Hier nous avons découvert, en lisant le passage de la Règle sur l'obéissance que la vie de l'homme est jalonnée d'objectifs qu'il se fixe et il se donne les moyens pour les atteindre. L'homme agit, se projette,  fait des plans pour lui et pour les autres. Il anticipe, il vérifie sa propre capacité à se perfectionner. Souvent l'obéissance lui fait défaut par crainte de se soumettre, de marquer un temps d'arrêt avant l'action. Mais dans ses projets il oublie parfois de chercher en son cœur profond ce qui lui manque. au lieu de vivre en profondeur, il survit, en oubliant de chercher à obéir. Mais que peut lui dire  un autre que lui ? un étranger ? un ami ?ou même Dieu ?

        Dans la vie religieuse, ici, gouvernée par la Règle de st Benoît il nous faut comprendre que l'obéissance monastique ne signifie pas perte de liberté. Au moment de prononcer le vœu d'obéissance le religieux s'engage, en réponse à un appel, se rapprochant encore mieux par l'humilité, à s'identifier au christ . Voir st Paul aux Philippiens 2  v 8 :

"Obéissant jusqu'à la mort...."

         Pour st Benoît," obéir" signifie "Ecouter" avec une confiance totale pour croître ensuite dans une nouvelle naissance où la volonté propre est remplacée par un "saint abandon à la volonté de Dieu" par l'intermédiaire d'un supérieur, l'abbé, mais aussi par un frère ou une sœur, ou un proche dans notre vie de laïcs ! L'important réside alors dans cet acte de foi où l'amour et la confiance en Dieu remplacent la raison et ouvrent  au chemin d'une grâce qui attendait le passage.

    Nous pouvons alors déchiffrer l'obéissance comme un mouvement d'abandon et persévérant de nos doutes pour entrer dans le champ de la confiance : alors nous pouvons découvrir une autre réponse à nos limites et à nos projets, nous pouvons avancer contre vents et marées, tel un bateau qui a trouvé son vent, poussé par une force subite. Cette forme d'obéissance libère du doute, des tergiversations en provoquant le lâcher-prise qui nous clouait sur place ou en nos résistances. Cette forme d'obéissance, toute spirituelle, nous détache de nos inquiétudes et pensées parasites pour nous tourner vers l'Essentiel "Ecoute ! J'ai des choses à te dire !"

                                       Obéir signifie alors écouter un Autre que soi !

Alors nous comprenons mieux le Livre des Proverbes  v5

"Que le sage écoute, et il gagnera  en savoir.

  L'homme intelligent connaîtra les conseils prudents !"