"Portés par l'invisible"

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Vendredi 12 juin 2020,10ème Semaine du Temps Ordinaire-Année A

de la férie


Lectures de la messe

  • Première lecture (1 R 19, 9a.11-16)
  • Psaume (Ps 26 (27), 7-8ab, 8c-9abc, 13-14)
  • Évangile (Mt 5, 27-32)


"Portés par l'invisible"


“J'éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l'univers.”


Chers frères et sœurs, je suis certain que vous vous êtes familiarisés avec la figure de ce cher Elie, si toutefois, vous n'aviez pas déjà eu l'occasion de le rencontrer au détour d'une de vos lectures bibliques. 

Comment ne pas être en effet pris de sympathie pour ce personnage qui, au milieu des ouragans et phénomènes extraordinaires de toutes sortes, n'en demeure pas moins, ce chercheur et cet amoureux de Dieu!

Elie avance pas à pas, il tâche de discerner dans les événements, cette présence de Dieu, ce Dieu qu'il cherche, qu'il attend, qu'il espère.

Il y a en lui, ce brûlant désir de le rencontrer, qui fait qu'Elie entre dans la symphonie de Dieu qu'est la vie, qu'il tâche de saisir Dieu en tout et partout.

Et peut être que cela peut nous aider à entrer dans une meilleure intelligence de ce passage de l'Evangile qu'il nous est donné d'accueillir aujourd'hui.

Jésus, nous invite en effet aujourd'hui à construire une Église de borgnes et d'estropiés...si toutefois, nous lisons ces lignes au premier degrés! Comme elle serait attrayante cette Église! Car évidemment, si le Seigneur nous invite à accueillir chaque homme et chaque femme, fut-il borgne ou estropié, Jésus ne nous demande pas pour autant de nous mutiler.

Alors, que nous demande au juste Jésus?

Peut-être nous faut-il revenir au verset 17 du même chapitre de Matthieu, pour comprendre le propos de Jésus. Jésus nous rappelle en effet, qu'il ne vient pas faire table rase du passé.

Jésus vient dans la continuité de l'Histoire du Salut, accomplir l'œuvre du Salut.

Jésus nous invite donc à nous situer dans une dimension d'accomplissement.

Il y a cette Croix glorieuse, dans cette belle église de Notre Dame des Champs, qui est dressée vers le ciel, toute dorée, qui est comme une alliance entre les Dieu et nous.

Et la Croix est  ce signe par lequel Jésus nous montre son Amour, un Amour qui va jusqu'à ce don de sa Vie.

Dès lors, la Croix devient ce signe de l'alliance de Dieu avec les hommes en son Fils Jésus Christ. La Croix nous invite nous-même, à entrer dans cette Alliance de Dieu avec les hommes en son Fils, à entrer dans cette dimension d'un Amour qui est au-dessus de tout, qui devient premier dans nos existence.

Jésus ne nous invite pas à nous mutiler, mais il invite à nous élever dans notre vie, à élever nos désirs, à les élever en Dieu.Nous sommes invités à sceller une alliance d'amour avec Jésus, un amour qui nous dépasse, qui nous dépassera toujours, mais que, avec la grâce de Dieu, nous découvrons jour après jour, comme un don, un don qui nous précédait, un don qui nous prenait par la main afin de nous élever vers la béatitude éternelle.

Alors, nos vies terrestres, avec leur poids d'humanité et de péché , entrent dans une nouvelles dimension, et nos relations humaines, avec leurs complexités, sont élevées elles-mêmes en Dieu.


Dans sa lettre à Roman Ingarden du 8 novembre 1927, Edith Stein écrit:


“C'est un monde infini qui s'ouvre d'une manière absolument nouvelle, lorsque l'on commence à vivre vers l'intérieur et non vers l'extérieur. Toutes les réalités auxquelles on était confronté deviennent transparentes, et l'on perçoit les forces qui vous portent et vous animent véritablement. Comme ils paraissent insignifiants, les conflits dont on s'occupait jadis!”


Edith souligne donc par là, l'importance d'élever nos désirs et nos pensées, et notre vie entière, en Dieu, et combien alors celle-ci s'en trouve métamorphosée. 

C'est à cela même que le Seigneur Jésus nous invite aujourd'hui.


Le Seigneur Jésus ne nous invite pas à rejeter nos relations hommes-femmes, à rejeter nos corps, comme autant de situations embarrassantes, encombrantes, mais nous invite à les envisager de manière globale, dans le plan du Salut, à les situer dans ce projet créateur de Dieu à l'origine de la création.


“Le corps humain, avec son sexe, sa masculinité et sa féminité, vu dans le mystère même de la création, est non seulement source de fécondité et de procréation comme dans tout l'ordre naturel, mais contient depuis “l'origine” l'attribut “sponsal” c'est à dire la faculté d'exprimer l'amour: précisément cet amour dans lequel l'homme-personne devient don et -par le moyen de ce don- accomplit le sens même de son essence et de son existence.”(2)

La mise en évidence de de cette vérité fondamentale sur l'homme, de son identité profonde comme homme et femme, de laquelle résulte une “vision intégrale” de l'homme, est le préalable indispensable pour appréhender les normes morales qui en découlent.”


“Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur.”


Comme nous y invite le psalmiste, il y a cette dimension de notre humanité qui est comme nécessairement entourée de cette prévenance divine, une prévenance première à toute démarche. Nous entrons alors dans ce cheminement dans lequel nous sommes comme “portés par l'invisible”, pour reprendre la belle expression d'une personne rencontrée hier.

Et c'est exactement cela. Le Seigneur nous invite à faire fi de nos certitudes, afin de nous laisser porter par sa Grâce, de nous “laisser porter par l'invisible., de laisser le Christ agir en nous, plutôt que d'agir nous-même sans Lui.

C'est alors toute notre vie qui est sublimée, transcendée, parce que le Seigneur Lui-même prend enfin l'initiative, parce qu'il a le champ libre pour agir en nous, que nous ne faisons plus barrage à son action.

Demandons donc au Seigneur Jésus, de faire de nos humanités, des églises vivantes, des temples saints, à son image, qui soient non plus des terrains de lutte permanente, mais des temples de sa Grâce agissante, des sanctuaires qui soient comme des préfigurations de ce que seront nos corps glorieux.


“Seigneur, qu'il m'arrive comme tu veux,

et je veux avancer, comme tu veux,

aide-moi simplement à comprendre ta volonté!


Seigneur, il est temps quand tu veux,

et je suis prêt, quand tu veux,

aujourd'hui et pour l'éternité.


Seigneur, j'accepte ce que tu veux,

et ce que tu veux est pour moi un gain:

il me suffit de t'appartenir.


Seigneur, tout est bien, parce que tu le veux,

et parce que tu le veux, j'ai le courage

de déposer mon cœur entre tes mains.

Amen (4)



  1. (1) Edith Stein, Correspondance 1, 1917-1933, Cécile Rastoin, Ed. Cerf, du Carmel, Ad Solem.

  2. (2) Jean Paul II, Catéchèse du 16 janvier 1980, n° 1 (TDC 15-1)

  3. (3) “La Théologie du Corps, Jean Paul II, introduction de Yves Semen, Ed Cerf

  4. (4) Rupert Mayer, in Youcat, le livre de prière, Bayard Editions, Fleurus-Mame, Les Editions du Cerf.



“Vous voulez savoir quelle impression m'ont fait nos retrouvailles: je crois qu'elles se sont passées aussi bien qu'on pouvait l'espérer. Que nous ayons pu nous parler librement et ouvertement après une interruption de dix ans et des conditions de vie si différentes, c'est déjà très bien. Je ne m'attendais certes pas à autre chose. Je crois même que nous nous sommes mieux compris qu'autrefois à Fribourg. Mais il me semble que nous étions à cette époque trop occupés de nous-mêmes pour pouvoir porter un juste regard sur l'autre. Je me suis naturellement fort réjouie qu'il y ait eu davantag de possibilités d'engager un dialogue au plan religieux que ce que vos lettres me laissaient espérer. Je me suis déjà dit quelques fois que votre tradition et votre éducation catholiques n'avaient pas totalement glissé sur vous sans laisser leur empreinte. Et cela ne me surprend donc pas tant que mon entrée dans le monde catholique signifie pour vous un rapprochement. - Je ne sais vraiment si des livres pourraient vous aider à mieux comprendre mon itinéraire. Avant ma conversion, parmi les ouvrages de dogmatique, c'est la “Symbolique” de Mohler (1) qui a fait sur moi une certaine impression.(...) Quand j'ai présenté mon cheminement, peut-être ai-je trop mal fait ressortir l'aspect intellectuel. Cet aspect a certainement joué un rôle important durant les nombreuses années de préparation. Pourtant, j'ai conscience que ce qui se passait réellement en moi (pas le “sentiment”) allait de pair avec l'image concrète d'un christianisme authentique que donnaient des témoignages impressionnants (Augustin [d'Hippone], François [d'Assise], Thérèse [d'Avila]. Mais comment puis-je vous donner en quelques mots une idée de ce “qui se passait réellement”? C'est un monde infini qui s'ouvre d'une manière absolument nouvelle, lorsque l'on commence à vivre vers l'intérieur et non vers l'extérieur.Toutes les réalités auxquelles on était confronté deviennent transparentes, et l'on perçoit les forces qui vous portent et vous animent véritablement. Comme ils paraissent insignifiants, les conflits dont on s'occupait jadis! Et quelle plénitude de vie, avec des souffrances et des joies, comme le monde terrestre ne les connaît pas et ne peut les concevoir, contient un seul jour, sans évènement extérieur, d'une existence humaine en apparence insignifiante!(...)”(2)


(1) Johann Adam Möhler (1796-1938) théologien catholique de renom, cofondateur de l'école de Tübingen, qui fut professeur à Munich. Son œuvre principale a pour titre: Symbolik oder Darstellung der dogmatischen Gegensätze der Katholiken und der Protestanten nach ihren öffentlichen Bekenntnisschriften, [Symbolisme ou représentation des principes dogmatiques des catholiques et des protestants d'après leurs confessions de foi publiques], Mayence, 1832

(2) Edith Stein à Roman Ingarden, 8 novembre 1927,Edith Stein, Correspondance 1, 1917-1933, Cécile Rastoin, Ed. Cerf, du Carmel, Ad Solem.



Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

Merci ! 24 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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