"Que du moins votre main s'empare de la mienne" - Anna de Noailles

Bonjour à tous,

La comtesse de Noailles n'était pas croyante. Et pourtant, dans le désespoir, au milieu de ses questionnements, elle aspire à ce Dieu qu'elle ne connaît pas. Et, avec ces mots touchants, elle l'implore.

Imploration au Dieu inconnu

Mon Dieu, je sais qu'il faut accepter la détresse,
Qu'il faut, dans la douleur, descendre jusqu'en bas,
Mais, dans ce labyrinthe où votre main nous presse,
Puisque vous êtes bon, ne se pourrait-il pas

Que nous entrevoyions du moins la claire issue
Que déjà votre main prépare doucement,
Et qu'un peu de lumière au lointain aperçue,
Nous aide à supporter ce ténébreux moment ?

Pourquoi nos maux sont-ils si compacts et si denses
Qu'on semble enseveli dans un obscur caveau ?
D'où vient cette funèbre et perfide abondance
Qui submerge le cœur et trouble le cerveau ?

Pourtant, les lendemains sont quelque fois si tendres,
On revoit les regards que l'on n'espérait plus.
Mais le bonheur fait mal quand il faut trop l'attendre,
Etre sauvés enfin, ce n'est plus être élus.

Consolez-nous parfois dans cette forteresse
Dont vous tenez les clefs et fermez le vitrail ;
Laissez-nous pressentir les futures caresses
Et leur fraîche beauté d'eau bleue et de corail !

C'est trop d'être privé de la douce espérance,
D'être un forçat serré le long du mur,
Qui ne peut pas prévoir sa juste délivrance,
Car la fenêtre est haute et les verrous sont durs.

Pourquoi ce faste affreux de l'angoisse où nous sommes,
Pourquoi ce deuil royal et ces chagrins pompeux,
Puisqu'il vous plait parfois d'avoir pitié des hommes
Et de remettre encor le bonheur auprès d'eux ?

Faut-il donc au destin ces heures pantelantes,
L'émeut-on par un corps qui tremble et qui gémit ?
Nos pleurs sont-ils un peu de cette huile brûlante
Que psyché répandit sur l'Amour endormi ?

S'il se peut, écartez ces moments de la vie
Où nous sommes broyés sous un joug trop étroit,
Et, pareils aux mineurs dans la noire asphyxie,
Nous tentons d'écarter le roc avec nos doigts.

Déjà, loin du plaisir, du monde, des parades,
Mon cœur ardent n'est plus, dans son éclat voilé,
Qu'un feu de bohémiens sur la pauvre esplanade,
Où l'enfant nu console un cheval dételé ;

Mais s'il faut que ces jours de supplice reviennent,
S'il faut vivre sans eau, sans soleil et sans air,
Que du moins votre main s'empare de la mienne,
Et m'aide à traverser l'effroyable désert.

Prière :

Seigneur, entends les cris de ceux qui ne te connaissent pas mais qui tendent vers toi. Qu'ils puissent sentir la douceur de ta main dans la leur pour les aider à traverser les déserts et qu'enfin, en toi, il trouve la vraie paix et la joie profonde. 

Prière de la communauté

Que rien ne te trouble (sainte Thérèse d'Avila)

« Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Tout passe, Dieu ne change pas. La patience obtient tout. A qui possède Dieu, rien ne manque. Dieu seul suffit. »

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6 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Quand les poètes nous parlent de Dieu …

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