Sainte Radegonde - Chapitre 4

Chers Priants, en ce temps de vacances nous interrompons nos publications. Retrouvons-nous le 20 août pour découvrir le parcours chaotique et magnifique du bienheureux Charles de Foucauld ! En attendant, passez un très bel été !


La « reine moniale », toujours représentée avec une couronne et un voile de religieuse.

Parmi ses compagnes, il en est une, Agnès, que Radegonde chérit et considère comme sa sœur spirituelle. Agnès l’avait accompagnée à Arles. Au retour, Radegonde refuse d’être la supérieure du monastère. Elle veut rentrer dans le rang, comme simple moniale, et abandonne cette dignité à Agnès. Cela étant, tous la considèrent comme la reine moniale. Ainsi la princesse espagnole Galswinthe, de passage à Poitiers car elle allait épouser Chilpéric, lui rendit visite (malheureuse princesse Galswinthe que Chilpéric, fils de Clotaire, fit assassiner pour assouvir sa passion avec Frédégonde).

Elle conserve un lien d’affection avec Sigebert, autre fils de Clotaire, qui manifestera toujours une déférence particulière vis-à-vis d’elle. Surtout elle reste la Reine chaque fois qu’elle sentira la paix menacée et qu’elle jouera de son influence pour la sauvegarder.

Bientôt, de sa cellule, Radegonde met au point un nouveau projet. Toute sa vie, elle a désiré s’entourer de reliques des saints. Elle a toujours éprouvé le sentiment de mieux se rapprocher de Dieu par leur intermédiaire. Mais cette fois, elle met son ambition plus haut. Elle veut se procurer une parcelle de la vraie Croix. Sainte Hélène, mère de Constantin, avait découverte celle-ci dans le premier quart du IVe siècle. Le sachant, Radegonde n’hésite pas à faire jouer ses relations. Elle pense que son cousin Amalafrid, à la Cour de Constantinople, peut l’aider (en réalité il est décédé au moment des faits). Elle compte aussi sur Sigebert, en relations diplomatiques avec l’Orient. Appuyée par l’évêque de Poitiers, Marovée, elle envoie donc une ambassade auprès de Justin II, l’Empereur de Constantinople. Compte tenu du prestige dont elle jouit jusqu’en Orient et des bonnes relations qu’il entretient avec Sigebert, l’Empereur donne un important fragment de la vraie Croix aux ambassadeurs qui le rapportent à Poitiers, sans doute en 569.

Cependant Marovée, l’évêque de Poitiers, qui avait soutenu la démarche de Radegonde, supputant qu’elle n’aboutirait pas, fut sans doute vexé de son succès et s’absenta pour ne pas avoir à accueillir triomphalement le cortège, de retour de Constantinople. Déçue, Radegonde détourne la petite procession sur Tours et obtient de Sigebert que l’évêque de Tours, Saint Euphrane, en prenne la tête pour escorter la précieuse relique jusqu’à Poitiers. Celle-ci est reçue au monastère en grande pompe. Cela étant, l’hostilité avec l’évêque de Poitiers persista et ce fut longtemps une lourde épreuve pour Radegonde et Agnès.

L’un des acteurs de l’arrivée du cortège à Poitiers est un jeune homme, originaire de Ravenne, Venance Fortunat. Il avait voyagé quelques années dans le but d’aller à Tours remercier Saint Martin pour une guérison obtenue. Mais une fois à Tours, il avait été, lui aussi, attiré par le tombeau de Saint-Hilaire et avait décidé de se rendre à Poitiers. C’est là qu’il avait fait la connaissance de Radegonde et d’Agnès et entretenu avec elles des échanges intellectuels et spirituels de haute qualité. Il admirait leur culture, leur finesse d’esprit et leur élévation spirituelle. Apprenant l’arrivée du fragment de la vraie Croix, il compose le célèbre poème, devenu Hymne liturgique, « Vexilla Regis prodeunt » « L’étendard du Roi s’avance », chanté par le cortège lors de la remise de la relique au monastère. C’est de ce moment que le monastère prit le nom de Sainte Croix qu’il porte encore.

Fortunat va se lier d’amitié avec Radegonde et Agnès. Il devient leur conseiller et sera plus tard, leur biographe. Il décide de rester à Poitiers où il mène une vie exemplaire. Plus tard, il deviendra l’évêque de cette ville et comptera au nombre de ses saints. La plupart des détails que nous possédons sur la vie de la Sainte nous sont parvenus grâce à Fortunat qui les a consignés, en particulier ses souvenirs d’enfance. Il a écrit notamment une page admirable qui retrace l’amour enflammé de la Sainte pour le Christ :

« Si je n’étais soumise à la sainte clôture du monastère, où que tu sois, j’arriverais tout à coup. Je m’embarquerais sur une mer fouettée par les orages et naviguerais gaiement malgré le vent et la tempête. Penchée sur les flots et plus forte qu’eux, je les maîtriserais ; et ce qui effraie les nautoniers ne me ferait pas peur à moi qui t’aime. Si le vaisseau se brisait sous l’effort de la tourmente, je m’accrocherais à quelque planche : et si, par malheur, je ne pouvais la saisir, je nagerais à force de bras pour t’aller rejoindre, sûre, en te revoyant, de n’avoir couru aucun danger et de trouver bientôt, dans ta tendresse, un soulagement aux fatigues du naufrage. »

Pendant trente-cinq ans, Radegonde vivra dans ce monastère un ascétisme incroyable. On l’a vue se livrer aux travaux les plus pénibles, porter un cilice. Elle jeûne fréquemment, se mortifie de toutes les façons, s’appliquant parfois sur le corps un fer rougi. Lors d’un carême, elle n’hésite pas à serrer trois chaînes autour de son corps, si étroitement qu’il faut inciser les chairs pour les dégager, faisant couler beaucoup de sang. Les plaies qu’elle s’inflige s’infectent parfois. C’est à leur odeur que les sœurs sont averties de son état et la soignent. Pour prier sans relâche, elle a adjoint à sa cellule un petit oratoire ce qui lui évite de se rendre à l’abbatiale. Chose touchante, cellule et oratoire ont été retrouvés lors de recherches archéologiques. La partie inférieure des murs subsistait sur une hauteur de 60 cm environ ce qui a permis de rebâtir l’ensemble. Les murs du VIe siècle furent relevés et le nouveau petit bâtiment respecte le style de l’époque.


Une des moniales, Baudovinie, qui s’est ingéniée à compléter les textes de Fortunat, écrit que, un an avant la mort de la Reine, le Christ apparut à Radegonde sous les traits « d’un jeune homme très richement vêtu et très beau ». Il lui dit : « Toi, pierre précieuse, sache que tu es le premier joyau de mon diadème ». La Reine en fit la confidence à ses moniales en leur faisant promettre de ne pas révéler cette vision avant sa mort. C’est lors de cette apparition que le Christ aurait laissé dans la pierre du sol l’empreinte de son pied. Cette pierre « le pas de Dieu » fut vénérée jusqu’à nos jours. Elle présente un évidement où il est toutefois difficile, aujourd’hui, de reconnaître la marque d’un pied.

A la consternation générale, Sainte Radegonde, la Reine moniale, mourut le mercredi 13 août 587. Ce fut son autre biographe, Grégoire de Tours, qui célébra ses obsèques, Marovée, toujours hostile, s’étant absenté. Le tombeau de la Reine fut placé en l’église Sainte-Marie-Hors-Les-Murs, actuelle église Sainte Radegonde, où il demeure encore, objet d’une incessante vénération.

 

L’humble reine, si mortifiée fut tellement puissante en intercession auprès du Seigneur que son culte se répandit de façon étonnante aussi bien en France qu’à l’étranger. Tout au long de l’histoire, le monastère de Sainte-Croix a connu un extraordinaire rayonnement. Quant à l’église Sainte Radegonde de Poitiers, elle est tapissée de petites plaques d’ex-voto attestant des grâces obtenues. En 1996, il y en avait 3550 et leur nombre ne cesse de croître : guérisons, protection pendant les guerres, heureuses naissances, succès aux examens, obtentions d’un travail, graves problèmes résolus. Le plus ancien date de 1658 : un remerciement de la Reine Anne d’Autriche pour la guérison d’une maladie grave du futur Louis XIV.

 

Pressentant sa mort prochaine, Radegonde avait pris toutes dispositions pour préserver l’intégrité du monastère, lequel constituait un patrimoine spirituel mais aussi matériel pouvant attirer des convoitises. Elle avait donc rédigé en ce sens une circulaire adressée aux évêques et aux rois. Et sa volonté fut respectée puisqu’aujourd’hui, son monastère est le plus ancien des couvents de femmes ayant une histoire continue depuis quatorze siècles. En 1965, il a été transféré à Saint Benoît, à quelques kilomètres de Poitiers. La relique de la Croix y est toujours présente et il est possible de la vénérer le premier dimanche de chaque mois, de 16 h jusqu’à l’issue des vêpres où l’on chante toujours le Vexilla Regis de Saint Fortunat.

Avant de quitter Sainte Radegonde, arrêtons-nous sur son action en faveur de la paix. La Reine avait le souci constant de l’entente entre les rois  pour que « pendant leur règne, les peuples et la patrie se portent mieux ». A la veille d’un conflit, elle se mettait à trembler de tous ses membres et n’arrêtait pas de prier pour que les situations s’apaisent, « pour que la patrie fût sauvée ». Tout ceci lui valut le titre que la liturgie lui décerna : Mère de la Patrie. De sa cellule, elle œuvra sans cesse en ce sens tandis que sur le plan social, elle montra, sa vie durant, une bienveillance maternelle envers tous les défavorisés, qu’ils fussent malades, miséreux, abandonnés, prisonniers. Elle fit preuve d’une grande sollicitude pour tous ceux qui s’adressaient à elle avec confiance et demeure toujours attachée à la France dont elle fut la mère et la reine.

 

Sainte Radegonde, lors de ton passage sur cette terre, tu n’as cessé de veiller sur la France et les Français. O toi, Mère de la Patrie, nous te supplions de nous venir en aide, en ces moments où le terrorisme et le racisme font tant de victimes dans notre pays. Délivre-nous des forces du mal et fais revenir à la foi ceux qui s’en sont détachés.

Que, par ton intercession, nos communautés de croyants grandissent pour que, rendus plus forts et plus unis, nous construisions la paix. Ainsi, selon tes propres paroles « les peuples et la patrie se porteront mieux. » Avec l’aide de la Vierge Marie.

 

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Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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