Jour 7 - Des dangers de l'agitation
Mgr Jean Cassaigne, Vietnam, 1953.
Jean Cassaigne, né en 1895, partit pour l'Indochine en 1926. Dès le début de son ministère à Djiring, chez les Sré, il s'occupa des lépreux. Nommé évêque de Saïgon en 1941, il démissionna en 1955 quand il découvrit qu'il était atteint de la lèpre et finit sa vie dans le village de lépreux qu'il avait fait construire à Djiring où il mourut en 1973. C'est pendant son ministère épiscopal qu'il écrivit cette lettre de remontrances à l'un de ses missionnaires.
La veille de votre départ de Saigon, je vous avais donné quelques conseils, je vous demandais notamment de freiner votre juvénile turbulence et vous suggérais de vous appliquer davantage à la prière afin d'acquérir une vie surnaturelle intense, indispensable dans le rude apostolat qui sera le vôtre. Car dans le ministère pastoral auprès des Montagnards, qui ne s'impose pas par un travail précis et réglé, sans les consolations que tout prêtre glane dans le ministère pastoral, avec beaucoup plus de déceptions que de joies, ce ministère ne peut être fructueux que s'il s'appuie sur la prière et une vie intérieure profonde. Sans cela, vous avais-je dit, vous ne pourrez pas tenir au pays Moï, et vous n'obtiendrez aucun résultat apostolique. «Dieu n'est pas dans l'agitation. » Or je vous l'avoue bien simplement, j'ai constaté avec peine que, du moins pendant mon séjour, vous m'avez paru négliger le devoir de la prière et l'étude de la langue montagnarde et vous m'avez donné l'impression d'un bon collégien en vacances. En oubliant l'oraison avant la messe, vous perdez l'un des instants les plus doux de la matinée, après l'oblation du Saint Sacrifice, instants que vous ne pourrez rattraper pendant la journée. Il en est de même de la récitation de l'Office, faite en tourbillon et souvent dans une tenue qui ne convient nullement à l'oeuvre de Dieu. Et que penser également de l'oubli de la visite au Saint Sacrement, tandis que vous partiez tous les soirs à la poursuite d'une poule sauvage ou
d'un lapin ; la chasse n'est pas un délassement quand elle devient trop fréquente tous les jours – car elle est une passion et ainsi, cause l'oubli de certains devoirs pastoraux car on n'a plus le temps, surtout celui de prier et de se recueillir. Or, en ne priant plus que le strict imposé et sans attention, vous vous privez et vous privez les âmes qui sont vôtres, de grâces qui ne s'obtiennent que par une prière constante, premier et principal devoir de tout prêtre, surtout du missionnaire.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6