Bienheureux Alain de Solminihac - Chapitre 1

Dans la France déchristianisée du début du XVIIe siècle, de grands saints vont se lever et entreprendre une vaste Réforme de la catholicité au regard des directives du Concile de Trente. Ils ont pour noms Saint Vincent de Paul, Saint François de Sales, Sainte Jeanne de Chantal, Saint Pierre Fourier, Saint Jean Eudes, Sainte Louise de Marillac, la Bienheureuse Agnès de Langeac et, un peu plus avant dans le siècle, Saint Louis Marie Grignion de Montfort, Sainte Marguerite-Marie Alacoque. La liste est longue. Ils vont secourir et enseigner les populations, réformer les congrégations et en créer de nouvelles, ouvrir des séminaires, réorganiser les diocèses avec le souci de venir en aide aux nécessiteux et de sauver des âmes, des âmes, toujours davantage.

Un grand nom parmi eux, quelque peu oublié aujourd’hui, celui d’Alain de Solminihac. Père Abbé réformateur des Chanoines de Saint-Augustin à Chancelade, nommé malgré lui évêque de Cahors, il apparaît, en ces temps de ruines de l’Eglise qui suivirent les Guerres de Religion, comme l’apôtre du Quercy.

Jeune homme, il ne se destinait pas à la vie monastique, ni à la prêtrise. Issu d’une famille noble du sarladais, il naît le 25 novembre 1593 au château de Belet, à l’ouest de Périgueux. Il reçoit l’éducation des jeunes nobles de son temps, pratique l’équitation, l’escrime, la danse et apprend les bonnes manières. Ses parents sont très croyants, lui-même est pieux, fréquente les sacrements, est habité par un idéal : « faire toute chose avec la plus grande perfection possible. » Il rêve de s’engager dans l’ordre de Malte et d’aller combattre les Turcs. Mais une nuit, son cheval manque un gué et tombe dans un ruisseau grossi par les pluies, au courant violent et rapide qui l’entraîne, lui et sa monture. Menacé de noyade, il sort sans dommage et y voit la main de Dieu qu’il décide alors de servir sa vie durant.

Ce n’est pas à Malte que le Seigneur l’attend, mais à quelques kilomètres de Périgueux, à l’abbaye de Chancelade.

L’abbaye de Chancelade, fondée en 1125 et longtemps prospère, est à l’époque en ruines. Les guerres de religion en ont eu raison. L’église est à moitié détruite, les bâtiments conventuels également. Les titres de propriété ayant disparu, les fermiers se sont emparés des terres. L’Abbé n’est autre qu’un oncle d’Alain, Arnaud de Solminihac. C’est un homme sans énergie qui laisse l’abbaye à ses plaies, se contentant de réparer une chapelle et quelques chambres. Les quelques chanoines encore présents sont de mauvais sujets. Faute de revenus, l’Abbé répartit ses prêtres dans des paroisses où, ne respectant plus leurs vœux, ils s’adonnent à toutes sortes de plaisirs. A bientôt 70 ans, il se cherche un successeur et pourquoi pas dans sa famille ? Car son souci, loin d’être religieux, est d’ordre pécuniaire. En effet l’abbaye, même en piteux état, procure des revenus et l’Abbé souhaite que l’un de ses neveux en soit favorisé. Les frères aînés d’Alain montrant peu de dispositions pour cette charge, c’est Alain qui est choisi. Mais pour obtenir l’agrément de Rome, il doit entreprendre des études. A l’Université de Cahors, il décroche assez vite un diplôme de bachelier en droit canon. Suit une enquête pour déterminer si l’impétrant a les qualités requises pour exercer cette charge.  Six mois plus tard, les bulles de promotion d’Alain signées du pape Paul V le confirme comme Abbé. Il revêt l’habit blanc des Chanoines Réguliers de Saint Augustin et commence son noviciat.

Alain de Solminihac va rompre avec cette pratique courante à l’époque qui veut qu’une abbaye se transmette comme un patrimoine. Même si elle lui échoit de cette manière. Il perçoit la volonté de Dieu dans cette nomination et va mettre tout son désir de perfection à Le servir.

Quand Alain fait son entrée à l’abbaye, il n’y trouve que trois religieux, dont le Père Lamic, un jeune Chanoine, profès depuis deux ans et non encore corrompu par les anciens. Au début, il n’exige rien mais montre l’exemple : il se consacre à l’oraison une heure par jour, il est le premier aux offices, bientôt imité par le Père Lamic. En 1616, il reçoit les ordres mineurs et se consacre à Dieu par les  trois vœux : pauvreté, chasteté et obéissance. Il esquisse ensuite une réforme de l’abbaye qui va être très lente, du fait de sa méconnaissance de la vie monastique et des réticences auxquelles il se heurte. Il impose tout d’abord l’obligation d’assister aux offices et rétablit la vie commune ce qui ne va pas de soi : les religieux, totalement émancipés, vivent chacun de leur pécule et font « pot à part ». Pour finir, cet embryon de réforme est accepté. Alain y ajoute les jeûnes de l’Eglise et le jeûne traditionnel de l’Avent.

Bientôt il se rend compte que, pour bien assumer sa charge, il doit faire des études ecclésiastiques, à commencer par le grec et le latin. Dès son ordination, en septembre 1618, il part à Paris. Inscrit au collège d’Harcourt (actuel Lycée Saint Louis), il suit les leçons du célèbre philosophe Padet. Puis, lors d’une retraite prêchée par le Père Jésuite Le Gaudier, il ressent une sorte de coup de foudre à cette lecture des Exercices Spirituels : « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu Notre-Seigneur et, par là, sauver son âme ». Dès lors, il s’inflige davantage de pénitence, il jeûne, se donne la discipline, se lève la nuit pour prier, rejette son matelas pour se contenter d’une paillasse.

Pendant toutes ces années d’exil à Paris, il ne cesse de penser à son abbaye. Avec ses économies, il achète de nombreux ouvrages de sciences ecclésiastiques qu’il envoie à Chancelade pour reconstituer la bibliothèque brûlée par les protestants. Introduit auprès du Général des Bénédictins, il copie les statuts et constitutions des congrégations. Il réfléchit à l’esprit de son ordre, distinct de la règle de Saint Benoit puisqu’il s’agit de chanoines réguliers.

Il se fait des amis et notamment un certain Vincent de Paul qui ne cessera de l’aider dans son apostolat. En 1619, il fait partie des auditeurs attentifs de François de Sales lequel passe alors neuf mois à Paris où il prononce 165 sermons. Il eut même la joie de s’entretenir avec lui : « Avoir connu cet homme n’est pas le moindre bonheur de ma vie dira-t-il. J’ai vécu avec lui et je l‘ai entendu discourir sur la vertu… et je n’ai rien remarqué qui ne répandît la bonne odeur du Christ ou qui n’exprimât la solide image d’une éminente sainteté. »

Cette même année, il commence des études de théologie à La Sorbonne. Muni d’un baccalauréat dans cette matière, il décide, après quatre ans d’absence, en septembre 1922, de regagner Chancelade. Avec un regret : la nécessité du retour l’empêche de poursuivre ses études jusqu’à la licence de théologie.

A son retour, Alain, frappé par le délabrement de son abbaye, entreprend de grands travaux, fort coûteux. Il emprunte. S’il veut que Chancelade recèle quelque attrait pour de futurs chanoines, il faut rendre à l’abbaye son aspect d’antan, voire l’améliorer. Il fait abattre les masures. En trois ans, un nouveau dortoir est construit, puis les bâtiments de la cuisine, du réfectoire et de la bibliothèque reliés à l’église abbatiale par un cloître, rebâti lui aussi. La nef de l’église s’ouvrait béante vers le ciel, bientôt des voûtes gothiques s’élancent qui reposent sur les anciennes bases, restées solides. En 1633, la nef et un nouveau chœur sont achevés. L’ensemble est toujours dominé par l’ancien clocher roman carré, ajouré de ses fenêtres.

L’évêque de Périgueux est en admiration et déclare à l’Abbé : « Voilà un beau pigeonnier mais où sont les pigeons ? »

 

Quand le jeune Abbé de Solminihac fait son entrée à l’abbaye, en un premier temps, il n’impose rien. Il donne l’exemple. Soucieux de mettre en place une réforme, il commence par lui-même. Et de quelle façon ? Par l’oraison. Une heure par jour au début de sa vie religieuse, neuf heures à la fin.

Imitons-le, adonnons-nous à l’oraison. Prions pour que le Seigneur nous éclaire, nous accompagne et nous garde.

N’hésitons pas à aller à Lui par Marie.

Je vous salue, Marie…

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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