v1"Si un prêtre demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite..."

       Ce chapitre sonne comme une mise en garde devant l'ordre établi dans la hiérarchie des valeurs catholiques. En effet le prêtre pourrait sembler présenter toutes les conditions requises pour entrer de plein-pied dans une communauté monastique. Or st Benoît se montre plus que prudent et réservé. Il nous révèle quelques éléments indicateurs de sa position.

       On peut d'abord observer qu'il stigmatise "l'orgueil" quand il écrit au verset "Rien ne lui sera épargné" et au verset 5 "il n'élèvera aucune prétention, sachant qu'il est assujetti à la rigueur de la Règle et que plus que tout il doit donner l'exemple de l'humilité"

        L'accueil au monastère , aujourd'hui pour un prêtre,pourrait se définir, en conséquence, par un chemin d'humilité, d'acceptation de la faiblesse et la rigueur de la Règle.

a)L'humilité bénédictine se passe des actions et des organisations car elle est d'abord une attitude intérieure. Elle se méfie des pièges de la parole, des structures ecclésiales pyramidales pour lui préférer l'écoute, le consensus qui n'est pas facilitation mais choix courageux. L'humilité conduit le moine à se retirer , à choisir l'écoute et la méditation. Il se pose rarement en modèle.

b)L'acceptation de la faiblesse traduit l'un des mystères bénédictins en valorisant plus que tout l'humilité par opposition à la tout-puissance. Le retournement de la vie monastique semble nous rappeler que toute la vie est avant tout spirituelle et de l'ordre divin. La vie du moine se définit dans l'assimilation vécue des béatitudes et non pas dans leur connaissance ou leur proclamation.

c)Enfin st Benoît pose comme premier critère d'admission d'un prêtre d'appliquer "la rigueur de la Règle" Ici  on peut mieux comprendre ce qui se cache sous l'illusion d'une religion qui pourrait laisser filer dans l'intelligence le croyant plutôt que de se laisser éduquer  pas à pas par la Règle qui est un travail constant sur le manque : point de départ de la vraie recherche de Dieu. La Règle bénédictine propose de "vivre "les "béatitudes évangéliques" et non pas de se contenter de les enseigner. C'est sans doute ici, la grande sagesse de st Benoît : pour y parvenir il propose le chemin de sa Règle 

              Ce chapitre peut nous conduire à  éviter toute recherche par trop rationnelle pour retrouver la tradition spirituelle bénédictine inspirée par la Règle. La mise en garde de st Benoît semble se fonder sur  la priorité de l'humilité et non d'un savoir et de la connaissance.