Jour 6 - Marie-Françoise Perroton, pionnière aux confins de l'Océanie

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Les îles de Wallis et Futuna sont à 16 000 km de la France Métropolitaine. L'explorateur Louis-Antoine de Bougainville a accosté à Futuna le 11 mai 1768 et a baptisé l'île « l'enfant perdu du Pacifique »… 

Saviez-vous que mademoiselle Marie-Françoise Perroton fut, en 1846, la première femme missionnaire à débarquer en Océanie ?

Originaire d'un milieu modeste, Marie-Françoise Perroton est née en 1796 à Lyon. Célibataire, elle se consacre à l'éducation en étant enseignante et gouvernante. Mais cette femme simple et pieuse porte déjà l'Église universelle dans son cœur. Dans le sillage de Pauline Jaricot, elle s'active dans l'Association lyonnaise de la Propagation de la Foi. La demoiselle Perroton est la figure typique de ces femmes humbles et généreuses qui entourent Pauline Jaricot. Avec d'autres, ouvrières ou commerçantes, elles organisent des groupes de dix personnes qui prient et collectent un sou par semaine pour les Missions. Cette œuvre de charité missionnaire qui connaît un succès fulgurant cherche aussi à éveiller la conscience missionnaire des catholiques. Elle favorise la communion dans l'Église par la prière mais aussi en informant les fidèles sur la vie des missionnaires. Lettres, nouvelles, photographies, cartes et rapports sont publiés régulièrement dans les Annales de la Foi.

En 1843, Marie-Françoise a 47 ans, elle lit dans les Annales de la Propagation de la Foi une petite lettre adressée aux chrétiens de Lyon :

Nous vous faisons une demande : c'est de nous envoyer, si vous nous aimez, quelques femmes pieuses pour instruire les femmes d'Uvéa. 

La demoiselle Perroton est secouée par cet appel qu'elle reçoit très personnellement. Est-elle concernée ? A son âge ? Le Seigneur peut-il s'adresser à elle à travers ces quelques mots envoyés comme une bouteille à la mer ? La demande est pressante, urgente. La fibre missionnaire de cette femme vibre. Une vocation tardive ? Elle prie, prend conseil auprès de son père spirituel. Enfin, sa décision est prise et sans tarder elle répondra : « Me voici, envoie-moi » mais à sa manière… 

A mon âge il ne faut pas faire de coup de tête. Non, mes réflexions sont faites et définitives.

Un long voyage se prépare. Deux ans plus tard, elle quitte Lyon et sa famille sans l'avoir revue. Célibataire, laïque, sans moyen mais pleine de courage, elle embarque pour onze mois de mer à bord de l'Arche d'Alliance, un navire commandé par Auguste Marceau, « le missionnaire des missionnaires ». Il y a 16 000 km à parcourir, elle sera domestique à bord pour payer son transport… et dira non sans humour : 

Une fois arrivée, Dieu pourvoira à ma subsistance.

En 1846, elle jette l'ancre sur l'île de Wallis qui fait 75 km2. L'évêque, Monseigneur Bataillon la reçoit froidement. Arrivé en 1837 en Océanie, il est considéré comme le fondateur de l'Église à Wallis et Futuna. C'est un homme dur et imposant qui n'aura jamais aucune délicatesse pour la demoiselle Perroton et lui reprochera toujours de ne pas être religieuse…

Sur l'île, la vie de la nouvelle missionnaire est spartiate. elle dort sur le sol, dans une cabane. La nourriture est simple, les moustiques envahissants et la température ne descend pas sous les 25°C. La promiscuité avec les insulaires est particulièrement éprouvante pour Marie-Françoise. Mais elle ne craint pas, ne se plaint pas. Elle collabore avec les Pères Maristes, dont la vocation est d'« accroître la gloire de Dieu, et l'honneur de sa Très Sainte Mère ». Les Maristes avec qui elle œuvre en Océanie diront d'elle :

La demoiselle Perroton […] est très pieuse, ferme, courageuse, assez sage : si une femme pouvait venir en Océanie, c'est bien elle.

Cependant, au-delà des conditions de vie, des relations froides avec Mgr Bataillon, une autre difficulté mine Marie-Françoise et freine son ardeur missionnaire. Elle a beaucoup de mal à apprendre le wallisien… Cette langue polynésienne qu'elle peine à maîtriser est pourtant la clef pour vivre avec les îliens. Mais elle se rapproche d'Amélia, la fille du roi Wallisien, qui l'introduit auprès des jeunes femmes de l'archipel.

Malgré l'accueil et sa progressive intégration, la demoiselle Perroton est toujours la seule femme missionnaire sur l'île. Cette solitude est une terrible épreuve. Les rares nouvelles apportées par les bateaux de passage sont un mince réconfort dans son isolement. C'est au Christ qu'elle s'attache, celui à qui elle a donné sa vie, celui qu'elle veut donner à tous.

Toujours avec humour, patience et ardeur, elle se démène pour l'évangélisation. Elle aide les prêtres et consacre beaucoup de temps à l'instruction et l'évangélisation des femmes. « Je ne fais que choir et me redresser » dit-elle de sa mission ! 

En 1854, Mgr Bataillon l'envoie sans explication à Kolopelu sur l'île de Futuna (46 km2). Elle va demeurer là pendant 20 ans, jusqu'à sa mort. Il faut apprendre une nouvelle langue pour échanger avec la population… C'est une nouvelle épreuve pour Marie-Françoise Perroton qui fête ses 60 ans. Fidèle à ses premiers charismes, elle se consacre à l'éducation des jeunes filles. Elle croit que c'est elles qui feront évoluer la société, notamment parce qu'elles élèvent les enfants. Enfin, en 1858, trois femmes françaises la rejoignent à Futuna pour la mission, après des années de solitude. Rapidement, l'évêque les disperse sur différentes îles…

Marie-Françoise Perroton est atteinte d'une maladie des îles, transmise par les moustiques : l'éléphantiasis. Fléau pour les Européens, elle provoque une augmentation considérable du volume d'un membre ou d'une partie du corps. Ses jambes et ses pieds sont terriblement affectés. Tous ses déplacements sont contraints mais elle garde son vif sens de l'humour : 

Il faut maintenant parler chaussures […] il ne me faut pas de souliers pointus, puisque le pied est presque carré et qu'il fait mine d'engraisser de plus en plus. Quand à la jambe, c'est un vrai butte-roues !

Elle va porter cette dernière croix jusqu'à la fin de sa vie, le 10 août 1873, après avoir dit en riant : 

Voilà bientôt vingt-cinq ans que je me suis embarquée, j'espère bien avoir droit à une retraite !

L'audacieuse aventure de Marie-Françoise Perroton nous fait reconnaître que tous les baptisés sont appelés à la mission. Ce n'est pas une affaire de spécialiste, un privilège de prêtre ou de religieuse. Et le Seigneur peut appeler en tout temps, à tout âge !

La solitude du missionnaire peut être une réalité crucifiante, mais c'est aussi le lieu du cœur à cœur avec Dieu. C'est dans le silence et la solitude de la prière que l'on puise l'amour de Dieu à propager. 

Enfin, pour notre mission aujourd'hui, faisons de l'humour un bouclier dans l'épreuve et une voie d'évangélisation, un pont pour annoncer la joie de l'Évangile !

Pour approfondir : Héroïnes de Dieu, Agnès et Guillemette de La Borie, Presse de la Renaissance, Paris 2011,Pages 84 à 115.

Prière de la communauté

Prière pour la Mission

Dieu notre Père, donne-nous l'audace des prophètes. Sans regarder en arrière, avec confiance, nous voulons répondre avec joie : "Me voici, envoie-moi !" Ouvre nos oreilles et nos cœurs à ta Parole. Seigneur Jésus, Aujourd'hui encore tu nous appelles personnellement : "Viens, suis-moi !" Nous te confions tous les missionnaires, que l'Esprit de Pentecôte continue de les fortifier, que tous unis par un même baptême, nous soyons les témoins vivants de ta miséricorde. Amen

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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