et d’autres se reproduiront et qu’il faudra sans cesse les surmonter :

“Tu n’y parviendras pas en luttant, mais en adorant. L’homme qui adore Dieu reconnaît qu’il n’y a de Tout Puissant que lui seul. Il le reconnaît et il l’accepte. Profondément, cordialement. Il se réjouit que Dieu soit Dieu. Dieu est, cela suffit. Et cela le rend libre. [⋅⋅⋅]

Si nous savions adorer, rien ne pourrait véritablement nous troubler. Nous traverserions le monde avec la tranquillité des grands fleuves.”

MERCI FRANCOIS pour l’exemple de ta vie, pour ta douceur de coeur dans l’épreuve que tu nous transmets comme un chemin d’adoration.

Que les épreuves et les souffrances soient pour nous, par François, chemin d’adoration.



Prière de la communauté

Louange pour toutes les heures

Prions : Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu, souverain bien, bien universel, bien total, toi qui seul es bon, puissions-nous te rendre toute louange, toute gloire, toute grâce, tout honneur et toute bénédiction ; puissions-nous toujours rapporter à toi seul tous les biens. amen

Merci ! 51 personnes ont prié

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Neuvaine à St François d'Assise, Chemin d'Oraison

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