En ce mois missionnaire, voici que s’offre à nous aujourd’hui comme compagnon de route un homme qui choisit de suivre le Christ pauvre et crucifié, quittant une vie de bourgeois et des rêves de gloire pour porter la joie de l’Évangile et l’amour de Dieu à toute la Création et particulièrement aux plus pauvres : St François d’Assise, « Le Poverello » (le petit pauvre).
Alors qu’il envoie en mission les soixante-douze (l’Évangile entendu hier, Lc 10,1-11), Jésus se tourne vers trois villes qui ont déjà entendu de sa bouche l’annonce que “Le règne de Dieu s’est approché d’[elles] » (Lc 10,9). Il les interpelle vivement sur leurs réactions ou plutôt sur leur impassibilité « Malheureuse es-tu … » (Lc 10,13). Devant cette annonce et les signes qui l’accompagnaient (les miracles), elles auraient dû se convertir. Ont-elles compris l’enjeu de cette annonce? En évoquant le Jugement, Jésus les renvoie à l’essentiel : leur relation à Dieu, leur ajustement à sa volonté et à son projet d’amour pour l’humanité qui doit orienter et donner sens à leur existence.

     En son temps, François interpella l’Église et ses contemporains, par sa conversion et la vie qu’il vécut avec ses frères. Aujourd’hui, c’est à nous qu’il revient d’inviter avec conviction nos frères et sœurs en humanité à « choisir la vie » (cf.Dt 30,19).

     Invitation à adresser avec humilité et compassion, sachant combien, de tous temps, les hommes ont peiné « à écouter la voix du Seigneur ». Baruch (1ère Lecture) nous le rappelle par trois fois en relisant l’histoire du peuple de Dieu et nous-mêmes en faisons l’expérience. Comme le priait St François : « par nous-mêmes nous ne sommes que pauvreté, mais toi, à cause de toi-même, donne-nous de faire ce que nous savons que tu veux et de vouloir toujours ce qui te plaît » (dans la Lettre à tout l’Ordre, 50).

Oui, la prise de conscience de notre pauvreté et de notre condition de pécheur est nécessaire pour mener à bien notre mission, sans quoi, - la prière de Baruch et le psaume le mettent bien en évidence – notre message sera inaudible. Israël en a fait l’expérience, les conséquences de son infidélité au Seigneur, qui se sont manifestées temporellement par l’épreuve terrible de l’exil, ont provoqué leur honte et compromis, aux yeux des païens, la crédibilité des chefs, des rois, des prophètes (Ba 1,16 ; Ps 78,4). Aussi, comme nous y invitait le pape François dans son exhortation apostolique La joie de l’Évangile, renouvelons « aujourd’hui même [notre] rencontre avec Jésus-Christ » (La joie de l’Évangile, 3), revenons à lui de tout notre cœur (Jl 2,12) pour accueillir son amour qui ne demande qu’à nous relever.
Là se trouve la source du témoignage car « si quelqu’un a accueilli cet amour qui lui redonne le sens de la vie, comment peut-il retenir le désir de le communiquer aux
autres ? » (La joie de l’Évangile, 8)

     Enfin, il nous est bon d’entendre dans l’Évangile de ce jour, que Jésus lui-même ne fut pas aisément entendu. Et comme « le serviteur n’est pas plus grand que son Maître » (Jn 13,16) ne nous décourageons pas lorsque nous constatons la difficulté de nos auditeurs à ouvrir leur cœur à cette Parole de Vie. Si nous sentons notre faiblesse à porter la Bonne Nouvelle, à la suite de st François à la fin de sa vie, disons : « Commençons, mes frères, à servir le Seigneur Dieu …» (1ère Vie de St François d’Assise par Thomas de Celano, 103). Et n’oublions pas que l’essentiel dans la mission est pour nous de « demeurer dans le Christ comme Lui en nous » (cf Jn 15, 4), puisque, comme il nous l’a dit « celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé » (Lc 10,16).