11/12 : 3ème Dimanche de l'Avent :

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I.Evangile de Jésus-Christ selon St Matthieu 11,2-11

 

            En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,  lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

            Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

 

II. La méditation de la semaine : Seule la foi touche Dieu

 

            Le Mystère de l'Incarnation est le Mystère Joyeux par excellence, et la liturgie de ce troisième Dimanche de l'Avent s'ouvre avec les paroles de Saint Paul, citées dans l'antienne d'ouverture (introït) : Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche (Ph 4, 4-5). C'est avec ces mêmes mots de saint Paul que le bienheureux Pape Paul VI commençait son Exhortation Apostolique sur la Joie chrétienne: Gaudete in Domino. En 1975,  au cœur de la grande crise qui avait suivi le Concile Vatican II, Paul VI écrivait cet hymne à la joie, ce manifeste de la vraie joie, de cette joie qui continue d'être présente au cœur des plus grandes souffrances. C'est la joie de Jésus, la joie de Marie, la joie de tous les saints, car en Jésus le Seigneur est proche.

            Par l'Incarnation, Dieu s'est rendu pour toujours proche de l'homme d'une façon inouïe, en se faisant homme. Jésus est le Dieu infiniment proche de nous, mais de la façon la plus humble et la plus cachée. Malgré les apparences, Dieu n'est jamais loin, il n'est jamais absent. Non, il est toujours présent, mais ce Dieu si présent est le Dieu caché. Dans la première lecture de ce Dimanche, toujours extraite du livre d'Isaïe, cette joie éclate comme la joie du peuple exilé que Dieu vient sauver en le ramenant dans la Terre de l'Alliance et à Jérusalem, la ville sainte.

            Notre précédente méditation sur la nécessité du don de soi pour accueillir le Don de Dieu nous faisait contempler Marie au moment de l'Annonciation, au moment où elle accueille librement ce Dieu qui se donne entièrement à elle et qui devient homme en devenant son Enfant. Elle l'accueille en se donnant totalement à Lui et pour toujours. Les premiers mots de l'Ange Gabriel étaient déjà cette invitation à la joie: "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi" (Lc 1, 28). Et quand Marie a dit son "oui", le Seigneur est réellement présent en elle, d'une manière toute nouvelle, dans son sein virginal, mais de la façon la plus humble et cachée.

 

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            Aussitôt après, dans l'Evangile de la Visitation, c'est Elisabeth qui par l'action de l'Esprit-Saint reconnaît pour la première fois ce merveilleux Mystère de l'Incarnation, en désignant Marie comme la Mère du Seigneur (cf. Lc 2, 43). Et en même temps, c'était l'enfant qu'elle aussi portait en son sein, Jean-Baptiste, qui reconnaissait la présence de Jésus en tressaillant de joie (v. 41). Plus tard, le même Jean-Baptiste exprimera sa joie comme celle de "l'ami de l'Epoux" lorsqu'il entend la voix de l'Epoux (cf. Jn 3, 29). Enfin, dans l'Evangile de ce Dimanche, nous voyons Jean-Baptiste dans sa prison, plongé dans la nuit intérieure, interrogeant Jésus à travers ses disciples. Par sa réponse, Jésus lui fait comprendre qu'il est bien "Celui qui doit venir" (Mt 11, 2).

            Cette joie de l'Incarnation, c'est Marie qui nous en donne la plus belle expression dans son cantique de louange, ce Magnificat que l'Eglise redit tous les jours à l'Office des Vêpres. C'est un chant de joie, un chant d'Amour et de reconnaissance pour toutes les Merveilles de Dieu envers son Peuple, et pour la plus grande de toutes qui est l'Incarnation de son Fils, de ce Fils que Marie porte au plus intime d'elle-même. C'est aussi un chant d'humilité, de louange à ce Dieu si grand qui "a regardé la petitesse de sa servante", Lui "qui disperse les orgueilleux,  qui renverse les puissants de leurs trônes tandis qu'il élève les humbles"  (cf. Lc 1, 48-52). Le P. Marie-Eugène nous invite à entrer nous aussi dans la profondeur de cette joie qui caractérise ce troisième Dimanche de l'Avent:

 

"Voici que la Sainte Eglise nous invite à la joie: "Réjouissez-vous dans le Seigneur... Réjouissez-vous!" Elle reprend à l'introït les paroles de saint Paul... Et pourquoi nous invite-t-elle à la joie ? Parce que le Seigneur est proche. Il ne s’agit donc pas d’un Messie qui sera un grand Roi avec une grande puissance. Il s’agit d’un Messie à l’extérieur humble, qui sera comme perdu dans la foule, mais qui sera marqué, - sinon extérieurement, du moins intérieurement - par la plénitude de l’Esprit. Et en disant cela, Jean se réfère encore à Isaïe qui avait prédit que le Messie aurait la plénitude de l’Esprit.

            Voilà l’orientation que l’Église nous donne en nous faisant relire ce passage. Oui, le Messie est proche. La clarté d’aurore se lève, cette clarté rose qui annonce que le soleil va se lever dans quelques instants avec sa lumière triomphante. Oui, Il est là ! Mais préparez les voies du Seigneur. Préparez-vous intérieurement : c’est un grand astre [qui se lève], et pour le recevoir, préparez les voies, purifiez-vous. Il est parmi vous.

            Jean-Baptiste le disait et nous le disons : Il est déjà parmi vous, le Christ Jésus, il est caché dans l’Eucharistie. Eh oui, il est là. Vous ne le voyez pas, mais il est là cependant et il est plus grand que moi. Il n’a pas de splendeur extérieure, il y a renoncé, il s’est anéanti, mais il est là véritablement : sa transcendance existe, [elle] est réelle, bien qu’elle soit cachée. C’est le Messie, donc, c’est le Messie caché, c’est le Fils de l’Homme. C’est un homme comme les autres apparemment, mais cependant c’est l’Homme-Dieu qui nous apparaît. Voilà sous quelles apparences Notre-Seigneur se manifeste ici-bas : un Christ pauvre, un Christ humilié, et dont la dernière manifestation sera celle qu’il donnera lui-même sur la Croix, lorsqu’il sera honni pour ainsi dire de tous ; et cependant c’est bien lui !

« Jésus est le Dieu infiniment proche de nous »

 

            Voilà le Christ ! Voilà notre Christ !... et nous pourrions dire, voilà l’Église ici-bas. Le Concile a parlé justement du Christ pauvre, il a parlé de l’Église pauvre (…). Là encore, nous risquerions de faire dévier, de fausser le problème en ne regardant que la pauvreté extérieure. Non ! il s’agit de la pauvreté intérieure, surtout de la pauvreté de l’être, de l’humiliation, du sentiment qu’on n’est rien. (…) [C’est] un Christ dont la lumière monte, et qui va se manifester. Mais ce Christ [viendra] dans la pauvreté, sous le voile de l’anéantissement. Et son Église sera comme lui. (…) Double abîme... de Dieu, et de notre pauvreté ! (…) Voilà comment Dieu se manifeste."

(Extraits de l’homélie du 13 décembre 1964)

 

 

            Dans ce texte si synthétique, le P. Marie-Eugène nous invite à la joie en contemplant Jésus dans son humilité, sa petitesse et sa pauvreté, et cela dans l'Incarnation, dans sa vie terrestre, dans sa Passion, dans l'Eucharistie et dans la vie de son Eglise, en se référant au Concile Vatican II qui a illuminé les dernières années de sa vie. En Jésus Dieu est toujours intimement présent, mais il est caché dans l'humilité, la petitesse et la pauvreté de son humanité. Le P. Marie-Eugène nous dit ici les plus grandes vérités de la foi concernant Jésus vrai Dieu et vrai Homme. Seule la foi nous rend capables de découvrir la présence de ce Dieu caché en Jésus-Christ. Seule "la foi touche Dieu", avec l'espérance et la charité qui l'animent, aimait-il a répéter souvent à la suite de saint Thomas. Toujours elle touche Dieu en Jésus-Christ, et même elle pénètre toujours plus loin dans la profondeur de son Mystère.

            Dans l'Eucharistie, la foi nous fait expérimenter cette même présence réelle et cachée de l'Incarnation. "Il est là", répète le P. Marie-Eugène à la suite du saint Curé d'Ars. François d'Assise et Thérèse de Lisieux contemplent avec émerveillement la même petitesse et pauvreté du Fils de Dieu dans l'Incarnation et dans l'Eucharistie, dans le sein de la Vierge et dans les mains du prêtre, dans la pauvreté de la crèche et sous l'humble apparence du pain, là où il est "encore plus petit qu'un enfant", selon Thérèse de l’Enfant-Jésus. Sa toute dernière Lettre tient en ces quelques lignes écrites sur une image représentant l'Enfant Jésus dans l'hostie consacrée: "Je ne puis craindre un Dieu qui s'est fait pour moi si petit. Je l'aime, car il n'est qu'Amour et Miséricorde". De même Claire d'Assise contemple en Jésus "l'amour de ce Dieu qui, pauvre fut couché dans une crèche, pauvre a vécu en ce monde et nu est resté sur la croix". Tous ces saints donnent l'exemple de cette pauvreté évangélique dont l'Eglise est appelée à témoigner. Telle est l'Eglise "servante et  pauvre", à l'image de Marie, mise en lumière par le Concile Vatican II, comme nous le rappelle le P. Marie-Eugène.

            C'est l'humilité, la pauvreté et la petitesse de Dieu, car Jésus ne cesse pas d'être le Très-Haut et Tout Puissant Fils de Dieu alors même qu'il est devenu un petit enfant. "Sa transcendance est réelle, bien qu'elle soit cachée" nous disait le P. Marie-Eugène, en nous rappelant que "c'est un homme apparemment comme les autres, mais cependant qui est l'Homme-Dieu". Sa Divinité est cachée sous le voile de son Humanité. Thérèse exprime admirablement cette grande vérité de notre foi en disant à l'Enfant Jésus: "De ta petite main qui caressait Marie / Tu soutenais le monde et lui donnais la vie / Et tu pensais à moi". Le petit enfant dans les bras de Marie est toujours le Dieu créateur. Devenu homme, il aime tous les hommes qu'Il est venu sauver. Dans son Cœur humain, il aime chacun personnellement de façon unique, et cela dès le premier instant de son Incarnation dans le Sein de Marie. Toujours, « il pensait à moi » !  Saint Thomas d'Aquin en a donné la meilleure explication théologique en affirmant que l'âme humaine de Jésus, toujours unie au Fils de Dieu et remplie de l'Esprit-Saint dès le premier instant de son existence dans le sein de Marie, avait non pas la foi mais la vision de Dieu, cette vision "face-à-face", appelée "vision béatifique" car elle est le suprême bonheur de l'homme. Tous les saints du Ciel la possèdent et elle est l'objet de notre espérance

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            Comme les autres saints, le P. Marie-Eugène réaffirme souvent ce grand paradoxe de l'Incarnation, de Jésus vrai Dieu et vrai Homme, "bienheureux et douloureux" (sainte Catherine de Sienne) pendant sa vie terrestre et surtout dans sa Passion. Et puisqu'il évoquait déjà le Mystère de la Croix, il convient de citer ce beau texte de Je veux voir Dieu (p. 1227-1228) :

            "Le Christ Jésus qui assure son règne ici-bas est le Verbe fait chair qui, sans cesser de jouir de la vision béatifique, a connu la plus douloureuse souffrance qu’un homme ait portée ici-bas, qui a triomphé enfin en mourant sur la croix. Comment le saint transformé par l’amour et identifié au Christ Jésus ne porterait-il pas en lui ces richesses caractéristiques de l’amour divin ici-bas ? De fait, l’amour qui le divinise le laisse un homme comme nous ; il porte en lui le Thabor et Gethsémani ; il est le plus heureux des hommes parce qu’il jouit du Verbe en son sein et le plus malheureux parce qu’il porte le péché du monde."

            Telle est au plus profond la joie de Jésus et des saints, une joie qui coexiste avec les plus grandes souffrances, même avec cette immense tristesse de l'Agonie de Gethsémani. Face à toutes les tentations de dolorisme, il faut toujours rappeler que "Dieu est Joie Infinie", selon la belle expression de sainte Thérèse des Andes. Telle est l'infinie béatitude de Dieu qui a toujours fasciné saint Thomas d'Aquin. De cette joie chrétienne qui a sa source dans l'Incarnation, Thérèse de Lisieux a donné une des plus belles expressions à la fin de sa vie. Alors qu'elle vit les plus grandes souffrances de l'âme et du corps, elle écrit une poésie sur la joie qui se termine par ces simples mots: "Jésus, ma joie, c'est de t'aimer!" Que telle soit notre joie nous aussi !

Fr. François-Marie Léthel, ocd (Rome)

Prière de la communauté

Prière d'intercession par le Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus

Seigneur notre Dieu nous te rendons grâce pour ton prêtre, Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus, qui a vécu sous la motion de ton Esprit Saint. Tu l'as suscité pour qu'il apprenne à ton peuple comment pénétrer dans les profondeurs de ton intimité et conduise ainsi les hommes d'aujourd'hui, par les chemins de la foi et de la contemplation, à la perfection de l'amour. Fais que sa mission porte du fruit dans ton Église ; nous t'en supplions, accorde-nous la grâce que nous demandons par ton intercession, Par Jésus le Christ Notre-Seigneur. Amen

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7 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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pour l'Avent : Retraite avec le Bx P. Marie-Eugène

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