Troisième dimanche de Carême
Image : Eustache Restout, S. Augustin remettant sa Règle à S. Norbert (fondateur des Prémontrés), église abbatiale de Mondaye.
Méditation
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus affirme non l’innocence des victimes, mais l’égale culpabilité des survivants, de tous les autres Galiléens ou habitants de Jérusalem dont la vie se poursuit sans encombre. Son propos n’est pas de donner une réponse théorique au problème du mal, mais d’inviter instamment à la conversion. Jésus veut que ses interlocuteurs changent la direction de leur vie… il ne fait pas de discours de théologie fondamentale.
Les deux drames rapportés ne désignent pas un péché particulier des victimes (ce qui était l’opinion fréquente de l’époque), et le fait que d’autres vies ont été épargnées n’est pas le signe de leur innocence.
Le Christ insiste : tous sont pécheurs et tous ont à se convertir. C’est lorsque la vie est apparemment sereine qu’il faut faire pénitence et accueillir la parole de salut annoncée par Jésus-Christ… après il est trop tard !
En ce temps de sérénité, Dieu qui est Amour, offre la possibilité d’entreprendre un parcours, celui de la conversion. Le reproche fait au figuier qui est improductif est une belle image qui sert d’avertissement là aussi : Jésus avertit ceux qui l’écoutent : ils doivent cesser de remettre au lendemain et se décider pour Dieu, maintenant et sans délai, c’est la seule voie pour porter du fruit.
Nous pourrions appeler ce vibrant appel que Jésus lance pour susciter la conversion des hommes et des femmes qu’il rencontre comme une « mise à feu » qui va produire lumière et chaleur, une « mise à feu » qui évoque le « Buisson ardent », lieu de la découverte et de la rencontre avec le Dieu vivant… Il cherchait Moïse, il se donne à Moïse en lui donnant son NOM… son NOM c’est sa personne…
Souvent nous voyons la conversion comme le retournement spirituel en lequel je m’abandonne entre les mains du Seigneur. Nous devons réaliser que se convertir c’est ouvrir ma porte, c’est ouvrir mon cœur, accueillir Celui qui m’aime et qui s’offre à moi… Ma vie prend sens et je peux dire comme Saint Augustin : vraiment « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi » (Confessions, I, 1).
Parfois le chemin est rude, nous pouvons le juger trop pénible et nous risquons de tomber dans une vie « plate », souvent « très plate », c'est-à-dire, sans relief ni humain, ni spirituel. Ce furent les hésitations de Saint Augustin avant sa conversion (Confessions, X, 27) :
Tu étais avec moi et je n’étais pas avec Toi. Ce qui me retenait loin de Toi, c’étaient ces choses (les belles choses du monde) qui ne seraient pas si elles ne venaient de Toi.
Quel drame constant, les dons de Dieu éloignent l’homme de Dieu lorsqu’il s’y enferme !
Aussi saint Augustin, reprenant l’appel du Christ à l’urgence de la conversion, peut dire (Commentaire, 1 Jn 2, 10) :
Le fleuve des choses temporelles nous entraîne, mais, comme un arbre au bord du fleuve est né notre Seigneur Jésus-Christ. Il a pris chair, il est mort, il est ressuscité, il est monté au ciel. Il a voulu en quelque sorte se planter au bord du fleuve des choses temporelles. Tu es emporté par le courant ? Tiens-toi à l’arbre. L’amour du monde te roule dans son tourbillon ? Tiens-toi au Christ ! Pour toi il s’est fait temporel, afin que tu deviennes éternel.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6