À la fin du livre VIII de ses Confessions, Augustin fait le récit de l'instant ultime de sa conversion le situant dans le jardin clos d'une maison de Milan. C'est ce célèbre passage des Confessions que l'on peut désigner comme « l'épisode du Jardin de Milan » que nous vous proposons de suivre pas à pas et de méditer durant ces neuf prochains jours. Cet épisode du Jardin de Milan apparaît certes comme le terme d'un cheminement, dénouement d'une quête qui aura duré de nombreuses années. Mais le récit d'Augustin exprime davantage un désir fort et incessant de vivre, un désir qui ne peut trouver nulle part ailleurs que dans le Christ son plein épanouissement.

Cette lecture d'Augustin sera éclairée par quelques extraits du père jésuite Yves de Montcheuil (1900-1944), pour qui, selon les mots du père René d'Ouince, la vie chrétienne n'est « rien moins que de continuer l'œuvre du Verbe incarné, de participer à la passion et à la résurrection du Christ ». C'est avant tout par sa vie même qu'Yves de Montcheuil illustra cette spiritualité d'incarnation. Prendre corps, faire corps et livrer son corps, Montcheuil le réalisa dans sa vocation religieuse, de théologien et de professeur jusqu'au don de sa vie, fusillé le 11 août 1944 par les Nazis, parce qu'il était aumônier des maquisards du Vercors.

Avec Augustin et le père Yves de Montcheuil, comprenons que la conversion est le plein épanouissement de la vie. Si Augustin situe dans un lieu et à un moment précis de son existence sa conversion, celle-ci devient à partir de ce moment pour la suite de sa vie le mouvement continu qui habite son cœur, mouvement qui est incorporation dans le Christ. Engageons-nous sur ce chemin de conversion pour découvrir dans le Christ, et non ailleurs, la vérité de notre être.