5ème dimanche : prendre le large

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Introduction aux textes liturgiques

« Je mettrai ma loi dans leur cœur » (Jr 31,31-34). Cette promesse a été accomplie dans le Christ quand il nous livra l’Esprit Saint lors de sa pâque. Jésus n’a pas fui sa passion mais il s’est fait obéissant, acceptant de mourir pour porter du fruit (Jn 12,20-33) : il a éprouvé les limites propres à toute humanité, avec l’angoisse et la peur devant la mort. Par là il nous donne accès à un monde nouveau, celui de la grâce (He 5,7-9). C’est par amour pour nous que Jésus vécut cela. Et c’est bien cet amour libérateur qui nous permet de prendre le large dans nos vies !

Cultiver les grands désirs

Dieu vient pour nous donner accès à de larges espaces ! N’est-ce pas un appel à la confiance ? Sur ce chemin, il ne s’agit pas tant d’avoir confiance en soi, en ses capacités ou ses valeurs. Ce n’est pas d’une construction seulement humaine qu’il s’agit, mais d’un édifice spirituel. Il s’agit d’accueillir pas moins que Dieu. En fait ce serait même un danger que de compter sur ses propres forces. Trop s’appuyer sur soi montrerait que l’on se connaît bien mal, manifester une certaine présomption. Tôt ou tard nous serons confrontés à nos limites, aussi puissants soyons-nous. Ici, tout en s’engageant totalement, il s’agit d’apprendre à vivre dans la foi et à se laisser saisir par un amour plus grand : « Ayons une grande confiance, car il convient beaucoup de ne pas minimiser nos désirs, mais, comme Dieu nous l'a dit, croire que si nous prenons courage, nous obtiendrons peu à peu, même si cela n'est pas immédiat, ce que de nombreux saints atteignent avec Sa faveur; car si jamais ils ne s'étaient déterminés à le désirer et, peu à peu, à se mettre à l'œuvre, ils n'auraient pas atteint un état si élevé. Sa Majesté veut des âmes courageuses. Elle est leur amie, à condition qu'elles vivent dans l'humilité, sans nulle confiance en elles-mêmes. » (V 13, 2)

Changer de repères

 Ce chemin vers le large nous invite à compter sur Dieu plus que sur nous-même. L’oraison, en nous ouvrant à la présence intérieure du Dieu d’amour, crée en nous un autre espace et d’autres repères. Thérèse parle de cette expérience d’une vie nouvelle après sa conversion déjà évoquée :

« A partir d'ici, c'est un nouveau livre, ou plutôt une nouvelle vie: celle dont j'ai fait le récit était ma vie; celle que j'ai vécue depuis que j'ai commencé à parler de ces choses de l'oraison est celle de Dieu vivant en moi, à ce qui me semblait; car je comprends qu'il m'eût été impossible autrement de perdre en si peu de temps de si mauvaises habitudes et de renoncer à de si mauvaises actions. Loué soit le Seigneur qui m'a délivrée de moi-même. Lorsque j'eus commencé à fuir les occasions et à m'adonner davantage à l'oraison, le Seigneur commença à m'accorder ses faveurs comme s'il eût désiré, semblait-il, que je veuille bien les recevoir. » (Vie 23,1)

            Une telle nouveauté peut décontenancer au début. Nous avions telle façon d’être avec les autres et même avec soi-même, telle façon de réagir aux conflits par la peur, le mépris ou l’anxiété. Et pourtant peu à peu certains plis, certains défauts, disparaissent. Les autres peuvent le percevoir et nous le faire remarquer, à notre surprise ! Ils peuvent eux-mêmes être interpellés quand ils nous voient prendre patience, pardonner, être plus à l’écoute qu’auparavant. Tout ce changement intérieur peut nous troubler. Il faut alors s’appuyer sur les repères extérieurs que nous avons afin de continuer sans angoisse le chemin intérieur. Ces repères sont le plus souvent les rythmes liés à notre travail, à nos obligations familiales ou engagements divers. Ces cadres extérieurs nous aident à gérer ce changement de repères intérieurs : quand la Vie de Dieu s’invite, cela peut nous déstabiliser ! Prendre le large, larguer les amarres ne veut pas dire nécessairement changer tout de suite de cadre de vie.

Un point particulier sera le changement de notre rapport au temps, signe d’autres déplacements intérieurs. Notre ancrage dans le monde se situera dans la profondeur de notre être, à distance de l’instantanéité et des urgences pas si urgentes. Nous pourrons apprendre à résister à la frénésie de nous tenir au courant des derniers scoops ou avoir moins besoin de nous situer par rapport au nombre d’amis sur les réseaux sociaux. Certes au début cela peut nous faire peur, peur de tomber dans le vide, de croire que l’on sera moins en prise avec la vie. Cependant sans s’en apercevoir le cœur se pacifie, se fortifie. Ce qui se perd en surface, se gagne en profondeur. Le fait de prendre du recul nous donne plus d’assurance. Et lorsque l’adversité survient, nous aurons plus de force pour la traverser et lui donner sens.

            Avec confiance cette semaine, prenons donc ce chemin divin qui mène au large !

 

            fr. Yannick Bonhomme (Couvent de Lille)

Téléchargez toute la méditation sur : www.carmes-paris.org/careme2015s5

 

Prière de la communauté

Prière du 5° centenaire de sainte Thérèse

Sainte mère Thérèse de Jésus ! Toi qui t'es livrée tout entière au service de l'amour, enseigne-nous à marcher avec détermination et fidélité sur le chemin de l'oraison intérieure, en fixant notre attention sur le Seigneur Dieu Trinité, toujours présent au plus intime de notre être. Consolide en nous le fondement d'une véritable humilité, d'un détachement renouvelé, et d'un amour fraternel inconditionnel, à l'école de Marie, notre Mère. Transmets-nous ton ardent amour apostolique pour l'Église. Que Jésus soit notre joie, notre espérance et notre dynamisme, Source inépuisable de la plus profonde intimité. Bénis la grande famille carmélitaine, et apprends-nous à prier de tout cœur avec toi : « Je suis à Vous, Seigneur, pour Vous je suis née. Que voulez-Vous faire de moi ? » Amen.

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6 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Prions pour Carême : Retraite avec Sainte Thérèse d'Avila

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