1. Jésus-Christ, l'amour de Dieu humanisé (Neuvaine au Sacré Cœur Saint-Sulpice)
Prédication de Saint Pierre-Julien Eymard (PO 7 et PO 6)
des 5-14 juillet 1861, à Saint-Sulpice - Paris
Neuvaine du Sacré Cœur à Saint-Sulpice
Chapitres précédents :
1. L'amour humanisé
1. Jésus-Christ, l'amour de Dieu humanisé
Principe :
Dieu est souverainement aimable en lui-même et pour lui-même. Il n'est visible à l'homme que par ses dons, ses représentants. L'homme terrestre, charnel a adoré ces dons, ces représentants : voilà l'idolâtrie. Dieu alors pour reconquérir le cœur de l'homme s'est rendu sensible, visible, tangible ; il s'est fait homme, afin que l'homme vît son Dieu, et l'aimât comme la souveraine bonté – Et toute chair verra le salut de Dieu [Lc 3,6].
Portrait :
L'homme alors a vu Dieu-homme – Jésus-Christ. Ses yeux ont rencontré les yeux si beaux, si bons de Jésus-Christ, ont pu considérer, contempler ce visage auguste où resplendit la suavité de la bonté. Ses oreilles – conversation… Toucher – le suivre – le servir, en un mot, l'aimer dans sa bonté divine et humaine. Amour doux et facile.
Fruits :
Explosion des sentiments, de l'empressement, de l'enthousiasme des peuples pour Jésus. On se levait en masse… On quittait tout pour le voir… le suivre (Orphée).
Raisons :
1° C'est qu'on ne pouvait le voir sans l'aimer, l'entendre sans être ravi. Chacune de ses paroles, traits enflammés. Chacun de ses actes, une chaîne d'amour. De là cette parole d'annonce devenue son nom : Allons à la suavité *.
2° C'était l'amour humanisé de Dieu devenu sympathique à l'homme, car après tout l'amour de l'homme commence par la sympathie, par le mystère du sentiment, avant de devenir un acte de raison ou de vertu.
Sentiments :
Oh ! heureux donc ceux qui ont pu voir et contempler de leurs yeux et toucher de leurs mains cet amour substantiel du Père, ce Verbe de vie, cette vie éternelle.
Heureux saint Jean quand il nous dit (Épître 1) : Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, – car la Vie s'est manifestée : nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue [1Jn 1,1-2].
Saint Paul (Tit. 3) : Mais le jour où apparurent la bonté et l'humanité de Dieu notre Sauveur [Tt 3,4].
Jo. 1 : Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient du Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité [Jn 1,14].
Jo. Ép. 1 c. 4 : En ceci s'est manifesté l'amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui [1Jn 4,9].
Comment donc ne pas aimer un Dieu devenu le compagnon, l'ami, le frère de l'homme ? En naissant, il s'est fait notre compagnon [Hymne Verbum supernum, Office du Saint Sacrement].
S. Pierre-Julien Eymard (PO 7,2)
* Dans sa méditation Jésus modèle de la douceur, PA 7,5, le P. Eymard développe le sens de cette expression : “Sa douceur était devenue son nom, eamus ad suavitatem” et il se réfère à saint Paul, 2Co 10,1 et à Mt 11,29. Elle exprime l'amour du cœur de Jésus, sa douceur, sa bonté, sa suavité, sa mansuétude selon le terme de saint Paul. – Selon une recherche sur internet, l'expression proviendrait d'un évangile apocryphe, que nous n'avons pu identifier : les habitants de Nazareth avaient donné ce nom à Jésus : Eamus ad suavitatem, ut hilares fiamus. “Allons à la suavité pour acquérir la joie.” Nous ignorons également à quel document le P. Eymard a fait cet emprunt.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6