L'accueil de Baudricourt fut brutal. Jeanne lui dit qu'elle "venait de la part de Dieu, afin qu'il mandât au Dauphin de se bien tenir, parce que le Seigneur lui donnerait son secours, avant le milieu du Carême"; elle ajoutait "que Dieu voulait que le Dauphin devînt roi; qu'il le serait en dépit de ses ennemis, et qu'elle-même le conduirait au sacre". "Cette fille est folle, dit Baudricourt; qu'on la ramène chez son père avec une bonne paire de soufflets".

    Jeanne revint à Domrémy. Mais pressée de nouveau par ses voix, elle retourna à Vaucouleurs et revit le sire de Baudricourt sans obtenir un meilleur accueil. Mais cette fois elle resta à Vaucouleurs.

    Bientôt il ne fut bruit dans le pays que de cette jeune fille, qui allait disant hautement qu'elle sauverait le royaume, qu'il fallait qu'on la conduisît près du Dauphin, que Dieu le voulait. "J'irai, disait-elle, dussé-je user mes jambes jusqu'aux genoux".

    Le peuple, de coeur simple, ému par sa foi, croyait en elle. Un écuyer, Jean de Metz, gagné par la confiance de la foule, s'offrit pour la conduire à Chinon, où se trouvait Charles VII. Les pauvres gens, unissant leurs misères, se cotisèrent pour habiller et armer la petite paysanne. Ils lui achetèrent un cheval, et, au jour fixé, elle partit avec sa faible escorte.

    "Allez, et advienne que pourra!" lui jeta Baudricourt.

    "Dieu vous garde!" ciraient les pauvres gens, et les femmes pleuraient en la voyant s'éloigner.

 

Jeanne face au mépris

Cette première étape de l'épopée de Jeanne nous renvoie aux difficultés qui sont parfois les nôtres en tant que catholiques et défenseurs d'un certain idéal. Jeanne se heurte au mépris des autorités supérieures, à ceux qui sont pourtant restés fidèles au roi mais qui attendent passivement une délivrance auxquels ils ne croient plus. Cet accueil et ce mépris dont Jeanne a été la victime nous fait nous pencher davantage sur le caractère "terrestre" de sa mission.

 

Une mission divine sur la terre

En effet, bien qu'elle fut d'essence divine, la mission de Dieu pour la France fut confiée à une jeune fille et comme souvent dans l'histoire Dieu laisse une grande part de liberté à celui qu'Il a choisi. Et cette liberté c'est le mépris dont est victime Jeanne, son échec devant Vaucouleurs. Imaginons le désarroi de Jeanne, rentrant chez elle. Mais également et surtout son courage, celui de revenir.

 

Confiance et espérance

Cet épisode douloureux pour Jeanne nous fait prendre conscience que même dans la main de Dieu notre vie ne peut être sans embûche et sans sacrifice. Au contraire elle l'est! Et c'est dans ces moments que Dieu attend le plus de nous...Il attend que comme Jeanne après l'échec  nous revenions à Lui, sans cesse animés d'une même espérance!

 

"Allez et advienne que pourra"

Aujourd'hui encore, combien sommes nous, pourtant catholiques et attachés à notre patrie à dire : "nous verrons bien"  face à la situation de notre pays, de l'Eglise. Les paroles du seigneur de Baudricourt  résonnent encore dans notre coeur. Et c'est devant le Christ lui même que nous prononçons parfois ces paroles, que nous manquons de confiance et d'espérance. Alors engageons nous! Risquons nous la mort comme Jeanne? Non, seulement le mépris...qu'elle connut dès le début de sa mission et qu'il ne l'effraya pas bien au contraire.

 

"Dieu vous garde!"

C'est des pauvres gens, des paysans, des artisans et des ouvriers que vient le salut de Jeanne. Eux dont l'espérance et la confiance n'ont jamais été ébranlés. Eux sur qui la France pourra compter à tout moment de son Histoire pour défendre Dieu et le Roy. Ils ont eu confiance en cette enfant de la France, cette enfant élevée dans la Foi catholique, dans l'amour de son pays et la sueur du travail de la terre.

 

Ste Jeanne d'Arc priez pour nous!