Saint Gilles - Chapitre 2

Lors de la traversée de la Méditerranée, l’équipage doit lutter de toutes ses forces contre une forte tempête qui menace de faire sombrer le bateau. Les éléments sont si déchaînés qu’on ne peut mettre des embarcations à la mer. Les passagers s’affolent. Gilles prie. Sa prière s’élève vers le Christ, elle évoque sans doute ces moments où le Seigneur marchait sur les eaux et apaisait l’ouragan. Et bientôt le tonnerre ne gronde plus, le vent n’est plus qu’une brise et la pluie cesse de tomber.


A l’arrivée à Marseille, Ægidius se dérobe une nouvelle fois à l’enthousiasme des passagers qui clament haut et fort le miracle qui les a sauvés. De toute façon, il n’a pas l’intention de rester à Marseille. Il a entendu parler du grand saint Césaire et souhaite se rendre directement à Arles, sans doute pour se mettre à l’école des disciples du saint. Ce dernier, initialement moine de Lérins, était devenu, au siècle précédent, évêque d’Arles. Il s’était illustré en luttant contre l’hérésie des pélagiens, en résistant aux invasions successives des wisigoths et ostrogoths, et en fondant un premier monastère de religieuses qu’il avait doté d’une règle nouvelle. Celle-ci, issue d’une synthèse des règles égyptienne et augustinienne, avait permis la création de couvents féminins. Ainsi Sainte Radegonde avait fait le voyage depuis Poitiers pour rencontrer l’illustre évêque et adopter cette règle dans le monastère qu’elle venait de fonder. Jusqu’au XIe siècle, moines et moniales respectaient soit la règle de saint Césaire, soit celle de Saint Colomban et non pas celle de Saint Benoît. Celle-ci, réputée plus douce, se substitua ensuite aux pratiques du premier millénaire.

On peut imaginer que le jeune homme, désireux de parfaire ses connaissances, souhaite se documenter sur ces règles monastiques qu’il aura à mettre en œuvre plus tard, même s’il l’ignore encore. A son arrivée à Arles, notre Ægidius, devenu Gilles depuis qu’il foule le sol de France, découvre une ville riche et vivante, très commerçante.  Elle est la capitale du Midi depuis l’an 300 et, depuis 412, suite à la prise de Trêves par les Francs, est devenue la Métropole de toutes les Gaules. Au point que l’empereur Constantin la nomme « Mère des Gaules ». Elle est en relation avec Athènes ce qui explique aussi la présence de Gilles dans ses murs. Ville religieuse, elle est ancrée dans cette terre provençale qui a déjà donné de grands saints à la France : saint Trophime, saint Honorat, sainte Marie-Madeleine… et le jeune homme est fasciné par son histoire.

Pauvre parmi les pauvres, il vit dans un quartier misérable. Il pense ainsi passer inaperçu et pouvoir se sanctifier, à l’école de saint Césaire, dans l’humilité et l’oubli. Mais la Grâce de Dieu est sur lui. Tandis qu’il prie, une vieille femme l’observe. C’est la mère de sa logeuse. Elle est malade, dévorée de fièvre et paralytique. Elle aussi prie le Seigneur de la guérir. Elle fait confiance à ce jeune homme dont la ferveur l’émeut. Comme il implore pour elle la miséricorde divine, elle guérit dans l’instant.

Les conséquences sont immédiates : à nouveau, comme en Grèce, la foule est enthousiaste, entrave sa liberté, le poursuit de sa vénération. L’histoire se répète et il comprend qu’il lui faut partir à nouveau. Désormais, c’est dans la solitude qu’il veut vivre, loin du monde, dans le recueillement. Il fait confiance, s’abandonne à la providence divine et se laisse conduire. Il traverse le Rhône, chemine d’abord à travers des paysages riants puis aborde des lieux plus sauvages où sinue le Gardon. Il admire la rivière, l’endroit lui plaît. Il se met en quête d’un abri, d’une grotte où se reposer et découvre bientôt une galerie souterraine à deux issues. Le voici qui dépose son bâton de pèlerin... Mais est-il en proie à un mirage ? Il entend une douce psalmodie et se laisse guider par la voix. Il débouche bientôt de l’autre côté de la galerie et se trouve en présence d’un ermite en prière. Cet homme s’appelle Vérédème. Lui aussi est d’origine grecque. Lui aussi comptera parmi les saints. Et la rencontre de ces deux expatriés est étonnante. Vérédème prend en affection son jeune compagnon. Tous deux renoncent à toute joie terrestre. Pendant deux ans, ils vivent ensemble dans la prière et la contemplation, au bord du Gardon, s’abreuvant de son eau et se nourrissant de racines. Mais la réputation de sainteté de Vérédème va bientôt avoir raison de leur vie retirée. Les admirateurs du futur saint ne cessent d’envahir leur retraite. Ils viennent le supplier d’abandonner son ermitage. Cette foule croissante finit par indisposer Gilles qui fait part à Vérédème de son désir de solitude. Les deux ermites décident alors de se séparer.

Par la suite, Vérédème finira par céder aux instances de ses admirateurs et abandonnera sa retraite. Il sera plus tard évêque à Avignon. Quant à Gilles, il s’enfonce plus avant dans la forêt dense qui s’étend à l’ouest en direction de Nîmes. Ce faisant, il quitte la Provence et pénètre en Septimanie, région de Narbonne qui s’étend jusqu’à la péninsule ibérique et qui correspond peu ou prou au Languedoc actuel. Cette province fait partie du royaume des Wisigoths qui, à l’époque, dominent la péninsule ibérique. Après une longue marche, Gilles trouve enfin l’endroit tant espéré pour sa solitude. A deux kilomètres environ de l’actuelle ville de Saint-Gilles et à égale distance de Nîmes et d’Arles, un bois de chênes abrite une grotte, une baume, où il s’installe, bercé par le chant des oiseaux et le cri des bêtes sauvages.

Gilles a choisi de devenir un disciple du Christ. Il a reçu gratuitement, il donne gratuitement. Au nom du Christ, il guérit les malades (la légende lui attribuera toutes sortes de guérisons) et doit se dérober, à chaque fois, à la foule enthousiaste. Prions-le avec les mots de la Prière à Saint Gilles :

 

Enseigne-nous à vivre comme toi, unis à Jésus, Seul chemin de vérité et de sagesse, Unique force d’amour et de vraie vie. Saint Gilles, Infatigable voyageur pour la croissance de l’Eglise, Donne-nous ta soif de construire le Royaume.


En union avec la Vierge Marie.

Je vous salue, Marie...

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 172 personnes ont prié

4 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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