« Priez sans cesse », dit S. Paul. Oui, mais comment ?

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« Priez sans cesse », écrivait S. Paul aux chrétiens de Thessalonique (1 Th 5, 17). Mais comment donc cela est-il seulement possible ? Pouvons-nous vraiment passer notre vie à genoux devant le Saint-Sacrement, ou égrener continûment notre chapelet ?

Une tradition spirituelle s'est développée en Orient, pour apprendre la prière continue : c'est la prière du cœur :

Le « pèlerin » (strannik) décrit son odyssée à travers la Russie, qu'il parcourt avec un havresac contenant du pain sec et la Bible. Dans un monastère, il rencontre un starets (père spirituel) et l'interroge sur la manière dont on peut pratiquer le conseil de l'apôtre : prier sans cesse. Le starets place le Dobrotolioubié entre les mains du pèlerin et lui explique la pratique de la prière de Jésus. Il le soumet, si l'on peut dire, à un régime d'entraînement progressif. Il lui fait dire la prière de Jésus d'abord 3000 fois par jour, puis 6000, enfin 12000 fois. Ensuite, le pèlerin cesse de compter le nombre des prières ; il associe le « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur » à chaque respiration, à chaque battement du cœur. Le moment vient où aucun mot n'est plus prononcé : les lèvres se taisent, et il n'y a plus qu'à écouter le cœur parler. Ainsi, la prière de Jésus lui sert de nourriture dans la faim, de boisson dans la soif, de repos dans la fatigue, de protection contre les loups et dans les autres dangers : elle l'inspire dans les entretiens qu'a le pèlerin avec les gens qu'il rencontre, des gens du simple peuple, comme le pèlerin lui-même.

Cette belle tradition nous confronte à de grandes difficultés si nous la comprenons comme une activité ininterrompue supposant un effort de notre part et mobilisant notre énergie. Les premiers moines, dont la sagesse nous est parvenue via les apophtegmes (c'est-à-dire de brèves histoires, voire des sentences), en témoignent :

Des frères racontaient ceci : Nous allâmes un jour chez des vieillards et, selon la coutume, après la prière, nous nous embrassâmes et nous assîmes. Et après l'entretien, voulant partir, nous demandâmes que l'on fasse la prière. Mais l'un des vieillards nous dit : « Quoi donc ? N'avons-nous pas prié ? » Nous lui dîmes : « En entrant, abba, on a fait la prière, puis nous avons parlé jusqu'à présent. » Mais il dit : « Pardonnez-moi, frères, un frère assis au milieu de vous et parlant a fait cent trois prières. » Ceci dit, ils firent la prière et nous congédièrent.

Nous pouvons être rassurés : il est possible de prier en continuant de conduire ses autres activités. Parce qu'avant d'être une activité, la prière désigne une attitude, un état d'esprit qui consiste à tout recevoir de Dieu et à tout lui rendre, en action de grâce. Ce petit apophtegme nous enseigne donc que nous pouvons prier et manger, que les deux actions ne sont pas incompatibles (ouf ! ...). Mais dans ce cas, à quoi servent les temps de prière que nous prenons ?

L'oraison a donc ici un objectif précis. Elle met le message de Dieu devant les yeux du croyant, en élucide le sens, s'insère dans sa structure, s'habitue à sa signification ; et ainsi s'accomplit cette « conversion » du regard, de la pensée, cette transformation de la spontanéité vivante sans laquelle la conversion des mœurs reste fragmentaire. Par l'oraison se forme la conscience chrétienne, écrivait Romano Guardini.

Les temps de lectio divina ou d'oraison, de même que la participation à un office, nourrissent ainsi notre désir du Seigneur, c'est-à-dire notre prière. « Ta prière, c'est ton désir », écrivait à Proba notre Père S. Augustin, « si tu désires sans cesse, tu pries sans cesse ». Que cette semaine sainte soit pour vous une sainte semaine. Puissiez-vous expérimenter la prière continue.

Pendant la semaine sainte, retrouvez les horaires des célébrations en direct :

- Le jeudi saint : https://hozana.org/live/2020/04/09

- Le vendredi saint : https://hozana.org/live/2020/04/10

- Le dimanche de Pâques : https://hozana.org/live/2020/04/12

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Prière de la communauté

Oraison de de notre Père S. Augustin

Renouvelle, Seigneur, dans ton Église l'esprit dont tu as comblé l'évêque saint Augustin, pour que, remplis de ce même esprit, nous n'ayons soif que de toi, source de la vraie sagesse, et ne cherchions que toi, auteur de l'éternel amour.

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12 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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