Comprendre l'eucharistie

Le repas eucharistique a donné lieu à de riches développements dans l'histoire des Eglises. Le théologien jésuite Bernard Sesboüé vient de publier un riche ouvrage pour y voir plus clair et nous recentrer sur l'essentiel : Comprendre l'eucharistie (éditions Salvator, janvier 2020). Voici ce qu'il écrivait dans un précédent livre intitulé "Croire, Invitation à la foi catholique pour les femmes et les hommes du XXIème siècle", Droguet & Ardant, 2001 :

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"L'eucharistie est un mémorial au sens le plus prégnant. Le récit accomplit pour nous ici et maintenant ce qu'il raconte. La célébration n'est nullement une répétition de la Croix, elle est une réitération de la Cène. Son rapport à la Croix est d'un autre ordre : elle en "actualise" pour nous la réalité ; ou encore elle la rend présente en la "re-présentant". En quelque sorte, elle rend les chrétiens, de tous les temps, contemporains de la Croix. Elle ne "renouvelle" nullement celle-ci, malgré un vocabulaire fautif qui fut souvent employé dans la catéchèse catholique. Car on ne renouvelle que ce qui a vieilli ou perdu de sa vigueur. Mais elle renouvelle les croyants dans leur participation au mystère de la Croix. Elle les invite à faire de leur vie un mémorial de ce sacrifice existentiel.

C'est en ce sens très précis et seulement en ce sens que l'eucharistie peut être appelée sacrifice. Elle n'est pas un nouveau sacrifice que le Christ offrirait chaque jour à son Père, puisque le Nouveau Testament nous dit que Jésus s'est offert "une fois pour toutes" (Hébreux 9, 12). Elle est la représentation sacramentelle, à travers les gestes symboliques du repas institué par Jésus, de son sacrifice existentiel.

C'est également à partir du mémorial que l'on peut comprendre l'affirmation de la "présence réelle" du Christ dans l'eucharistie. Au terme d'une existence tout entière donnée pour la vie des siens, au moment de les aimer jusqu'au bout, Jésus peut distribuer avec le plus grand réalisme le pain de la Cène à ses disciples en leur disant : "Ceci est mon corps donné pour vous" (Luc 22, 19). Il peut le faire avec infiniment plus de vérité que le père de famille qui distribue au cours du repas le pain à ses enfants. Ce pain est le fruit de son travail. Il est le don de son temps et de lui-même. De même, Jésus se rend présent dans et par le don du pain et du vin, qui sont la symbolisation de sa personne. Sa chair promise à la mort, mais porteuse de l'Esprit de Résurrection, devient alors nourriture de vie éternelle. Ainsi la vie terrestre de Jésus s'achève-t-elle dans un "corps à corps" eucharistique avec les hommes, qui est déjà une anticipation de leur résurrection.

La présence ne se dit vraiment que des personnes qui entrent en relation. Les choses matérielles sont seulement là, elles ne sont pas présentes. Mais les personnes humaines se rendent mutuellement présentes par leur corps. Si je suis absent à une réunion importante, j'essaierai tout de même d'exprimer ma présence en pensée et en désir par l'envoi d'une lettre, de fleurs ou d'un cadeau. Pour mes destinataires, ces dons prennent une valeur tout autre que leur valeur marchande. Ils sont une certaine présence de moi-même. Sans doute n'est-ce qu'une analogie.

Dans le cas de Jésus, il faut faire intervenir outre le poids de sa passion, toute la puissance de sa résurrection et du don créateur de l'Esprit, capables de faire que le pain et le vin deviennent en eux-mêmes ce qu'ils sont devenus pour le Christ et pour nous dans la foi. Telle est désormais leur réalité dernière. Il ne faut donc pas chercher ici aucune "transmutation" des éléments sur le plan naturel. Leur changement est d'ordre surnaturel. C'est le Saint-Esprit invoqué sur le pain et le vin qui l'opère, le prêtre étant le ministre investi par ordination (et donc par un don du même Esprit) pour présider la célébration de l'eucharistie."

Prière de la communauté

Prière pour la communion des Eglises

Père des miséricordes, nous Te rendons grâce pour la diversité des traditions liturgiques et spirituelles des Églises d'Orient et d'Occident, reflet des richesses infinies de Ta grâce ; accorde à Tes enfants bien-aimés, fils et filles de ces Églises, de s'enrichir mutuellement de leurs trésors spirituels et de préparer ainsi la pleine communion à laquelle Tu les appelles en Ton Fils bien-aimé Jésus Christ. Lui qui vit et règne avec Toi dans l'unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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