« Ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens »
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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, on envoya à Jésus des pharisiens et des partisans d’Hérode pour lui tendre un piège en le faisant parler, et ceux-ci vinrent lui dire : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité. Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? » Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Faites-moi voir une pièce d’argent. » Ils en apportèrent une, et Jésus leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? – De César », répondent-ils. Jésus leur dit : « Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Et ils étaient remplis d’étonnement à son sujet. (Mc 12, 13-17)
Dieu dans le monde de César
L’ordre politique et temporel des choses, sous le titre de César, ne mérite a priori de notre part ni mépris, ni condamnation, ni évasion. Il attend plutôt trois attitudes : qu’on le respecte, qu’on le traverse, qu’on le transfigure. Il nous revient de le respecter et de le traverser, parce que nous sommes citoyens du monde. Il nous revient de le transfigurer activement, parce que, par vocation, et selon les termes exprès de l’un des plus grands textes qu’ait produits le christianisme antique, nous sommes « l’âme du monde », ou encore, en termes évangéliques, sa lumière (cf. Mt 5, 14 ; Ph 2, 15). Notre traversée du monde devrait être si consciencieuse, si « religieuse », qu’elle travaille le monde, du dedans. Notre condition de chrétiens ne nous dispense ni d’aller à l’école, ni de fréquenter le marché (cf. 1 Co 10, 25), ni de payer l’impôt (cf. Rm 13, 6-7), ni d’observer le code de la route, mais elle postule qu’au nom du Seigneur Jésus Christ (cf. Col 3, 17), nous mettions un surcroît d’humanité dans tous ces universaux, grands ou petits, de l’existence ordinaire que guette la déshumanisation, que nous leur fassions l’honneur de les considérer dans le regard même d’un Dieu qui irradie tout ce qu’il assume, jusqu’à en faire autant de lieux d’expérience spirituelle possibles. Notre identité chrétienne se vérifie, non au fait que nous nous exonérons de l’impôt, mais à l’usage que nous faisons de l’argent. Et si une vie chrétienne vraiment cohérente nous confronte tôt ou tard à la résistance du monde comme empire du Mauvais (cf. 1 Jn 5, 19), le sentiment légitime que nous avons de l’urgence du Royaume, la hâte que nous avons du Royaume ne sauraient nous faire sous-estimer la consistance du monde, domaine de César, qui est notre champ quotidien d’exercice ; encore que César puisse faire le jeu de Satan (cf. Ap 17, 9-12), César n’est jamais Satan par essence : il ne l’est que par malheur. Frère François Cassingena-Trévedy, o.s.b.
François Cassingena-Trévedy, normalien, est moine de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé. Il enseigne à l’Institut supérieur de liturgie à Paris.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6