Présentation : 'Grande retraite de Rome' du Père Eymard – 1865
Grande retraite de Rome – 1865
Du 25 janvier au 30 mars 1865, Pierre-Julien Eymard vivra, 65 jours durant, cette expérience spirituelle d'une profondeur extrême, à Rome, chez les Rédemptoristes.
Mais écoutez plutôt le père du Saint Sacrement André Guitton nous présenter le contexte de cette retraite exceptionnelle :
La retraite que le P. Eymard fait à Rome en 1865, se situe dans le contexte difficile de la négociation pour fonder une communauté à Jérusalem, si possible au Cénacle. On l'appelle communément la “grande retraite de Rome”, en référence à sa première retraite à Rome en 1863. Grande, elle l'est par sa longueur et l'abondance des notes que le P. Eymard a laissées. Grande aussi, par son importance dans la vie du fondateur.
Brièvement : à deux reprises au cours de l'année 1864, le P. de Cuers* s'est rendu à Jérusalem pour essayer de poser les bases d'une fondation à Jérusalem. Mais c'est l'impasse. Le P. Eymard se décide à partir à Rome pour suivre l'affaire et, si possible, la faire aboutir. Il arrive à Rome le 10 novembre 1864 et est hébergé au Séminaire français. Il déploie toutes ses ressources auprès du Cardinal Barnabò, Préfet de la Propagande, et de Monseigneur Capalti, Secrétaire, pour faire aboutir son projet. Il prend conscience des difficultés considérables que sa demande suscite, de la situation presque sans issue où il se trouve. Mais il espère. Les obstacles administratifs se multiplient : renvoi de la question, maladie du Cardinal Préfet, fêtes de Noël… Le P. Eymard ne quitte pas la place. “À Rome, si on ne pousse pas, si on n'est pas là, c'est long !” (au P. de Cuers, 2 décembre 1864, CO 1490). Matheysin opiniâtre, il va camper à Rome jusqu'à ce que la sentence soit portée. Il profite de ce repos forcé pour travailler à la bibliothèque du Séminaire français sur des sujets qui lui tiennent à cœur : vie religieuse, eucharistie, liturgie.
Le 25 janvier 1865, il se retire à la Villa Caserta, chez les Rédemptoristes, près de Sainte-Marie-Majeure. Il entre en retraite. Il perçoit que le combat à mener est intérieur. Il va rester neuf semaines sur l'Esquilin.
Les notes qu'il a transcrites au jour le jour pour son usage sont le témoignage le plus important de son expérience de Dieu et demeurent un très beau texte de la littérature spirituelle. Il exprime avec force son désir de conversion, la beauté de la vocation eucharistique, le souci de centrer sa vie sur l'Eucharistie, son désir d'un don toujours plus entier de lui-même, qui trouve son achèvement dans la grâce du 21 mars avec le “don de la personnalité”.
Comment résumer la “grande retraite de Rome” du P. Eymard ? Il faut la lire et la relire pour saisir le mouvement de son âme dans une quête ardente de Dieu, sur fond d'une affaire toute temporelle. Au terme, il doit renoncer à “conquérir le Cénacle” pour accueillir comme un don “le Cénacle intérieur”. Dès lors, une voie nouvelle s'ouvre dans sa vie et son apostolat.
Le 30 mars, épuisé, le P. Eymard quitte Rome. Il rentre par la route des Alpes, s'arrête à Lyon où il reçoit l'hospitalité de Madame Jordan et arrive à Paris le 8 avril, la veille des Rameaux, pour les célébrations de la Semaine sainte.
S. Pierre-Julien Eymard, Retraites et notes spirituelles personnelles, vol. II (2e partie : 1856-1868), p. 23-138 ; André Guitton, Édition de la Maison générale des Pères du Saint-Sacrement, Rome, 1996 ;
et Œuvres complètes en ligne ;
et Œuvres complètes (17 volumes) Éditions Nouvelle Cité, 2012.
* Raymond de Cuers est le premier compagnon du Père Eymard qui sera aussi avec lui le premier Père du Saint Sacrement, à Paris.
- Pour prier en nous rapprochant du Père Eymard nous avons choisi la version latine d'Âme du Christ, Anima Christi, par Les Voix de l'Unité :
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6