Souvent, il nous faut prendre un peu de distance pour comprendre ce qui se passe au tréfonds de nous-mêmes. Aujourd´hui, après presque un mois de chemin parcouru, nous pouvons et devons renouer avec nos résolutions de fin d´année, mais en leur donnant un sens nouveau. De fait, les rythmes nous offrent de nombreux départs le long de l´année: le nouvel an, le Printemps, Pâques, les grandes vacances, la rentrée, notre anniversaire, etc. Parallèlement, on nous fournit aussi des éléments pour réussir nos nouveaux départs: bonnes résolutions, livres motivants et des méthodes plus ou moins exotiques. Tout cela passe comme étant nécessaire.
Les liens sociaux étant soi-disant plus lâches, nous sommes moins déterminés par nos origines qu´à d´autres époques. Mais le revers de la médaille est bien là. Nous pataugeons souvent dans les plus grandes ambiguïtés professionnelles ou même familiales. Les projets politiques de leur côté ne semblent plus mobiliser la population comme avant. Dans ce cadre, le découragement n´est jamais très loin...Ainsi les départs le long de l´année ne sont pas simplement des détails folkloriques, mais des éléments essentiels à nous, femmes et hommes en construction.

Au-delà de l´anecdote, qu´est ce que cela veut-il bien dire pour le Chrétien? 

D´abord, l´idée d´un être humain en construction n´est pas étrangère au Chrétien. Le découragement non plus. Le ministère du Christ a bien duré trois ans. Trois ans, ce n´était pas peu pour être avec Ses disciples et les aider à croître en Lui. Petit à petit, Ses disciples ont pris la route et mis le Christ au centre de leur vie. À la fin de ces trois ans, le paradoxe est devenu manifeste. Ils L´ont pratiquement tous abandonné. Mais, pour eux, il n´y avait que Lui pour donner un vrai sens à leur vie. Il n´y avait que Lui pour leur donner la force de poursuivre leur action, principalement quand personne, ni eux-mêmes n´y croyait plus.

Tout cela, nous le retrouvons dans le texte de Saint-Luc: les disciples d´Emmaüs. Nous devinons l´enthousiasme initial. Ils l´on rejoint dans la foi, ils étaient avec Lui à Jérusalem, ils savaient même que le tombeau était vide. Mais même comme cela, ils sont pris par le désespoir, la déception et abandonnent Jérusalem et symboliquement la foi. Ses disciples dans cette route déserte avaient clairement besoin d´un nouveau départ. Le 25 janvier, nous avons fêté un autre fulgurant départ: la conversion éclair de Saint-Paul apôtre alors que lui de son côté se dirigeait vers Damas pour lutter contre la foi. À chaque fois, le Christ apparaît au détour d´un chemin, sans même être invité. Une nouvelle vie est offerte.

Nos sociétés séculaires et laïcs recherchent constamment le renouveau. Elles suivent une tradition qui les dépasse toutes. Derrière la multiplication de ces petits départs éparpillés dans le temps et dans leur sens respectif, ne cherchons-nous pas tous quelque chose de plus? Il y a cependant une différence de taille pour le Chrétien. En effet, il sait que le Christ ressuscité marche avec nous. Pour le Chrétien, il n´y a que le Christ pour donner du sens et une nouvelle direction à notre existence, comme l´on découvert les disciples d´Emmaüs ou encore Saint-Paul. Il est bien là pour nous donner une nouvelle vie en cette année 2020, cette nouvelle décade qui s´annonce et cet avenir qui nous attend avec Lui.