A moi, l'orgueilleux, ferme ma bouche, pour y mettre le silence et la simplicité

Dix-septième lundi du temps ordinaire    
Méditation biblique n°592

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

De l'exode :

En ces jours-là, Moïse redescendit de la montagne. Il portait les deux tables du Témoignage ; ces tables étaient écrites sur les deux faces ; elles étaient l'œuvre de Dieu, et l'écriture, c'était l'écriture de Dieu, gravée sur ces tables. Josué entendit le bruit et le tumulte du peuple et dit à Moïse : « Bruit de bataille dans le camp. » Moïse répliqua : « Ces bruits, ce ne sont pas des chants de victoire ni de défaite ; ce que j'entends, ce sont des cantiques qui se répondent. » Comme il approchait du camp, il aperçut le veau et les danses. Il s'enflamma de colère, il jeta les tables qu'il portait, et les brisa au bas de la montagne. Il se saisit du veau qu'ils avaient fait, le brûla, le réduisit en poussière, qu'il répandit à la surface de l'eau. Et cette eau, il la fit boire aux fils d'Israël. […] Moïse retourna vers le Seigneur et lui dit : « Hélas ! Ce peuple a commis un grand péché : ils se sont fait des dieux en or. Ah, si tu voulais enlever leur péché ! Ou alors, efface-moi de ton livre, celui que tu as écrit. » Le Seigneur répondit à Moïse : « Celui que j'effacerai de mon livre, c'est celui qui a péché contre moi. Va donc, conduis le peuple vers le lieu que je t'ai indiqué, et mon ange ira devant toi. Le jour où j'interviendrai, je les punirai de leur péché. » (Ex 32, 15-24.30-34)

De la Parole du jour (Matthieu) :

En ce temps-là, Jésus proposa aux foules une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu'un homme a prise et qu'il a semée dans son champ. C'est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. » Il leur dit une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au levain qu'une femme a pris et qu'elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que toute la pâte ait levé. » Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole, accomplissant ainsi la parole du prophète : J'ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde. (Mt 13, 31-35)

Méditation :

Il y a une tendance, qui est à la mode, c'est le retour de la rhétorique.

La rhétorique, en somme, est l'art de convaincre, en utilisant de jolis mots, de jolies tournures, de jolies citations. Cet art est utile en politique, en plaidoiries, dans le commerce, dans les affaires, dans les dîners mondains. L'art de la rhétorique, c'est aussi celui de la séduction. Elle est même nécessaire pour de belles homélies.

Rien de nouveau sous le soleil.

Il y a aussi, Seigneur, ceux qui aiment à s'écouter, dans des conférences érudites, voire incompréhensibles, où il faudrait, pour le pauvre d'esprit que je suis, un dictionnaire à chaque mot.

Et puis il y a le parler dominant, celui de la masse, jeune ou moins jeune, qui se soustrait des règles d'usage, qui a son propre vocabulaire, son propre jargon. Certains s'en affligent, disant : quel désastre, la langue française se perd. Pour ma part, je ne suis pas très ému, car si c'est la langue du peuple, je dois l'écouter avec respect et humilité.

En tant que professeur, je suis le premier amoureux des mots, de l'orthographe, de la syntaxe, de la grammaire. Mais je suis aussi le premier à en connaître les risques. Les mots, à l'orale ou à l'écrit, ont un pouvoir.

Toi, Jésus, le Christ, Verbe de Dieu, Sagesse de toutes sagesses, rien de complexe ne sort de ta bouche. Au contraire, soucieux des ignorants, et des savants rendus ignorants par leurs cervelles trop pleines, tu utilises des mots simples, clairs, univoques, acérés comme des glaives. Et pour nous enseigner comment vivre de ton amour, tu parles en paraboles, c'est-à-dire en histoires imagées, parlantes, à la portée de tous, agricoles, familiales, sur la vie, sur la mort, le mensonge, la trahison, l'adultère, la relation entre maîtres et serviteurs, afin que nous comprenions que comme la petite graine de moutarde, cela n'est pas à nos amoindrissements dans ce monde que nous serons jugés, dans ton Royaume qui permet, comme un levain, de nous faire lever, nous élever, mais à notre manière d'aimer.

C'est simplement, sans chercher à séduire, avec des mots directs et sans ambiguïté, que tu nous révèles ce qui était caché.

Le décalogue, la Torah, les dix commandements donnés à Moïse, sont d'ailleurs très simples et très clairs : voilà ce qu'il faut faire et ne pas faire. Moïse l'avait enseigné au peuple, qui avait fait alliance, avant de monter vers l'Eternel sur la montagne, et de recevoir les tables de la Loi écrites du doigt de Dieu. Quarante jours et quarante nuits à écouter les diverses dispositions.

Qu'elle furent grandes, sa déception et sa colère lorsque, descendant du mont SinaÏ, les deux plaques dans les mains, il entend une clameur anormale, et le mensonge d'Aaron.

Non, le peuple ne se bat pas.

Le peuple a trouvé le séjour de Moïse trop long, alors, il a réuni des métaux pour ériger un veau d'or, une vulgaire statuette qu'il était simple de vénérer en chantant, buvant et mangeant, dans une débauche insoutenable.

De colère, Moïse brise les tables.

Elles étaient écrites par toi Seigneur. Il les brise.

Cette foule, Seigneur Jésus, qui t'écoute parler, est semblable à ce peuple idolâtre. Elle se réjouit de tes miracles, de tes paroles, mais au jour de ta passion, c'est la même foule qui te conspuera, qui t'insultera, qui te condamnera et qui te crucifiera. Toi qui es la parole vivante, et la Loi en chair et en os, on a martyrisé ton corps jusqu'à la mort : comme les tables, tu es brisé !

Elles seront réécrites, les tables, et gardées dans l'arche d'alliance. Et toi, Saint des saints, au troisième jour tu ressuscites dans la gloire !

Le langage est pernicieux. C'est lui qui, souvent, nous perd.

Il y a une phrase pompeuse qui me revient souvent et qui pourtant sert mon propos : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément. » Nicolas Boileau, dix-septième siècle. En sciences, ne dit-on pas : l'explication la plus simple est souvent la bonne ?

Évidemment, Seigneur, loin de moi de viser la théologie, que j'aime énormément, mais autant, Christ, tu es simple, autant, Dieu créateur, tu es d'une complexité absolue que nous ne pouvons qu'approcher.

Ce que tu veux pour nous, Seigneur, ce sont des choses simples pour vivre cette vie selon ta volonté : dans la foi, l'espérance, la charité et l'amour, sur le chemin de la sainteté, pour accéder, une fois notre pèlerinage terminé, à la plénitude de ton Royaume, où nous pourrons contempler la complexité et la beauté divines, devant la face du Très-Haut.

A moi, l'orgueilleux, ôte de ma bouche les vanités, pour y mettre le silence et la simplicité.

Que ton Nom soit béni, Seigneur, Père, Fils et Saint-Esprit !

Notre Dame des petits, des humbles, des pauvres d'esprit, prie pour nous et notre monde.

Amen.

Frères et sœurs, bien-aimés en Christ, exprimez-vous en commentaires ; ajoutez vos prières, réflexions et méditations, afin que nous puissions échanger dans la paix du Christ !! Je lis chaque jour vos mots, et porte vos intentions dans ma prière.

Franck Rousselot, le 25 juillet à Nice, en la fête de Saint Jacques le Majeur, frère de Saint Jean l'Evangéliste.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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4 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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