3ème jour : Humilité
Méditation et prière en audio :Méditation et prière en texte :
Ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi ; ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin que personne n'aille se glorifier devant Dieu. - 1Co 1, 27-29
Saint Paul écrit ces mots après avoir demandé aux destinataires de sa lettre de regarder autour d'eux les membres de leur communauté : « peu de sages aux yeux des hommes, peu de gens puissants ou de haute naissance ». Il n'est pas certain qu'en France la communauté catholique mériterait cette remarque. Cependant, comme des fleurs au milieu d'une prairie, on y trouve encore des personnes porteuses de trisomie 21. Accueillies à leur naissance ou épargnées après une détection anténatale, ou encore adoptées après un abandon précoce. Dès le second siècle de notre ère, l'auteur de la lettre à Diognète notait que les Chrétiens se différenciaient de leurs contemporains : « Comme les autres, ils se marient, comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les abandonnent pas ». Et ces premiers chrétiens recueillaient même de nombreux enfants abandonnés par les Romains.
Notre fierté en Dieu seul
S'il en est de même aujourd'hui, aucune raison de s'en enorgueillir : ce serait un comble après avoir écouté saint Paul dont la suite de la lettre nous incite à « mettre notre orgueil dans le Seigneur ». Mais occasion de se réjouir qu'il existe encore des « oasis de vie dans la vérité », des lieux où la vie est accueillie inconditionnellement. Après tout, c'est normal : les chrétiens sont le peuple de la vie. Refuge pour les exclus, les rejetés, les méprisés !
Même quand c'est difficile. « La récompense est plus grande que le sacrifice » m'ont écrit les parents (biologiques) d'un petit garçon de 4 ans, né avec une trisomie 21 et une cardiopathie, que je sollicitais pour nous. Leur témoignage m'a fait penser à une phrase entendue de Jean et Lucette Alingrin, parents adoptifs de plusieurs enfants porteurs de handicaps, et dont l'œuvre Emmanuel a permis l'adoption de nombreux bébés trisomiques : « C'est quand le cœur est le plus déchiré qu'il peut-être le plus rempli. » Autrement-dit, les situations les plus difficiles sont souvent celles qui provoquent et appellent le plus de grâces.
Oswald
Je me souviens de ma première visite dans une institution pour enfants polyhandicapés à un adolescent prénommé Oswald, que nous envisagions d'emmener en week-end A Bras Ouverts. En plus de sa trisomie, il avait un syndrome autistique et était sans famille. Oswald s'était précipité vers moi, m'avait aussitôt tiré la cravate et craché au visage puis s'était enfui. Je m'étais dit : « Cela ne va pas être facile ! ». Eh bien, quelques années plus tard, quand on parlait d'Oswald, c'était avec émotion, tendresse, admiration. Oswald avait conquis les cœurs. Derrière l'apparente incommunicabilité, sa grande sensibilité, ses facéties, son attention discrète à la vie autour de lui étaient relevés comme des trésors. Aux fragiles, la place de choix ! Quand Oswald est tombé malade, tout le groupe s'est relayé à son chevet, et quand il est mort, ce fut un grand deuil.
Comme des bûches !
Bien sûr, il ne s'agit pas d'occulter toutes les peines occasionnées par un handicap, mais de nous réjouir de la façon dont les personnes plus fragiles nous humanisent. « Touchez-moi, moi, l'intouchable, vous vous réconcilierez avec votre part de vulnérabilité » nous dit Philippe Pozzo di Borgo, qui est tétraplégique. En rejoignant la personne vulnérable, je m'accepte moi-même. Je peux réaliser en vérité que Jésus est venu pour moi, en tant que malade et pécheur, non pas en tant que juste et bien portant. Moi aussi, je suis limité, moi aussi je ne comprends pas grand-chose à la vie. Et si je reconnais mes limites, ma dépendance, mes échecs et mon péché, je suis plus sensible à la gloire de Dieu et à sa miséricorde. Dures et chères limites qui me font goûter mon besoin d'être sauvé par le Tout Autre ! Le bon père André Zante – qui souffrait beaucoup psychiquement – répétait dans ses encouragements à la prière : « Quand nous prions, nous restons comme des bûches : eh bien ! Dieu nous aime bûches ». Heureusement ! Ne sommes-nous pas tous handicapés devant Lui ?
Prions
Seigneur, nous voici devant toi, désireux de reconnaitre que les plus petits sont nos maîtres. Parce qu'ils sont simples et humbles, et que nous sommes trop souvent compliqués et suffisants.
Nous te prions pour ceux qui non seulement ne sont rien aux yeux du monde, mais sont même trop souvent considérés comme négligeables à nos propres yeux.
Nous te prions pour les personnes trisomiques qui sont considérées comme plus « difficiles » : celle qui ne parlent pas, qui ont un sur-handicap, qui sont angoissées, sourient peu, celles qui épuisent ou découragent leurs proches, celles qui, dans le temps de leur vieillesse, perdent des capacités et semblent régresser.
Et ne te rendons grâce pour tous ceux qui leur témoignent amour, respect et fidélité. Amen.
Merci ! 670 personnes ont prié
11 commentaires
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6