Prier et jeûner pour le relèvement de la France, par Monseigneur Marc Aillet
La fin de l’année liturgique nous a laissés avec la vision de la « fin du monde », lorsque le Christ reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et mettre un terme à l’histoire des hommes. Alors adviendront une terre nouvelle et des cieux nouveaux, un règne qui n’aura pas de fin. Jésus avait indiqué à ses disciples, dans son fameux discours eschatologique (Lc 21), c’est-à-dire relatif à ce qui arrivera à la fin, les signes avant-coureurs de la fin du monde, sans que nous puissions savoir jamais, ni le jour ni l’heure de son retour. C’est que ces signes avant-coureurs ont jalonné toute notre histoire depuis deux mille ans : guerres, séditions, famines, épidémies, tremblements de terre, persécutions… autant de craquements de civilisations qui se sont succédés et qui ont disparu. La « fin du monde » est annoncée par la « fin d’un monde » qui n’en finit pas d’agoniser.
On pourrait taxer cette vision de trop négative ou de pessimiste, quand elle est seulement réaliste, à condition de savoir lire les « signes des temps » à la lumière de la Parole de Dieu : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Mt 24, 35). Elle ne doit pas nous conduire pour autant au découragement ou à la terreur, au contraire : « Quand ces événements commenceront, dit Jésus, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption est proche » (Lc 21-28). C’est sur ce fond d’un monde extérieur qui s’en va inexorablement vers sa ruine, que le Royaume des Cieux, qui n’est pas de ce monde, adviendra dans les cœurs !
Sans doute nous devrons toujours, de manière responsable, chercher à diminuer les effets destructeurs de ces maux qui affligent l’humanité, aujourd’hui comme hier, en venant en aide à nos contemporains par une charité inventive qui peut éradiquer ici ou là tel fléau, mais sans se bercer d’illusion quant à la reconquête du paradis perdu. Les « trente glorieuses », qui ont marqué nos pays industrialisés durant les années 1945-1975, ont pu donner à nos contemporains, y compris dans l’Eglise, l’illusion que nous pourrions construire un monde toujours meilleur : force est de constater toutefois que le « mythe du progrès » qui a accompagné ce temps de prospérité a depuis lors volé en éclats, laissant place au désenchantement.
C’est que le Christ n’est pas venu dans le monde pour faire un « monde meilleur », mais pour faire un « monde nouveau » : pour cela, il a promulgué une loi nouvelle, donné un commandement nouveau, mis en nous un cœur nouveau et un esprit nouveau !
En célébrant l’avènement du Christ, nous ouvrons notre cœur à ce monde nouveau pour devenir des hommes nouveaux. Il ne fait pas de doute que lorsque le Règne de Dieu advient dans un cœur – règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix –, il déborde à l’extérieur et finit par créer les conditions de justice et de paix qui caractérisent une société apaisée et ordonnée au bien commun.
Comme l’écrivait notre Pape émérite, Benoît XVI, dans une lettre adressée à tous les évêques du monde entier en 2009 : « En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein ». Mais si l’on redonne aux hommes l’accès à Dieu, s’ils ouvrent leur cœur à la grâce de sa présence, alors tout redevient possible, et malgré les épreuves de la vie, une société plus juste et plus fraternelle, une civilisation de paix et d’amour, peut à nouveau surgir dans l’histoire.
Comme le disait Marthe Robin, « l’action déborde de la prière ». Le relèvement moral et spirituel, social et politique de la France si défigurée par des législations qui blessent la liberté religieuse, détruisent la vie, déconstruisent le mariage et la famille, entravent la transmission d’un héritage multiséculaire de valeurs qui ont fait leurs preuves, induisent de la violence et de l’injustice, et engendrent le chaos, commence dans la prière et le jeûne ! Les structures de péché produites par ces législations peuvent bien être considérées comme des manœuvres du diable. Donc à combat spirituel, armes spirituelles : « Mais cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et par le jeûne » (Mc 9, 29), dit Jésus !
Voilà qui donne un sens à notre combat pour la France ! Prions et jeûnons pour la France : Dieu qui a montré, à tant de reprises au cours de notre histoire, l’amour de prédilection qu’il a pour notre nation, bien nommée « Fille aînée de l’Eglise », saura se laisser fléchir par notre prière, une « prière de lutte », attestée précisément par l’effort de jeûne auquel nous voudrons bien consentir.
+ Marc Aillet
Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron
Avent 2016
INTENTION DE PRIERE POUR LA PREMIERE SEMAINE DE L'AVENT
Prions pour le respect de la vie dès son origine jusqu'à son achèvement à l'heure voulue par Dieu.
Merci ! 93 personnes ont prié
7 commentaires
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6