Cantique au sacré Cœur de Jésus
Cantique au sacré Cœur de Jésus
(sur l'air du Confiteor, ou de Léandre)
Le Cœur de Jésus m'a appris
Que l'amour est un grand mystère :
Soit pour le corps, soit pour l'esprit,
Il faut tout souffrir et tout faire.
Je bénis mille fois mon sort,
Si l'amour me donne la mort.
Sitôt que l'amour m'eut vaincue
Je croyais d'en perdre la vie ;
Mais voyant mon cœur abattu,
Il lui donna de l'eau de vie
Qu'il avait pris au sacré Cœur,
Par la plaie de mon Sauveur.
A tout autre qu'au pur amour
J'aurais bien disputé la gloire ;
Mais je n'en veux d'autre en ce jour
Que de lui céder la victoire ;
Car son dard était si pointu
Que mon cœur en fut abattu.
Je bénis mille fois mon sort
D'une si heureuse surprise ;
En aimant, je fis un effort
Pour prendre, et d'abord je fus prise
Dans les filets de mon vainqueur,
Qui seul possédera mon cœur.
Par les ardeurs du pur amour
Ma course s'en fera plus vite ;
Car il fait souffrir nuit et jour
Toutes ses pauvres Sunamites ;
Il leur fait souffrir mille morts,
Par tous ses amoureux transports.
Je suis au Cœur de Jésus-Christ,
M'en dût-il coûter mille vies,
Puisqu'en lui mon nom est écrit.
Pour l'aimer, je suis une hostie
Sacrifiée à tout souffrir :
Je ne veux plus d'autre plaisir.
Pour faire ma confession
De ce qui le plus me tourmente,
C'est ma grande dissipation
Qui m'empêche d'être fervente,
Pour consommer vite mes jours
Dans les ardeurs du pur amour.
L'amour me presse incessamment
De lui faire des sacrifices
De tous ces vains contentements,
Pour n'avoir plus d'autres délices
Que de me voir humilier,
Et en tous lieux crucifier.
Si vous voulez que la douleur
Consomme ce reste de vie,
Je suis prête, mon doux Sauveur,
D'être immolée, c'est mon envie,
A toute sorte de tourments,
Pourvu que je meure en aimant.
Oui, je veux mourir sur la croix,
Toute nue et pauvre et souffrante ;
Jésus étant mort sur ce bois,
Je n'ai plus rien qui me contente
Que la mort, la croix et l'amour,
Pour lui rendre quelque retour.
Pourquoi, ô mon unique Epoux !
Ne m'ôtez-vous pas la puissance
D'aimer autre chose que vous,
Et de commettre aucune offense ?
Otez-moi cette liberté,
Elle m'expose à vous quitter.
Plus l'on contredit mon amour,
Plus cet unique bien m'enflamme ;
Que l'on m'afflige nuit et jour,
On ne peut l'ôter à mon âme.
Et plus je souffre de douleur,
Et plus il m'unit à son Cœur.
Ah ! Je voudrais aimer mon Dieu,
Autant que les damnés le haïssent ;
Et brûler d'amour en ce lieu,
Comme ils brûlent dans leurs supplices.
N'aimer pas, c'est là leur tourment,
Moi, je veux mourir en aimant !
Qui dit pur amour, dit la Croix.
De toutes sortes de souffrances
Je suis accablée sous ce poids,
Sans souhaiter ma délivrance ;
Que je chéris cet heureux sort,
Si l'amour me donne la mort !
Pur amour, tu es sans pitié
D'un si long et rude martyre !
J'ai beau soupirer et crier,
Hélas ! tu ne fais que d'en rire.
Du moins fais-moi ce doux plaisir,
Que l'amour me fasse mourir.
Sacré Cœur ! donnez-moi l'amour
Dont tant d'autres âmes se privent,
Ne vous donnant point de retour,
Crainte de se rendre captives.
Je la veux être pour toujours
Dans la prison du pur amour.
J'ai perdu mon cœur en aimant ;
On me l'a dérobé sans crime :
Le plus beau de tous les amants,
M'a fait ce larcin légitime.
J'aurai le sien, ou le trépas,
Puisque sans cœur on ne vit pas.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6