Et puis, pour nous, c'est juste ! Après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal ». Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ». Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. -  Luc 23, 41-43

Témoignage de volontaire

Je voudrais vous parler de l'une de mes petites « mamies » préférées qui est pour moi une sainte, car une histoire édifiante, ça fait toujours plus sérieux que des récits de vacances dans la jungle. Elle s'appelle Señora Luz, elle a de beaux yeux bleus et n'a plus que deux dents en bas et une en haut, ce qui donne l'impression que ses dents la gênent et qu'elle ne va pas tarder à les expulser. Quand je l'ai rencontrée, elle m'a tout de suite adoptée. Elle aussi semble attirer les épreuves, mais ce qui m'a vraiment sidérée chez elle, est son incroyable miséricorde. En dix-sept jours de JMJ et la moitié d'un livre du Pape François, je n'avais pas compris ce que c'était que la miséricorde, mais en une heure avec Señora Luz c'était devenu limpide.

Son mari l'a traitée pendant des années à peu près comme une serpillère, toujours occupé avec de nombreuses femmes. Il est parti quelques années prendre le frais en la laissant avec les sept enfants... Il a aujourd'hui quatre-vingt ans et, depuis vingt ans, il ne peut plus rien faire seul, il est paralysé du côté gauche. Il est dans son lit, rumine et pense à ses anciennes conquêtes, et c'est Señora Luz qui s'en occupe. Chaque jour, elle le change, lui donne à manger… mais ne reçoit que des paroles désagréables, parfois des insultes. Cependant, celle-ci, épuisée, continue à s'en occuper : « Qui le fera sinon, hermanita ? »

Certes, il n'y a rien à répondre à cela. Pour ce qui est du passé, « il y a longtemps qu'il est passé ! Ce que je voudrais, c'est qu'il accepte de communier avant de mourir et qu'il dise à ses petits-enfants qu'il ne faut pas faire les mêmes erreurs que lui », me dit-elle. Quelques semaines après, elle vient me voir, désespérée, à la sortie de la messe pour me dire qu'il est très mal. Ils l'ont transféré à l'hôpital, et elle pleure pour cet homme et me supplie de prier pour « son » Ricardo... C'est au-delà de mon entendement. Le pire c'est que ça marche : il y a quelques jours, il a demandé à se confesser, à communier et a demandé pardon à sa femme, l'a remerciée de prendre soin de lui après tout ce qu'il avait fait ! Elle est d'une beauté et d'une bonté indescriptibles et elle vit avec une telle évidence de Dieu, la petite lumière du barrio... C'est un exemple incroyable. 

Bertille - Pérou. Extrait de Reste avec nous aux editions CHORA - https://fr.edizionechora.com/ 

Méditation