Le silence monastique
Le chapitre 42 de ce 21/7 "Que nul ne parle après complies
nous fait entrer dans l'un des sommets du mysticisme bénédictin, si cher aux moines de tous les siècles puisqu'il évoque "Le Grand silence", dont nous parlons dans cette publication, que je partage avec vous, priants de St Benoît. Ce silence particulier se situe après les complies et s'étend sur toute la nuit jusqu'aux Laudes, du lendemain. Nous parlons alors de la dimension spirituelle du silence : moment et espace de rencontre entre Dieu et sa créature.
Pour St Benoît le silence prend sa place dans la solitude de l'homme, vivant et rempli de son humilité et sa pauvreté face à soi-même et devant la transcendance de Dieu. Nous avons considéré que l'une des définitions du moines semble être sa "recherche de Dieu" et l'un des chemins d'accès il le trouve dans le "silence d'écoute" pour entendre Dieu, lui parler en "cœur à cœur"
Dans l'éducation au silence, voie oh ! combien fragile et menacée par toutes sortes de zones d'ombre dans notre vie agitée par les préoccupations, l'écoute peut servir de baromètre de notre capacité de vie intérieure, à tel point qu'on a pu écrire :"Dis-moi comment tu écoutes et je te dirai qui tu es !!".
Si cette écoute intérieure précède et éclaire nos pensées, nos paroles et nos actes alors nous pourrons, avec clarté, mieux comprendre et entendre ce qui se passe en nous et entendre les messages extérieurs autrement. Pour st Benoît le grand silence de la nuit est la fenêtre qui s'ouvre à notre capacité à nous rendre présent à nous-même, en laissant disparaître le voile qui obscurcit et en chassant les mirages du quotidien, fugace et tourbillonnant : c'est une des possibilité d'entre-voir le "Tout Autre".
St Benoît se montre intransigeant sur ce silence, après complies pour que le moine puisse aller à la rencontre de Dieu. Dans cet espace qu'il veut privilégier absolument, le moine pourra sans doute trouver le vrai sens de sa démarche monastique, le Don de soi et sa propre générosité : c'est le moment de calmer le bouillonnement de ses émotions et trouver le calme de ses sentiments.
C'est à cette condition seulement que le silence nous amène à "l'intelligence du cœur" dont parlent aussi certains psychanalystes, dont Isabelle Filliozat quand elle évoque "la grammaire des émotions" Dieu peut mieux se révéler à notre perception humaine dans une spiritualité dépouillée des émotions.
Le "Grand Silence intérieur", voulu par St Benoît favorise cette indispensable prise de recul et de distance avec nous-mêmes et les autres pour ajuster notre relation pour le lendemain. Il conduit à une autre façon de penser et de voir, qui nous vient d"'Un Autre que nous-mêmes"
A y relire de plus près ce chapitre 42, voici quelques éléments d'aide pour aimer son silence :
- fuir les paroles inutiles et faire le silence des mots,
- ne pas envahir l'autre en le respectant par notre attitude de discrétion,
- rechercher la méditation et le recueillement plutôt que la réactivité souvent sournoise,
- s'éduquer au silence des vaines pensées et le silence du jugement
- considérer que le silence des paroles précède souvent la paix des cœurs,
- chercher à s'établir dans le silence "habité," d'où la devise monastique, peut-être l'une des plus belles définitions du moine, qui veut dire "monos"=seul.Alors il parvient, et chacun d'entre nous y est appelé : se laisser chercher par Dieu seul
Terminons cette méditation sur deux pistes
1°)le Psaume 19 "Dieu parle, écoute la voix du Seigneur,."....
2°)Laissons-nous remplir par le chant U28 "Dieu silence, Tu nous as parlé
Lumière dans nos yeux, ferment dans notre pain"
"Touche nos oreilles, nous entendrons
"Souffle sur nos lèvres, nous parlerons".....
Bon Dimanche à tous !
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4 commentaires
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6