9AINE EUCHARISTIQUE À S. EYMARD - 3e jour : 27 Juillet
1_Les derniers jours du Père Eymard
De Les derniers jours de la vie de S. Pierre-Julien Eymard, par le frère Albert Tesnière, disciple et confident du Père, 22 ans au moment des faits. Jusqu'à la fin de cette Neuvaine Eucharistique (le 2 août) chaque jour sera repris de ce livret :
Lundi 27 juillet
À quatre heures et demie j'étais au pied du lit de notre Père.
Je n'eus pas le courage de l'embrasser, même pas de lui toucher la main. Il était étendu dans un état de prostration effrayante. La tête penchée et à peine soutenue, les bras pendant de chaque côté, les yeux à demi fermés et vitrés. Je n'en distinguais pas le brillant. Et tels je les vis le dimanche après la mort, tels ils étaient ce jour-là.
Je m'assis au pied du lit, tourné vers le Père. Après un quart d'heure ou vingt minutes, le Père se réveille (c'est une manière de dire). Il regarde à droite à gauche, son crucifix, sa chambre. – Ses regards étaient animés et étonnés. – J'assistai à une résurrection. Je ne pense pas mieux comparer cet état qu'à celui d'un homme qui s'endort en wagon et, s'éveillant 100 lieues plus loin, regarde de tous côtés pour savoir où il se trouve.
J'attendais, les yeux du Père tombèrent sur moi. - Il sourit, me prit la main. Je n'osais l'embrasser ! - Et je lui dis : « Mon pauvre Père, vous souffrez beaucoup - signe de dénégation. – Me reconnaissez-vous ? Me mettant alors la main au travers de la tête il en couvrit mon front comme on ferait une caresse et, le pressant, il fit un signe des yeux et de la tête qui voulait dire : Ah ! si je vous reconnais ! Bien clair ! il souriait aimablement. - Jamais je ne ressentis une marque d'amitié du Père qui m'ait plus sensiblement touché. Je ne saurais exprimer tout ce que je compris de bon, d'affectueux dans cette caresse paternelle. - Mais toujours pas un mot !
On mit la table. Le Père me dit pendant ce temps : « Vous êtes venu par le train de 11 heures ? » – Oui, mon Père. – « C'est bien ».
Au moment de dîner, il bénit notre repas de son lit, et se mit sur son séant au pied du lit. Il ne voulait jamais rester couché pendant notre repas. - Il craignait, ô délicatesse ! que la vue de sa souffrance ne nous empêchât de manger.
Il prit un tout léger bouillon.
Le soir j'étais trop fatigué pour veiller et on m'envoya coucher.
Nanette me dit le lendemain que la nuit n'avait pas été trop mauvaise.
La médication consistait en rafraîchissements sur le front et les tempes, en quelques évacuants pour empêcher l'échauffement.
Le Docteur ne pouvait définir la maladie. Il y trouvait une méningite, une congestion cérébrale, par dessus tout une fatigue poussée à ses dernières limites, un corps écrasé sous les efforts d'une âme trop énergique et qui avait donné tout ce qu'il pouvait.
Le Docteur Douillard pensa, lui, que le rhumatisme qui depuis 10 mois tenait le Père et lui avait parcouru tout le corps était enfin monté au cerveau.
Le soir, avant de me coucher, j'envoyai une dépêche à Paris, vraie, mais pas trop alarmante. Elle fut cause du départ du père Chanuet et de Mlle Thomas qui n'arrivèrent que le mercredi soir.
Fr. Albert Tesnière Les derniers jours de la vie de st P.-J. Eymard (Édition du Centre de spiritualité "Eymard", La Mure d'Isère, 2018)
Voir la Présentation générale de la Neuvaine Eucharistique.
2_Prédication : Triduum du Saint Sacrement
Sermon d'ouverture (suite)
Triomphe de l'amour de Jésus-Christ par l'Eucharistie
3- L'amour veut l'union
3e Point
L'union, voilà la fin de l'amour. Tout amour qui n'a pas l'union pour but est un amour stérile. Jésus-Christ, qui est pour les hommes le type véritable de l'amour, veut s'unir à nous, non pas seulement d'une union d'amitié, d'une union morale, mais d'une union substantielle ; il veut unir son corps à notre corps, son cœur à notre cœur, son esprit à notre esprit.
Comme la nourriture ne fait plus qu'un avec le corps qui l'absorbe, de même par la sainte communion nous ne faisons plus qu'un avec Jésus-Christ ; mais comme ce pain de vie, ce pain eucharistique est plus parfait que celui qui le prend, ce pain qui est Jésus-Christ nous change en lui, dit saint Augustin ; alors Jésus-Christ vit en nous comme le chef vit dans les membres, le maître chez le serviteur, et nous pouvons dire avec vérité avec saint Paul : “Ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi” [Ga 2,20]. Entendez ce bon Maître dire : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui” [Jn 6,56]. Quelle belle, quelle sainte, quelle divine union…
L'Eucharistie, voilà donc le triomphe de l'amour de Jésus-Christ ; qu'il soit le vôtre, mes frères ! Rappelez-vous comment Dieu délivra les Hébreux de l'Égypte, comment il les guida jusque dans la terre promise. Vous aussi, vous aspirez à la terre promise ! Votre délivrance, c'est l'agneau immolé, Jésus-Christ ! Votre mer Rouge, son sang sur le Calvaire ; votre manne, ce pain de vie ; votre colonne de nuée, ce nuage eucharistique qui dans la nuit des épreuves et des combats devient une colonne de feu pour vous éclairer et vous fortifier [cf. Ex 13,21]. Suivez-la cette colonne, mangez cette manne, et vous arriverez infailliblement à la véritable terre promise, le Ciel !
S. Pierre-Julien Eymard (PO 20,4)
Amour dans la mort de Notre Seigneur
Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne (saint Paul) [1Co 11,26].
Qu'est-ce que l'Eucharistie, sinon le triomphe de l'amour de Jésus-Christ, comme nous l'avons vu hier ? Quel rapport y a-t-il donc entre l'Eucharistie et la mort, l'Eucharistie tout amour, toute vie ? Saint Paul, dans les paroles de mon texte, veut nous faire songer à notre mort ; comment en effet séparer ces deux pensées : c'est la veille de sa mort que Notre Seigneur institua l'Eucharistie ; c'est un adieu qu'il adresse à ses apôtres, un testament qu'il leur laisse avant de monter au Calvaire ; l'un complète l'autre. Je viens aujourd'hui, mes frères, vous parler de l'amour se montrant dans la mort.
Dans sa passion comme dans l'Eucharistie, Notre Seigneur immole trois vies : sa vie naturelle, sa vie civile et sa vie divine.
S. Pierre-Julien Eymard (PO 20,5)
Amour dans la mort de Notre Seigneur
1- Il immole sa vie naturelle
1er Point
La vie naturelle consiste principalement dans la liberté : tout homme est fier de sa liberté ; on se bat pour elle ! Vous aussi vous avez combattu, et vous avez heureusement réussi. Eh bien ! cette liberté si chère au cœur de l'homme, Notre Seigneur l'immole ! Voyez-le au jardin des Olives : il obéit à sa créature ; on le lie, lui qui pouvait être libre s'il l'avait voulu ; mais il est trop bon, il ne le veut pas !
Dans l'Eucharistie, il immole sa liberté au prêtre, au fidèle. Que faut-il pour qu'il vienne à vous ? Que vous vous agenouilliez à la table sainte, ou si vous êtes malade, un désir de votre part le fait arriver à votre chevet ! Il est bien plus enchaîné sur l'autel que sur le Calvaire : les espèces sacramentelles, voilà sa prison !
Pourquoi donc de la part de Notre Seigneur une immolation si absolue de la liberté ? Ah ! c'est que Jésus-Christ veut apprendre à l'homme à sacrifier à Dieu cette liberté dont il est si orgueilleux, c'est qu'il veut que nous ayons la gloire de nous rendre ses (esclaves) serviteurs, c'est qu'il veut que nous mourions à nos passions, au péché, pour vivre de la liberté des enfants de Dieu ! Oh ! ingratitude de l'homme ! Il vend parfois à la créature cette liberté qu'il refuse au Créateur !
Dans la passion de Notre Seigneur, tout souffre en lui ; son amour lui fait endurer pour nous des souffrances inouïes jusque-là. “Nous l'avons vu, dit Isaïe ; il nous a paru un objet de mépris, le dernier des hommes, un homme de douleur : son visage était comme caché et nous ne l'avons pas reconnu ; il a été couvert de plaies pour nos iniquités, il a été brisé pour l'expiation de nos crimes” [cf. Is 53,3-5]. Ici aussi, il immole tout, mais sans souffrir ; il est toujours, comme sur le Calvaire, victime de propitiation. Si vous pouviez soulever ce voile eucharistique qui vous dérobe Jésus-Christ au tabernacle, vous le verriez, comme au Calvaire, suspendu entre le ciel et la terre, toujours grande victime entre Dieu et nos péchés. Sur le Calvaire, il ne fut que trois heures ; et au tabernacle, il s'est établi intercesseur le jour et la nuit ; ses plaies, flots de grâce et d'amour, sont toujours ouvertes pour implorer miséricorde ! Sans le sacrifice de la messe, dit saint Liguori, on verrait bientôt la fin du monde ; mais Jésus-Christ retient toujours le bras vengeur de son Père ! Pardonnez-leur, pardonnez-leur, dit-il à chaque instant, en s'offrant en holocauste sur l'autel, en s'immolant tout entier pour le salut du monde.
S. Pierre-Julien Eymard (PO 20,6)
3_Prière
Votre délivrance, c'est l'agneau immolé, Jésus-Christ ! Votre mer Rouge, son sang sur le Calvaire ; votre manne, ce pain de vie ; votre colonne de nuée, ce nuage eucharistique qui dans la nuit des épreuves et des combats devient une colonne de feu pour vous éclairer et vous fortifier. Suivez-la cette colonne, mangez cette manne, et vous arriverez infailliblement à la véritable terre promise, le Ciel !
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6