Agonie de Jésus au jardin des oliviers 2 / 6
Suite de la méditation du Padre Pio sur l'agonie de Jésus au jardin des oliviers.
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Première heure, seconde partie : Jésus voit à l'avance le comportement de son peuple et ses souffrances.
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Il se voit traîné dans les rues de Jérusalem où, il y a quelques jours à peine, on l'acclamait comme Messie. Il se voit souffleté devant le Grand Prêtre. Il entend crier : ‘’ A mort ! ‘’ Lui, auteur de la vie, est traîné comme une loque d'un tribunal à l’autre.
Le peuple, son peuple, le tant aimé, le tant comblé, le hue, le bafoue, réclame à grands cris sa mort, et quelle mort ! La mort sur la croix. Il entend leurs fausses accusations. Il se voit flagellé, couronné d'épines, tourné en dérision, salué comme faux roi.
Il se voit condamné à la croix, montant au Calvaire, succombant sous le poids, chancelant, écroulé...
Le voici arrivé au Calvaire, dépouillé de ses vêtements, étendu sur la croix, impitoyablement cloué, élevé face au ciel et à la terre. Il pend sur les clous tout pantelant, en d'indicibles tortures... Mon Dieu ! Quelle longue agonie de trois heures le fera succomber au milieu des hués de la racaille, ivre de colère !
Il voit sa gorge et ses entrailles, dévorées d’une soif ardente et, pour l'étancher, ce vinaigre et ce fiel.
Il voit son Père qui le délaisse et sa Mère, accablée de douleur.
Pour finir, cette mort ignominieuse au milieu de deux larrons. Si l’un le confesse et peut être sauvé, l’autre blasphème et meurt réprouvé.
Il voit Longin qui approche pour transpercer son cœur.
La voici consommée, l'extrême humiliation du corps et de l’âme qui se séparent...
Tout cela, scène par scène, passe devant ses yeux, l’épouvante et l'accable.
Reculera-t-il ?
Dès le premier instant, il a tout embrassé, tout accepté. Pourquoi donc cette extrême terreur ? C’est qu’il a exposé sa sainte humanité, comme un bouclier qui capte les coups de la Justice, outragée par le péché.
Il sent vivement dans son esprit esseulé tout ce qu’il doit souffrir. Pour tel péché, telle peine… Il est broyé parce que, lui-même, il s'est livré en proie à l'épouvante, à la faiblesse, à l’angoisse.
Il semble toucher au comble de la douleur, Il est prosterné face à terre, devant la majesté de son Père. La sainte Face de l’Homme-Dieu qui jouit de la vision béatifique gît là, dans la poussière, méconnaissable, Mon Jésus ! N'es-tu pas Dieu ? Maître du ciel et de la terre ? Égal au père ? Pourquoi t'abaisser jusqu'à perdre tout aspect humain ?
Ah ! Oui... Je comprends ! Tu veux m'apprendre, à moi, l’orgueilleux, que pour frayer avec le ciel je dois m’abîmer jusqu'au fond de la terre. C'est pour expier mon arrogance que tu t’écroules. C'est pour réconcilier le ciel avec la terre que tu t'abaisses jusqu'à la terre comme si tu voulais lui donner le baiser de la paix…
Jésus se redresse, tourne vers le ciel un regard suppliant, lève les bras et prie. Quelle pâleur mortelle couvre son visage ! Il implore son Père qui se détourne de lui. Il prie avec une confiance filiale, mais il sait bien la place qu'il tient. Il se sait victime pour toute la race humaine, exposée au courroux de Dieu outragé. Il sait que lui seul peut satisfaire à la Justice infinie et réconcilier le Créateur avec sa créature. Il le veut, il le réclame. Mais sa nature est littéralement broyée. Elle s'insurge contre un tel sacrifice. Cependant son esprit est prêt à l’immolation et le dur combat continue.
Jésus, comment pouvons-nous te demander d’être forts, lorsque nous te voyons si faible et si accablé ?
Oui, je comprends ! Tu as pris sur toi toute notre faiblesse. Pour nous donner ta force, tu es devenu notre bouc émissaire. Tu veux nous apprendre qu'en toi seul nous devons mettre toute notre confiance, même si le ciel nous paraît d'airain.
Dans son Agonie, Jésus crie vers son Père : " Si c'est possible, éloigne de moi ce calice. " C'est le cri de la nature qui, terrassée, avec confiance recourt au ciel. Bien qu'il sache qu’il ne sera pas exaucé, puisqu'il veut qu'il en soit ainsi, cependant il prie. Mon Jésus, pourquoi demandes-tu ce que tu sais que tu n'obtiendras pas ?
Quel vertigineux mystère ! La peine qui t'afflige te fait mendier aide et réconfort, mais ton amour Pour nous et ton désir de nous rendre à Dieu te fait dire : " Non pas ma volonté, mais la tienne !...’’
Son Cœur désolé a soif de réconfort. Doucement Il se lève fait quelques pas en chancelant. Il s'approche de ses disciples : eux du moins, ses amis, ses confidents, comprendront, partagerons sa peine...
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« Amen, je te le dis : Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23, 43)
Heureux corollaire à l’atrocité du péché de l’homme est sa capacité à aimer Dieu ici et maintenant, dans le temps présent. C’est à Léon Bloy que le cardinal emprunte, évoquant La femme pauvre pour nous dire que celui qui, ici et maintenant, accompagne le Christ dans sa souffrance et se laisse accompagner par Lui dans sa souffrance, entre d’ores et déjà dans le paradis. Le cardinal Journet nous renseigne avec une clarté remarquable sur cette idée, souvent incomprise, que nos souffrances sont une avancée vers le Ciel, en ce qu’il existe une souffrance d’une pureté bénéfique, qui est celle qui naît de la conscience de l’Amour de Dieu qui manque au monde. Avec Catherine de Sienne, il évoque également les larmes de feu que sont « celles que pleure en nous l’Esprit saint pour le salut du monde. » Celui qui souffre du manque de Dieu est déjà avec Lui.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6