Bienheureux Charles de Foucauld - Chapitre 1

Ermite au désert, disparu voici un peu plus d’un siècle, Charles de Foucauld interroge et fascine toujours. Les multiples facettes de son personnage n’en finissent pas de nous interpeller. Tour à tour officier, explorateur, fin lettré, moine, ermite, il déconcerte par l’excès qu’il apporte dans toutes ses entreprises. Pour ce Dieu qu’il découvre à trente ans et à qui il se confie dans le dépouillement et l’humilité la plus totale, il ira jusqu’au don total de sa personne : « Mon Père, je m’abandonne à Vous ; mon Père, faites de moi ce qu’il vous plaira ».

 

Il est issu d’une famille aristocratique, catholique pratiquante, établie en Alsace où son père,  Charles Eugène de Foucauld de Pontbriand, est inspecteur des forêts. Marie-Elisabeth de Foucauld, jeune femme délicate et tendre, le met au monde à Strasbourg en 1858. Elle va s’occuper elle-même de l’éducation religieuse de ses enfants. Douée pour le dessin, elle croque des paysages et surtout elle aime faire le portrait de ses enfants, Charles et sa sœur, Marie, de trois ans sa cadette. Par suite d’une promotion de Charles-Eugène, la famille va quitter Strasbourg et s’installer à Wissembourg. Elle n’y restera pas longtemps car le père tombe malade et doit partir se faire soigner en région parisienne. Mais, en mars 1864, c’est Marie-Elisabeth qui, à l’âge de trente-cinq ans, décède la première de « névralgie ». Son époux la suit dans la tombe en août de la même année. Orphelins, les deux enfants sont confiés à leur grand-père maternel, le colonel de Morlet, qui se charge de leur éducation. Ils retournent donc à Strasbourg où ce grand-père et sa seconde épouse les entourent d’affection, leur manifestent indulgence et bonté. L’entourage du colonel lui reprochera même plus tard l’excessive tolérance dont il fera preuve vis-à-vis de Charles. En tout cas, celui-ci éprouvera toujours à son égard une grande tendresse. Il lui écrira plus tard : « Vous le voyez, je ne trouve que bonté pour moi et reconnaissance à avoir. » Pour l’heure, il fait ses études au lycée de Strasbourg, passe ses vacances en Normandie chez une tante, Mme Moitessier avec ses cousines Catherine et Marie qu’il apprécie beaucoup et avec lesquelles il gardera, sa vie durant, des relations confiantes et affectueuses.

Après le désastre de la guerre de 70, l’Alsace devient allemande. M. de Morlet part d’abord en Suisse puis s’établit à Nancy avec les enfants en choisissant la nationalité française. Charles continue ses études au lycée de Nancy. Il se passionne pour la littérature et l’histoire. Mais la lecture des auteurs des Lumières a raison de sa foi. Il doute. « A 17 ans j'étais tout égoïsme, tout vanité, tout impiété, tout désir du mal, j'étais comme affolé… »

« J'étais dans la nuit. Je ne voyais plus Dieu ni les hommes : Il n’y avait plus que moi. »

  1. de Morlet l’envoie à Paris, il souhaiterait que Charles prépare l’Ecole Polytechnique mais le jeune homme a du mal à s’arracher à sa vie nancéienne, à sa sœur Mimi, à son grand ami Gabriel Tourdes avec qui il entretient une correspondance fidèle. « Je m’ennuie infiniment, je le dis souvent et je le pense toujours » lui écrit-il de son exil parisien qu’il met à profit pour relire ses classiques. C’est donc à Paris qu’il prépare, à l’Ecole Sainte-Geneviève, le concours d’entrée à Saint Cyr. Il y est reçu en octobre 1876 et s’engage pour cinq ans.

Ses cousines se marient. Il va rester très proche de Marie de Bondy avec laquelle il échangera une correspondance suivie jusque dans son ermitage du Sahara. Le 3 février 1878, son cher grand-père lui est enlevé et ce drame le marque profondément. « Avant, nous étions si heureux, si insouciants, nous étions si confiants dans l’avenir... On m’enlève du même coup ma famille, mon chez moi, ma tranquillité… » (lettre à son ami d’enfance Gabriel Tourdes).

Charles hérite d’une importante fortune qu’il va dépenser sans compter. Ses études achevées à Saint-Cyr, il part  pour un an à l’Ecole Spéciale de Cavalerie de Saumur et se réjouit, après les contraintes de Saint-Cyr, d’une liberté qu’il entend mettre à profit. A plusieurs reprises, il quitte la Garnison sans permission, parfois sous un déguisement et, à son retour, est mis aux arrêts. Il se montre excentrique, prodigue et fait preuve d’exhibitionnisme et de tapage, peu appréciés par l’autorité militaire. Il néglige son travail, vit dans la débauche où ne comptent que son plaisir et son amusement.

Des décennies plus tard, il sera poursuivi par le remords : « Je suis dans la nuit. Il ne me reste rien. Je ne vois plus Dieu ni les hommes. Il n’y a plus que moi et moi, c’est l’égoïsme absolu dans l’obscurité  et la boue. »

Certes, tout ce qu’il entreprend est excessif, le pire comme le meilleur. Sans doute la solitude où l’a laissé le décès de son grand-père, seul garant de la solidité familiale, l’a-t-elle également perturbé, lui faisant perdre ses repères, au point de se complaire dans cette boue qu’il dénoncera plus tard.

Après un rapide passage à Pont-à-Mousson, il est nommé en Afrique du Nord. De novembre 1880 à avril 1881, il séjourne à Bône puis à Sétif. Il est ébloui par la beauté des paysages, le pittoresque des villes et se sent attiré par la population algérienne dont la foi musulmane l’impressionne. Son séjour va être écourté par l’autorité militaire qui n’accepte pas son concubinage avec une femme rencontrée à Pont-à-Mousson… et qu’il tente en vain de faire passer pour la vicomtesse de Foucauld. En mars 1881, il est sanctionné pour indiscipline et inconduite. Il se retire à Evian mais, apprenant le départ de son régiment pour l’Afrique du Nord, il demande sa réintégration. Remis en activité, il est nommé au 4e Chasseurs d’Afrique, le 3 juin 1881. Sans état d’âme, il abandonne sa compagne à Evian et rejoint Mascara. Son régiment est chargé de mater l’insurrection des Touaregs qui ont assassiné, en début d’année, le colonel Flatters et quelque 70 de ses compagnons, scientifiques et militaires. Parti pour étudier l’éventuelle construction d’un chemin de fer transsaharien entre l’Algérie et le Niger,  Flatters et les membres de l’expédition, en route vers le Hoggar, avaient trouvé la mort à Bir-el-Garama.

Lors de cette mission, Charles de Foucauld révèle son courage, son énergie, son sens du devoir et du sacrifice. Toujours gai, il partage tout avec ses cavaliers, cherchant à améliorer leur sort car ils sont rationnés en eau et en nourriture. Charles leur abandonne sa part et montre une énergie qui suscite l’admiration de ses chefs. Il fait front et, dans une certaine mesure, savoure ce séjour sous la tente dans le Sahara oranais. Il « découvre le génie de l’Algérie, ses mystères obscurs, sa sagesse millénaire et ses peuplades diverses ».

Toutefois la répression qui va de pair avec la pacification est assumée sans réserve par notre officier. Là n’est pas la raison qui le pousse à abandonner la carrière militaire. Plus simplement, il a envie de voyager, de profiter de sa jeunesse, les moyens financiers ne lui manquant pas.  Il quitte l’armée.

Mais il ne quitte pas l’Algérie. Au contraire, il s’installe à Alger pour mettre au point un grand projet d’exploration du Maroc, avec le souci de perfection qui caractérise chacune de ses entreprises. Pendant dix-huit mois, il étudie l’histoire, la géographie et s’initie à l’arabe et à l’hébreu.

 

Que de tâtonnements chez Charles de Foucauld avant la révélation éblouissante de la Foi ! Le Seigneur est patient et conduit vers Lui chacun de ses enfants selon des voies bien différentes. Le tempérament excessif de Charles qui l’a porté vers le pire le conduit doucement vers le meilleur comme en témoigne son abnégation lors de son expédition militaire en Algérie. Encore un peu de temps, un peu d’attente avant qu’il s’abandonne à la Volonté du Père : « Pourvu que Votre Volonté se fasse en moi, mon Dieu… »

 

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Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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