Mercredi des Cendres: introduction
Mercredi des Cendres :
« passer saintement ce Carême »
« Rayonner Dieu » : cette expression revient de nombreuses fois sous la plume d’Élisabeth. À son amie Germaine de Gemeaux, elle précise : « une âme unie à Jésus est un vivant sourire qui le rayonne et qui le donne » (L 252). Pour elle, « rayonner Dieu », n’est pas le privilège de quelques âmes, mais la mission de tout baptisé.
1. Le parcours de vie de sainte Elisabeth (1880-1906)
Élisabeth Catez est née le 18 juillet 1880, au camp militaire d’Avord, près de Bourges où son père est en garnison. Quand elle a deux ans, la famille vient habiter à Dijon où naît sa sœur Marguerite. Le 2 octobre 1887, son père meurt dans ses bras. Élisabeth a une nature volcanique et colérique qu’elle cherche à vaincre par amour de sa mère et de Dieu. Sa préparation à la première communion l’aide fortement dans ce combat. Et elle reçoit le « Bien-Aimé de l’Eucharistie » (P 47) le 19 avril 1891. Lors d’une visite au Carmel, la prieure lui révèle que son nom signifie « maison de Dieu », ce qui lui ouvre des perspectives infinies…
Sa mère l’inscrit au conservatoire de musique. Elle obtient le 1er prix de piano le 25 juillet 1893. Dans le monde, elle mène une vie tout ordinaire, participant aux soirées mondaines, faisant des visites, le catéchisme… A l’âge de 14 ans, elle perçoit un appel à devenir carmélite mais sa mère s’opposera à sa vocation pendant plusieurs années. Dans ce tourbillon d’activités, Élisabeth reste centrée sur l’essentiel : « Même au milieu du monde on peut l'écouter dans le silence d'un cœur qui ne veut être qu'à Lui ! » (L 38).
Le 2 août 1901, elle entre au carmel de Dijon ; le 8 décembre elle reçoit l’habit et devient sœur Élisabeth de la Trinité. Le 11 janvier 1903, elle prononce son engagement définitif. C’est le 21 novembre 1904 qu’elle rédige sa célèbre prière « Ô mon Dieu Trinité que j’adore » (NI 15). En carême 1905, apparaissent les premiers symptômes de la maladie d’Addison. Elle choisit de vivre cette épreuve comme une grâce de ressemblance et de conformité au « Bien-Aimé crucifié par amour » (NI 15). Le 9 novembre 1906, elle achève son parcours terrestre. Ses dernières paroles audibles sont : « Je vais à la lumière, à l’amour, à la vie. ». Jusqu’au bout, Élisabeth s’est livrée aux rayons de l’Amour divin et l’a rayonné.
En la déclarant Bienheureuse, le 25 novembre 1984, le saint pape Jean-Paul II proclame qu’elle est : « un témoin éclatant de la joie d’être enraciné et fondé dans l’amour ». Le 16 octobre 2016, le pape François la proclame « sainte ».
2. L’esprit de la retraite pour « passer saintement ce Carême » (Journal 12)
Nous vous proposons de vivre ce temps de carême en compagnie d’Élisabeth qui nous en donne quelques indications : « Pendant ce Carême, je vous donne rendez-vous en l’Infini de Dieu, en sa Charité : voulez-vous que ce soit le désert où, avec notre divin Époux, nous allons vivre en une profonde solitude, puisque c’est dans cette solitude qu’Il parle au cœur » (L 156, février 1903). Dans cette lettre, Élisabeth confie à Madame Angles comment elle réagit face aux petits sacrifices qui se présentent : « C’est si bon, lorsque l’on sent ces petites choses, de regarder le Maître qui Lui aussi a enduré tout cela parce qu’Il nous a “trop aimés” comme dit saint Paul : alors on a soif de Lui rendre amour pour amour ! » (L 156).
Avant son entrée au Carmel, Élisabeth a déjà donné son cœur et son corps au Seigneur Jésus et quelques engagements vont manifester le débordement et l’humble réalisme de son amour. Elisabeth se sert de petites occasions pour prouver son amour au Seigneur en luttant contre son égoïsme et en mettant le Christ à la première place dans la logique de l’Evangile. Elle le fait avec discrétion mais les conseils qu’elles donnent à ses amies nous renseignent sur son ascèse amoureuse : Ne pas prendre le fruit préféré dans le compotier du dessert ; attendre au lendemain pour lire une lettre qu’elle vient de recevoir, sourire pour réprimer un mouvement d’impatience ; mettre une petite allumette dans sa chaussure ; accepter des maux de tête en les unissant à ceux du Christ couronné d’épines ; etc. Chez Elisabeth, il n’y a pas de masochisme mais une recherche constante de moyens qui manifestent notre amour pour Jésus au long des jours. Tout peut être l’occasion de nous unir au Seigneur, les joies comme les peines. Et les petits sacrifices expriment notre désir de conversion pour que Dieu désencombre notre moi de son égoïsme et que nous devenions des enfants de Dieu libres pour aimer et Le rayonner. Elisabeth a vécu à son époque ; à nous d'inventer les petits moyens d'amour adaptés à notre temps.
Pour ce temps de Carême, Élisabeth nous fait, à nous,
la même proposition qu’à sa sœur Guite :
« Rappelle-toi toujours qu’Il te cherche et qu’Il t’aime
Qu’Il veut te transformer en un autre lui-même :
Laisse-toi emporter sur ces monts lumineux
Où se consomme enfin l’union avec Dieu !
Puisqu’Il demeure en toi, il faut que tu le donnes,
Que partout et toujours ton âme le rayonne » (P 82).
3. La dynamique de la retraite pour vivre un « bon carême » (L 225)
Voici notre programme de carême ; 7 étapes pour nous désencombrer de ce qui empêche la lumière du Christ de rayonner à travers nous :
- 1ère semaine : engager la lutte
- 2ème semaine : regarder et écouter Jésus
- 3ème semaine : adorer en esprit et en vérité
- 4ème semaine : accueillir la lumière du Christ
- 5ème semaine : intercéder avec justesse
- Semaine sainte : vivre la Pâque de Jésus
- Pâques : rayonner Dieu
Bonne retraite de carême !
fr. Didier-Marie Golay, ocd (couvent de Lisieux)
Pour les personnes souhaitant retrouver les textes d’Elisabeth qui seront cités, voici les abréviations des références renvoyant aux œuvres complètes : CF (Ciel dans la Foi), DR (Dernière Retraite), GV (La Grandeur de notre Vocation), J (Journal), L (Lettres), LA (Laisse-toi Aimer), NI (Notes Intimes), P (Poésies).
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6