Vie du père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

      Comme son maître et père saint Jean de la Croix, le P. Marie-Eugène est un carme prêtre, contemplatif et apôtre. Doué d'une grande intelligence, il possède aussi une vaste et profonde culture: une bonne connaissance du grec et du latin, de la littérature, de la philosophie, de la théologie et de la spiritualité. Enraciné dans l'Ecriture Sainte et dans la Tradition vivante de l'Eglise (les Pères de l'Eglise, saint Thomas d'Aquin et les grands maîtres spirituels de l'Eglise), il est aussi ouvert aux nouveaux courants de pensée, et particulièrement à la psychologie en relation avec la vie spirituelle.

      Son enseignement spirituel est à la fois riche et abondant, donné à toutes les périodes de sa vie dans de nombreuses retraites, conférences, homélies, méditations. Mais surtout, il en a offert lui-même une admirable synthèse dans son grand livre Je veux voir Dieu (de la première édition de 1949 et 1951 à l'édition définitive de 1957). Ce livre est un véritable chef-d’œuvre, une Somme de théologie spirituelle, comparable à la Somme de théologie intellectuelle écrite par saint Thomas.  Traduit dans de nombreuses langues, ce livre est devenu un texte classique, comme synthèse des trois Docteurs du Carmel, Thérèse d'Avila, Jean de la Croix et Thérèse de Lisieux, Docteurs de l'Eglise universelle, Docteurs de la vie intérieure pour tout le Peuple de Dieu. Cette synthèse a été faite par un carme qui a non seulement étudié leur enseignement, mais qui l'a vécu en profondeur dans son propre cheminement vers la sainteté.

 

« La sainteté, c’est la force de Dieu

dans la faiblesse de l’homme »

 

      Du vivant du P. Marie-Eugène, seul Jean de la Croix était reconnu comme Docteur de l'Eglise. C'est après sa mort que le Bx Paul VI donnera ce même titre à sainte Thérèse d'Avila (en 1970), et St Jean-Paul II à sainte Thérèse de Lisieux (en 1997). De façon prophétique, le P. Marie-Eugène reconnaît déjà à tous les trois la même importance doctrinale. Il est particulièrement proche de la petite Thérèse dont il a tout de suite perçu la grandeur et le génie, proche d'elle aussi par ce Mystère de l'Enfant-Jésus dont ils portent tous les deux le Nom.

      Sa doctrine spirituelle rejoint les plus grands enseignements du Concile sur La vocation universelle à la sainteté (Constitution sur l’Eglise, Lumen Gentium, ch. V) et sur Marie dans le Mystère du Christ et de l'Eglise (ch. VIII). C'est dans cette perspective qu'il synthétise et actualise l'enseignement des trois Docteurs du Carmel, précisément pour éclairer ce chemin de sainteté comme chemin de vie intérieure, et cela pour tous les baptisés.  De même, la dimension mariale, si forte chez les Papes Paul VI et Jean-Paul II, est admirablement développée par lui dans la grâce propre du Carmel, qui est celle de la vie intérieure.

      En tête de son livre, le P. Marie-Eugène a placé un lumineux tableau de la spiritualité thérésienne (cf. ci-dessous), présentant  les cinq parties de Je veux voir Dieu en regard des sept demeures du Château Intérieur, qui est le chef-d’œuvre de Thérèse d'Avila. C'est dans ce grand cadre que le P. Marie-Eugène intègre non seulement la doctrine contenue dans les autres œuvres de la ‘Madre’, mais encore l'apport des deux autres Docteurs du Carmel: Jean de la Croix et Thérèse de l’Enfant-Jésus. Toute cette doctrine est synthétisée d'un triple point de vue: l'action de Dieu, l'activité de l'âme, le Christ. Telles sont les trois colonnes intérieures du tableau qui correspondent exactement aux trois parties de la Somme de Saint Thomas, contemplant successivement Dieu et l'Homme dans le Christ Voie, Vérité et Vie.  

      Dans cette lumière, le P. Marie-Eugène considère les grandes étapes du chemin de la sainteté à laquelle tous sont appelés, dans sa dimension de vie intérieure, de ce Château Intérieur de l'âme, qui s'ouvre toujours sur le Château Extérieur de la Communauté de l'Eglise, selon la belle expression de la Servante de Dieu Chiara Lubich, fondatrice de l’œuvre de Marie (Mouvement des Focolari). Il nous offre ainsi la plus exacte compréhension de l'oraison, qui est le thème central de Thérèse d'Avila. L'oraison n'est pas une pratique de piété ni une forme de méditation, mais la vie intérieure elle-même comme relation personnelle avec le Christ dans l'Esprit-Saint, par ses plus grands dons qui sont la foi, l'espérance et la charité. C'est la vie baptismale qui doit se développer dans cette croissance spirituelle qui va des premières aux septièmes Demeures. Pour Thérèse d’Avila, l’oraison est toujours et à toutes les étapes, la porte du Château Intérieur.

 

 

Notre retraite d’avent

     C'est dans cette perspective de notre vocation à la sainteté que le P. Marie-Eugène va guider notre retraite pour le temps de l'Avent. Comme un Père et un maître, il va nous aider à nous approcher de Jésus l'Enfant-Dieu, à revivre le grand Mystère de l'Incarnation avec la Vierge Marie et saint Joseph, dans la lumière de l'Ecriture Sainte. Il va nous conduire à la joie de Noël à travers 5 étapes:

• 1^er Dimanche: Revivre avec Marie le Mystère de l'Incarnation.
• 2^ème Dimanche: Se donner pour accueillir le Don de Dieu.
• 3^ème Dimanche: « Soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche ! » 
• 4^ème Dimanche: Contempler l'Enfant Jésus avec Marie et Joseph.
• Solennité de Noël: Vivre chaque jour la "Grâce de Noël".

 

Bonne retraite à tous, en union de prière !

Fr. François-Marie Léthel, ocd (Rome)