9AINE EUCHARISTIQUE À S. EYMARD - 5e jour : 29 Juillet
1_Les derniers jours du Père Eymard
Frère Albert écrit :
Mercredi 29 juillet 1868
Le matin avant d'aller à la Messe je dis au Père : « Oh ! ce qui vous manque, mon Père, c'est N. Seigneur. Je vais écrire à Monseigneur de permettre à un des prêtres habitués de La Mure de venir vous dire la Messe. » Il sourit mais fit un signe négatif. Peut-être prévoyait-il l'arrivée du père Chanuet.
Le Père se leva encore pour faire son lit. Il voulut changer de linge tout seul et pour cela resta debout sur son tapis. Je ne pouvais le laisser ainsi. Je craignais qu'il ne tombât. Il se changea donc et comme je jetais un rapide regard pour voir s'il ne faisait pas signe de l'aider, j'acquis de visu la certitude de ses macérations sanglantes.
Dans la matinée le Père fut plus gai. Il parlait un peu plus facilement. Nous nous mîmes à table. Il nous fit signe de mettre son couvert et un fauteuil à sa place et pendant que nous mangions il arriva bravement, s'assit et mangea un petit peu de poisson et de raisin. Il nous regardait manger en souriant. Il resta à table un quart d'heure à peu près. Le Père avait pris un peu de pain, il en mangea un peu. Il lui en restait une bouchée dans la main. Sa sœur voulut la lui prendre. Il refusa et me la laissa prendre. C'est la dernière fois que l'enfant reçut le pain des mains du Père de famille.
Le reste de la journée fut très calme. Le Père put traiter quelques affaires. Je lui lisais des lettres, il me disait la réponse en quelques mots.
Nemours revint le poursuivre. Il reçut aussi une lettre pénible de f… Mais dit-il, il n'y a rien à faire.
Ainsi la tribulation l'attaquait encore à son lit de mort. Il reçut une dépêche du père de Cuers demandant s'il fallait venir. Non, me répondit le Père à deux fois. D'autres, les jours suivants, firent la même demande et reçurent la même réponse. Le Père voulait mourir simplement et faire cette action avec la simplicité d'un acte de service Eucharistique comme les autres.
Le soir le Père fut plus agité. Le père Chanuet arriva avec Mlle Thomas qui a soigné le Père sans le quitter et a reçu son dernier soupir.
Le Père était trop fatigué pour parler. Ce n'est que le lendemain qu'il adresse la parole au père Chanuet.
Je veillai le Père jusqu'à une heure. La nuit fut très pénible. À un moment le Père eut un râle effrayant à entendre, et plus effrayant à moi. Sa poitrine se soulevait bruyamment. Il respirait avec effort et par saccades. Il était étendu sur le dos pâle comme un mort. Les narines s'étaient retirées et contractées. La bouche était violemment serrée. La sueur ruisselait sur son visage, cela dura plus d'une demi-heure (je crois). Je m'approchai. Je ne savais quel parti prendre, je priai. Enfin le bruit cessa et le Père resta assoupi jusqu'à l'heure où je le quittai pour aller reposer.
Fr. Albert Tesnière Les derniers jours de la vie de st P.-J. Eymard (Édition du Centre de spiritualité "Eymard", La Mure d'Isère, 2018)
Voir la Présentation générale de la Neuvaine Eucharistique.
2_Prédication : Triduum du Saint Sacrement
Amour dans la mort de Notre Seigneur (suite)
3- Il immole sa vie divine
3e Point
Notre Seigneur immole sa vie divine. Pendant sa vie mortelle, rien ne montre sa divinité : il paraît homme, homme de douleurs avec toutes nos misères, sauf le péché. Sa divinité ne perce qu'à travers son amour. Cet amour est si grand que malgré toute l'apparence humaine de Notre Seigneur sur la croix, un malfaiteur en découvre toute la bonté divine et, le cœur ému, s'écrie : “Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez dans votre royaume” [Lc 23,42].
Dans la sainte Eucharistie aussi, Jésus-Christ immole sa gloire divine : la beauté de ses vertus ne paraît même plus comme pendant sa vie mortelle ; tout est immolé, sacrifié ; l'amour seul est resté ! Oh ! que Notre Seigneur est bon de se voiler ! S'il se montrait à nous tel qu'il est, dans toute la splendeur de sa divinité, qui donc oserait approcher ?
Le père et la mère voilent leur force pour leur petit enfant ; ils lui parlent avec tant de douceur que l'enfant ne reconnaît plus en eux une puissance supérieure. Eh bien ! Notre Seigneur agit de même à notre égard ; il nous aime tant qu'il veut être toujours avec nous ! Cette soif des souffrances qui le dévorait pendant sa vie mortelle, il l'éprouve encore ; chaque jour du fond du tabernacle on entend encore cette plainte amoureuse et divine : Sitio, “j'ai soif” [Jn 19,28]. Et il souffre, il perpétue son sacrifice pour chaque famille, pour chaque fidèle ! Voyez comme il vous aime ! L'Eucharistie, voilà le sceau de la mort de Jésus-Christ.
Demeurerez-vous froids, mes frères, devant tant d'immolation ? Ah ! la vue du Calvaire fait verser des larmes d'attendrissement, mais la contemplation de l'Eucharistie fait pleurer d'amour ! Imitez donc Notre Seigneur : mourez à vos sens, mourez au monde ; et vivant par cette mort, vous arriverez à la vie éternelle ! Ainsi soit-il.
S. Pierre-Julien Eymard (PO 20,8)
3_Prière
Ah ! la vue du Calvaire fait verser des larmes d'attendrissement, mais la contemplation de l'Eucharistie fait pleurer d'amour ! Imitez donc Notre Seigneur : mourez à vos sens, mourez au monde ; et vivant par cette mort, vous arriverez à la vie éternelle ! Ainsi soit-il.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6