Le Messie est attendu à la Plénitude des Temps - 10/30

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« 70 septénaires sont fixés » (Daniel 9,24)

(« Les temps sont accomplis » - Mc 1,15)

Il faut s’arrêter un moment sur ce fait extraordinaire, unique au monde et peu connu : le « Messie » était spécialement attendu au tout début de notre ère, comme en témoignent l’Évangile (Lc 3,15 ; 7,19), ainsi que les écrits juifs et païens de l’époque parce que certaines prophéties bibliques évoquaient explicitement et précisément du moment de sa venue :

  • Le « sceptre» devait d’abord s’éloigner de Juda (Gn 49,1) - (cf. jour 6/30)
  • Le Messie devait venir au temps du second Temple, selon l’oracle du prophète Aggée - (cf. ci-dessous)
  • On devait être au temps d’un pouvoir divisé, au « 4e royaume après Nabuchodonosor » (Dn 2,39) – (cf. ci-dessous)
  • Les « Soixante-dix septénaires» (490 années) annoncés par Daniel devaient être accomplis (Dn 9,24) – (cf. ci-dessous)
  • Enfin, au temps de la Vierge, le monde cessa toute guerre pour accueillir le Prince de la Paix annoncé par les prophètes (cf. Is 9,5) au temps de la longue Pax Romana d’Auguste, qui dura 25 ans dans tout le monde connu, et qui n’a jamais eu d’équivalent avant ou après.

Il est très étonnant de constater qu’il y avait également une attente unique, à cette époque chez les païens :

  • Deux des plus grands historiens latins en témoignent : Tacite écrit dans les Historiae que « la plupart étaient persuadés qu’il se trouvait écrit dans les anciens livres des prêtres, que, vers ces temps, l’Orient grandirait en puissance. Et que de Judée viendraient les dominateurs du monde ». De même Suétone, dans la  Vie de Vespasien : « Par tout l’Orient, une idée gagnait les esprits : l’opinion constante et fort ancienne selon laquelle il devait être écrit dans le destin du monde que de la Judée viendraient en ce temps-là les dominateurs du monde ». Ces deux historiens écrivaient à la fin du premier siècle et au début du second, sans pouvoir connaître le triomphe futur de celui qui serait effectivement un jour le « dominateur » du monde occidental.
  • Virgile rapporte l’oracle de la Sibylle de Cumes : « Voici les derniers temps marqués par l’oracle de la Sibylle de Cumes : la longue série des siècles recommence. Voici venir la Vierge, et le règne de Saturne. Voici descendre du ciel une race nouvelle. Un enfant nouveau né sous le règne de l’Empereur Auguste éliminera la génération de fer et suscitera par tout le monde une génération d’or » (4e Églogue de ses « Bucoliques »). Or Saturne représente Israël, et Jésus, effectivement né sous le règne de l’empereur Auguste, a effectivement transformé le fer de l’oppression dans l’amour que l’or symbolise. Et en plusieurs sanctuaires du monde (comme Longpont, Nogent sous Coucy, Chartres), on vénérait de manière étonnante, dès avant le Christ, la « Virgini Pariturae » : « la Vierge qui doit enfanter. »
  • Enfin, les astrologues babyloniens avaient aussi calculé avec une précision étonnante la venue de l’étoile du Messie en repérant que la conjonction de Jupiter et Saturne qui ne s’observe normalement que tous les 794 ans, s’était produite trois fois en l’an 7 avant Jésus-Christ (cf. dans les Questions de fonds d’Aleteia le point n°9 de la question : Pourquoi une attente spéciale du Messie au temps de la Vierge Marie ?)

Ainsi, au temps du Christ, dans le monde comme en Israël, il y vaiat une situation unique et étonnante : « le peuple était dans l’attente » (Luc 3,15). Et il n’est ainsi pas étonnant qu’au moment où Jean-Baptiste parut, tous lui demandaient : « Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Luc 7,19). L’attente était devenue tellement forte, en cette période très particulière de l’histoire, qu’il y eut plus de cent candidats Messies recensés par les historiens (cf. Vittorio Messori chapitre 4 du livre Hypothèses sur Jesus - Mame 1995). Gamaliel y fait référence dans son intervention en faveur des apôtres devant le Sanhédrin (Ac 5,34-39).

Dans la tradition juive,

Les découvertes archéologiques des manuscrits de la Mer Morte à partir de 1947 ont montré que la communauté qui s’était retirée à Qumran attendait la venue du Messie et avait calculé la date de sa venue à partir de la prophétie des 70 septénaires annoncés par le prophète Daniel pour la venue et la mort du Messie, ainsi que pour la destruction de Jérusalem et de son Temple (Dn 9,24) – (cf. Vittorio Messori - Hypothèses sur Jésus).

Le livre de Daniel rapporte au chapitre 2 le songe de Nabuchodonosor dans lequel le roi voit une pierre qui brise une grande statue d’or, d’argent, de bronze, de fer et d’argile mêlés. Le roi est troublé et empêché de dormir jusqu’à ce que Daniel puisse lui donne la juste interprétation :

« Après toi se dressera un autre royaume, inférieur à toi, et un troisième royaume ensuite, de bronze, qui dominera la terre entière. Et il y aura un quatrième royaume, dur comme le fer, (…) il réduira en poudre et brisera tous ceux-là. (…) Il sera divisé, partie fer, partie argile. (…) Au temps de ces rois, le Dieu du Ciel dressera un royaume qui jamais ne sera détruit, et ce royaume ne passera pas à un autre peuple. Il écrasera et anéantira tous ces royaumes, et lui-même subsistera à jamais (…). Le Grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver. Tel est véritablement le songe, et sûre en est l'interprétation. » (Dn 2,39-45)

Or, après 1°/ Nabuchodonosor sont venus 2°/ les Perses aidés par les Mèdes, puis 3°/ les Grecs, qui ont dominé toute la terre avec Alexandre, puis 4°/ les Romains qui, par le fer, ont réduit en poussière tous leurs adversaires, avant qu’Israël ne soit au 1er siècle divisé entre le fer de Rome et l’argile d’Hérode. La petite pierre qui brise la statue doit donc devenir une grande montagne qui remplit toute la terre. Comme disait Blaise Pascal en considérant cette prophétie : « Il est prédit que Jésus-Christ serait petit en son commencement et qu’il croîtrait ensuite. ». Tous les juifs acceptent cette interprétation sur les 4 Royaumes, mais comme les juifs d'aujourd'hui attendent toujours la venue du Messie, ils disent que nous sommes encore aujourd'hui dans le temps des Romains (identifiés à l'Eglise catholique, en oubliant la succession des dominations diverses en Israël : Byzance, Musulmans, Croisades, Musulmans, Empires occidentaux, etc).

Le prophète Daniel précisa ensuite de manière très étonnante le temps de l’avènement du Messie par la fameuse prophétie des soixante-dix septénaires. Ce passage du chapitre 9 de Daniel commence ainsi :

« Sont fixés 70 septénaires pour ton peuple et ta ville sainte, pour faire cesser la perversité et mettre un terme au péché, absoudre la faute et amener la justice éternelle, pour sceller vision et prophétie et pour oindre le Saint des Saints. » (Dn 9,24)

« Le monde nouveau (l’iniquité qui cesse et est expiée, le péché qui est « mis sous scellés », la justice éternelle qui règne) adviendra donc quand le Christ aura « reçu l’onction ». Alors prendront fin les visions des prophètes mêmes. Et tout cela se produira après « 70 septénaires ».
Cette indication temporelle, la seule de tout l’Ancien Testament, n’a jamais suscité de polémiques excessives parmi les interprètes. Il est clair qu’il s’agit de septénaires, c’est-à-dire de périodes de sept, et l’on compte a priori en années, donc la prophétie désigne la venue du Messie au bout de 490 années.
Mais à partir de quoi doit-on commencer à les compter ? « Depuis le surgissement d’une parole en vue de la reconstruction de Jérusalem » après l’exil à Babylone, selon le texte biblique (Dn 9,25).
Certains calculaient à partir du décret d’Artaxerxès, en 458 avant Jésus-Christ, d’autres à partir de la première mission de Néhémie, en 445, d’autres à partir de Cyrus, en 538, dès la libération d’Israël, certains en années solaires, d’autres en années lunaires. La découverte de parchemins du 1er siècle avant notre ère retrouvés à Qumran montre que la communauté qui vivait là-bas se préoccupait beaucoup des signes des temps et qu’ils s’appuyaient aussi sur la prophétie des « 70 septénaires ». Ils avaient calculé que les temps du Messie devaient commencer en 26 avant Jésus-Christ et c’est à cause de cette attente qu’ils se retiraient au désert. Il y avait encore une petite « erreur » de vingt ans dans leur calcul, mais comme le dit Hugh Schonfield, « nous voyons bien aujourd’hui à quel point – presque à la lettre – Jésus pouvait proclamer en inaugurant sa mission : "Les temps sont accomplis et le royaume de Dieu est proche" » (Marc 1,15). » (Vittorio Messori : chapitre 4 du livre Hypothèses sur Jésus - Mame, 1995)

Enfin, selon le prophète Aggée, le Messie devait venir à l’époque du Second Temple et donc pas après sa destruction en 70. Le prophète se trouvait à Jérusalem au moment de la construction du Second Temple et il a prononcé l’oracle messianique selon lequel :

« La gloire de ce Temple dépassera celle du premier » (Ag 2,9).

C’est ce qu’a confirmé Malachie :

« Et soudain entrera dans son Temple le Seigneur que vous cherchez – et le messager de l’Alliance, voici qu’il vient » (Ml 3,1).

Un érudit du douzième siècle, le Rabbin David Kimchi, a fait référence à ces versets en disant :

« Le Seigneur, l’ange de l’Alliance, c'est le Messie». (LRC 2 page 165)

Enfin, même si les juifs n’ont pas reconnu le Christ Jésus, ils témoignent quand même indirectement de la grande précision de cette attente, en reconnaissant dans le Talmud, après la fin du premier siècle que :

« Toutes les dates calculées pour la venue du Messie sont désormais échues » (Traité Sanhédrin 97).

En réalité, si Daniel a raison et si le Messie est venu avant la destruction du Second Temple, cela signifie que les rabbins se sont trompés pendant deux mille ans ! Si Daniel dit vrai et que le Messie est venu avant l’an 70 de l’Ère chrétienne, « cela signifie qu’il faut reconnaître que le Messie est d’ores et déjà venu. Et s’il est déjà venu, cela ne nous laisse pas beaucoup de marge pour se « défiler » d’une situation, qui peut être pour certains, assez inconfortable » (cf. Juifs pour Jésus pages 2 à 10) ...

Dans l’accomplissement chrétien,

La prédication du Christ insiste sur ce point au tout début de sa prédication : « les temps sont accomplis » (Mc 1,14). De quels "temps" le Christ parle-t-il ? Des "temps" définis par la prophétie de Daniel, bien évidemment. Il ne pouvait y avoir aucune équivoque pour ses contemporains ... Mais comment compter ces "70 septénaires" ?

Certains pensent qu'il doivent être comptés en années lunaires et non en années solaires à partir de la reconstruction des remparts de Jérusalem par Néhémie (Néhémie 2) …

La prophétie parle en effet de soixante-dix septénaires à compter à partir d’une parole pour la reconstruction du Temple, mais elle ne précise pas si ce compte doit être faire en années, en mois, en jours ou autre. A partir de cela, l’interprétation traditionnelle a été de compter des années, mais il est aussi possible d’imaginer qu’il était évoqué les années lunaires dont on se sert dans le calendrier juif. En ce cas, on pourrait compter que 490 années lunaires représentent 441 années solaires, et si l'on part de 445 avant Jésus-Christ, date de la première mission de Néhémie rapportée au chapitre 2 du livre de Néhémie, on arrive en 4 avant Jésus-Christ, qui est effectivement exactement la date de la présentation de Jésus au Temple.

Enfin, si l’on compte soixante-dix septénaires de jours, il y a un accomplissement très valable de la prophétie, comme l'avait remarqué Mgr Laurentin dans son étude des Evangiles de l'Enfance …

490 jours, c’est exactement le temps entre l'Annonce faite à Zacharie et la présentation de Jésus au Temple, à laquelle se réfère la prophétie : 6 mois entre l'Annonce à Zacharie et l'Annonce de l'Ange à Marie (180), 9 mois de grossesse de Marie (270 jours) et 40 jours avant la Présentation au Temple : total : 490 jours.

Quoiqu’il en soit des calculs exacts, toutes ces indications sur la date de la venue du Messie qui s'est réellement accomplie au temps du Christ ont quelque chose de vraiment étonnant et d'unique au monde ...

Pour en savoir plus :

 

Prière de la communauté

Souvenez-vous, ô Très miséricordieuse Vierge Marie

Souvenez vous, ô Très miséricordieuse Vierge Marie, qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à vous, imploré votre assistance, ou réclamé votre secours ait été abandonné. Animé d'une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je viens à vous, et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe incarné, ne méprisez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement, et daignez les exaucer ! Amen !

Merci ! 233 personnes ont prié

15 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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