Que je n'oublie pas cet enfant mort sur la plage, Seigneur, un frère, réfugié !

Quinzième lundi du temps ordinaire

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

De l'exode :

En ces jours-là, un nouveau roi vint au pouvoir en Égypte. Il n'avait pas connu Joseph. Il dit à son peuple : « Voici que le peuple des fils d'Israël est maintenant plus nombreux et plus puissant que nous. Prenons donc les dispositions voulues pour l'empêcher de se multiplier. Car, s'il y avait une guerre, il se joindrait à nos ennemis, combattrait contre nous, et ensuite il sortirait du pays. » On imposa donc aux fils d'Israël des chefs de corvée pour les accabler de travaux pénibles. […] Mais, plus on les accablait, plus ils se multipliaient et proliféraient, ce qui les fit détester. […] Pharaon donna cet ordre à tout son peuple : « Tous les fils qui naîtront aux Hébreux, jetez-les dans le Nil. Ne laissez vivre que les filles. » (Ex 1, 8-14.22)

De la Parole du jour :

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera. Qui vous accueille m'accueille ; et qui m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d'eau fraîche, à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. » Lorsque Jésus eut terminé les instructions qu'il donnait à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et proclamer la Parole dans les villes du pays. (Mt 10, 34 – 11, 1)

Méditation :

Tu nous donnes Seigneur, au cœur de cet été, de lire le livre de l'Exode.

Sans doute l'un des livres des plus importants pour les juifs, et pour nous les chrétiens.

Livre éminemment juif, autour de Moïse, le plus grand prophète du Judaïsme.

Livre éminemment évangélique, avec cette première Pâque, ce passage de la mer des joncs à pieds secs pour fuir le joug égyptien et rejoindre la terre promise à Abraham.

Ce qu'il est en train de se passer en Égypte, bien des années après la mort de Joseph, c'est la croissance non prévue d'un peuple d'immigrés, ici le peuple Hébreux, qui avait fui la famine de Canaan.

Ce surnombre pose un problème démographique et arithmétique : ils vont être plus que nous, se dit Pharaon, et finiront par nous dépasser et par nous vaincre, donc il faut les accabler, et ceci de la façon la plus sordide qu'il soit : en les aplatissant de travail, et en donnant la mort aux nouveaux nés garçons et non aux filles. C'est un moyen de saper la force potentielle de guerre, tout en gardant la fécondité des femmes.

Ces actes odieux, ils existent depuis longtemps, ils ont eu lieu à de nombreux endroits. Il y a d'une part la parole humaine et humanitaire qui veut porter secours au peuple en train de mourir, et l'autre, tout aussi humaine, qui voit dans l'étranger le plus grand des dangers.

Nous le vivons aujourd'hui, et cela ne va pas s'améliorer. Les guerres qui ont lieu à l'orient, imbriquées à l'occident dominant, met des millions de personnes en chemin, vers une terre meilleure, et ils sont pris à risquer leurs vies en traversant la méditerranée dans des bateaux de fortune. J'ai en mémoire cette photo insoutenable, qui a marqué le monde, de ce petit enfant (il avait alors l'âge de mon fils) échoué sur la plage, la tête dans le sable, mort. J'arrivais à peine à la regarder tant elle m'atteignait d'une horreur froide.

Le pape François est le vicaire du Christ, et tient de l'Esprit-Saint son infaillibilité. Au retour de son voyage en Irak, il a dit quelque chose d'essentiel : il faut reconnaître le droit à la migration comme un droit fondamental de l'homme. A-t-il été entendu ?

A l'heure où des échéances électorales tombent partout, et où la migration est un sujet de choix, j'aimerais, Seigneur, qu'on se souvienne de la photo de ce petit garçon. Certains disent que le sentimentalisme n'a pas lieu en politique… Et pourquoi ? Pourquoi l'amour qui nous lie a nos frères serait en dehors de la politique ? Il est au contraire au centre, et c'est avec tes phrases, Jésus, que nous devons être guidés. L'évangile du jour est clair. Celui qui donnera même de l'eau à l'un des plus petits, il aura une grande récompense. L'eau, cela n'est rien, et cela manque si cruellement ailleurs.

Tu n'es pas la paix que l'on espère en dormant sur nos deux oreilles, mais tu es le glaive qui vient casser les réflexes claniques familiaux, communautaires, religieux, pour faire de moi non pas un catholique parmi tant d'autres, mais un chrétien, libre et autonome, qui suis appelé de façon personnelle. Autrement, je ne peux pas prendre ta croix, et encore moins la mienne. T'aimer toi, en premier, c'est avoir l'assurance d'un regard juste sur le monde.

Ai-je toujours été accueillant et sans mauvaise pensée avec le réfugié ? Je serais le plus grand des menteurs de le dire ! Ce réflexe de rejet de l'autre est malheureusement bien ancré dans l'humanité crasse. Mais toi, Seigneur, tu viens nous bousculer, tu viens nous déranger, tu viens bouger les lignes, car tu nous apportes la fraternité totale, celle entre tous les hommes, tous dignes de te connaître et d'être un membre de ton corps.

Aujourd'hui, la guerre. Demain la famine, les épidémies, le climat.

Combien d'enfants morts sur une plage nous faudra-t-il pour réagir, nous, et nos responsables politiques ? Pourquoi la voix du pape est comme celle de Jean Baptiste dans le désert, ignorée par beaucoup ? Pourquoi n'est-il pas écouté, sans forcément parler de religion, mais ne serait-ce que pour pour sa Sagesse ?

Que je n'oublie jamais cet enfant mort sur la plage, Seigneur, un frère, réfugié !

Que ton Nom soit béni, Seigneur, Père, Fils et Saint-Esprit !

Notre Dame de tous les peuples, prie pour nous et notre monde.

Amen.

Frères et sœurs, bien-aimés en Christ, exprimez-vous en commentaires ; ajoutez vos prières, réflexions et méditations, afin que nous puissions échanger dans la paix du Christ !! Je lis chaque jour vos mots, et porte vos intentions dans ma prière.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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