Bienheureuse Rosalie Rendu - Chapitre 2

Sœur Rosalie visite les pauvres

Le séminaire où Jeanne-Marie Rendu fait son entrée en 1802 se trouve à la Maison Mère des Filles de la Charité – Saint Vincent de Paul, rue du Vieux Colombier. Jeanne-Marie s’apprête à y passer les cinq années de son noviciat.  Mais elle n’est pas préparée à cette vie de recluse. L’exercice physique et le grand air auxquels elle était habituée lui manquent. Malgré sa fidélité aux exercices religieux et son courage, elle dépérit. Son parrain, M. Emery (le Supérieur des prêtres de Saint-Sulpice) et un médecin consulté conseillent un changement de vie. De son côté, la Supérieure constatera : « Elle était d’une extrême sensibilité physique et morale… Après quelques mois de séjour, elle tombe si dangereusement malade que pour la faire changer d’air et hâter sa convalescence, elle fut envoyée près de la sœur Tardy, rue des Francs-Bourgeois Saint Marcel. » 

Cette petite communauté sera transférée plus tard rue de l’Epée de Bois dans le quartier Mouffetard. Pour l’heure, sa vie lui convient. Elle passe son noviciat à enseigner le catéchisme et la lecture aux petites filles qui sont accueillies à l’école gratuite. Elle doit aussi accompagner les sœurs dans leurs visites des pauvres à domicile. Pendant cinquante-quatre ans, elle ne bougera plus. Toute une vie tendue vers un seul but : « Traquer la misère pour rendre à l’homme sa dignité. »

Ce changement d’air, jugé salutaire à la jeune fille, peut étonner puisque Jeanne-Marie est envoyée dans l’un des quartiers les plus insalubres de la capitale. L’habitat n’en a que le nom, il s’agit plutôt de taudis misérables. Le dénuement y est extrême. S’y ajoutent les misères psychologiques, les maladies, le chômage, l’alcoolisme. Quant à elle, au milieu des pauvres, la voilà ressuscitée ! Ce qui donne à supposer que son mal-être était surtout d’ordre dépressif. Cette soif qui l’entraîne vers les plus démunis va trouver là un terrain d’action où son dévouement fera des merveilles. M. Emery ne l’abandonne pas. Ses visites sont quasi quotidiennes. Jeanne-Marie écrit à son sujet : « Il était en fait l’oracle et la lumière de notre maison. Sa grande maxime était de ne jamais anticiper sur les desseins de la Providence et d’aller toujours à sa suite. Il me faut, disait-il, aller du jour au jour. »

En 1807, voici que son noviciat s’achève et le moment est venu de prononcer ses vœux. Entourée des Sœurs de sa Communauté, elle s'engage, avec émotion et une profonde joie, au service de Dieu et des pauvres. Elle reçoit alors le nom de Rosalie, pour la distinguer d’une autre religieuse qui porte le même prénom qu’elle. Comme il est de règle chez les Filles de la Charité, elle renouvellera ses vœux chaque année.

Les années qui suivent vont éprouver l’Ordre des Filles de la Charité, Sœurs de Saint Vincent de Paul, car un conflit va diviser les religieuses. En effet Napoléon veut soustraire la Compagnie à l’autorité du Supérieur Général des lazaristes au profit de l’archevêque de Paris. Les souvenirs de la Révolution sont encore proches et, de crainte d’une nouvelle dissolution, de nombreuses Sœurs se soumettent. D’autres vont préférer l’exil au reniement des traditions de la Compagnie. En 1815, le retour des Bourbons joue en faveur de ces dernières qui prennent le pouvoir. Il semble que Sœur Rosalie ait été plutôt favorable à la soumission à l’archevêque, sans doute dans son désir d’éviter l’exil pour rester sur place au service des pauvres. En 1815, elle se rallie aux nouvelles directives de l’Ordre.

Et cette année-là, elle devient Supérieure de son couvent.

Dès lors sa soif d’action, son dévouement, son autorité naturelle, son humilité, sa compassion et ses capacités d’organisation se révèlent dans sa lutte contre la misère.

Le passage qui suit est emprunté à la biographie de Sœur Rosalie, publiée par le service du Vatican : www.vatican.va/news_services/liturgy/saints

 « Ses pauvres, comme elle les appelle, sont de plus en plus nombreux en cette époque troublée. Les ravages d'un libéralisme économique triomphant accentuent la misère des laissés-pour-compte. Elle envoie ses Sœurs dans tous les recoins de la Paroisse Saint-Médard pour apporter des vivres, des vêtements, des soins, une parole réconfortante. 

Son exemple stimule ses Sœurs à qui elle répétait souvent :  « Une fille de la Charité est comme une borne sur laquelle tous ceux qui sont fatigués ont le droit de déposer leur fardeau ». Elle est si simple, elle vit si pauvrement qu'elle transpire la présence de Dieu. 

Sa foi, ferme comme un roc et limpide comme une source, lui révèle Jésus-Christ en toute circonstance : elle expérimente au quotidien cette conviction de saint Vincent de Paul : « Dix fois par jour, vous irez voir le pauvre, dix fois par jour vous y trouverez Dieu... vous allez en de pauvres maisons, mais vous y trouvez Dieu ». Sa vie de prière est intense ; comme l'affirme une sœur, « elle vivait continuellement en la présence de Dieu : avait-elle une mission difficile à remplir, nous étions assurées de la voir monter à la chapelle ou de la trouver à genoux dans son bureau »

Elle était attentive à assurer à ses compagnes le temps pour l'oraison, mais « Fallait-il quitter Dieu pour Dieu » comme saint Vincent l'avait enseigné à ses filles et l'accompagner dans une visite charitable, elle disait à la sœur qui l'accompagnait : « Ma Sœur, commençons notre oraison! ». Elle en indiquait le plan, la division en peu de mots simples et clairs, et entrait dans un saint recueillement. Comme la moniale dans le cloître, Sœur Rosalie marchait avec son Dieu : elle lui parlait de cette famille en détresse parce que le père n'a plus de travail, de ce vieillard qui risque de mourir seul dans une mansarde : « Jamais je ne fais si bien l'oraison que dans la rue » disait-elle. 

« Les pauvres eux-mêmes avaient remarqué sa manière de prier et d'agir », rapporte une de ses compagnes. « Humble dans son autorité, Sœur Rosalie nous reprenait avec une grande délicatesse et avait le don de consoler. Ses conseils étaient dictés par la justice et donnés avec toute l'effusion d'un cœur qui pénétrait les besoins des âmes ». « Elle était sévère sur la manière dont nous recevions les pauvres : ils sont nos Seigneurs et nos Maîtres! » « Les pauvres vous diront des injures, plus ils sont grossiers, plus vous devez être dignes » disait-elle : « Rappelez-vous ces haillons qui vous cachent notre Seigneur ». 

Les Supérieures lui confièrent les postulantes et les jeunes sœurs pour les former. Elle eut, dans sa maison, des sœurs passantes, mauvaises têtes ou fragiles. Un jour, elle donna, à une de ses sœurs en difficulté ce conseil qui était le secret de sa vie : « Si vous voulez que quelqu'un vous aime, aimez d'abord en premier; et si vous n'avez rien à donner, donnez-vous vous-même ».

En raison du nombre croissant de Sœurs, le Bureau de Bienfaisance devint une maison de charité avec un dispensaire et une école. Elle y voyait la Providence de Dieu. »

Plus encore que l’action, Sœur Rosalie veut offrir des âmes à Dieu, même dans ce quartier dont les habitants le connaissent si peu. Elle porte secours, console et elle enseigne la religion, elle catéchise, plus particulièrement les malades et les mourants. Elle prie pour eux et avec eux et leur envoie un prêtre pour qu’ils reçoivent les sacrements. Jamais personne ne le repousse.

«  Ne jamais anticiper sur les desseins de la Providence et aller toujours à sa suite. Aller du jour au jour. » Sœur Rosalie a médité ces paroles de M. Emery au point de les avoir consignées par écrit. Vivre en Dieu, dans une confiance totale, sans se préoccuper du jour suivant, quel abandon et quel amour ! Quelle simplicité aussi, comme celle d’un petit enfant.

Allons du jour au jour, nous aussi, et faisons cet acte de confiance quotidien en l’amour illimité de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Et dans la tendresse de notre Mère du Ciel, la Vierge Marie.

 

Je vous salue, Marie…

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 180 personnes ont prié

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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