13/03 : 5ème dimanche de Carême - Rencontrer l'autre en notre commune pauvreté

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1. Rencontrer l’autre en notre commune pauvreté : Méditation

 

Texte du cycle d’Elie : La veuve et le miracle de l’huile et de la farine (1 R 17, 7-16) 

Au bout d’un certain temps, il ne tombait plus une goutte de pluie dans tout le pays, et le torrent où buvait le prophète finit par être à sec. Alors la parole du Seigneur lui fut adressée : « Lève-toi, va à Sarepta, dans le pays de Sidon ; tu y habiteras ; il y a là une veuve que j’ai chargée de te nourrir. » Le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? » Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. » Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois. Je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.

 

Ecoute de la Parole

(1 R 17,1-16) : https://youtu.be/n_dMMAmPOpU?t=1m3s

 

a) Consentir à l’exil

Revenons en arrière, à notre 1ère semaine… Élie, en obéissant à l'ordre du Seigneur d’aller se cacher au torrent de Kérith, se trouvait à l’abri d’une éventuelle poursuite par le roi Acab. De plus, il avait de quoi survivre dans ce temps de sécheresse. Cependant, la situation se détériore jusqu’à devenir dramatique : le torrent sèche à son tour. Elie est une nouvelle fois mis au défi d’une confiance radicale en la Parole de Dieu. Comme précédemment, l’ordre du Seigneur comporte plusieurs éléments : « Lève-toi, va à Sarepta dans le pays de Sidon ; tu y habiteras. » Sarepta est une ville de Phénicie située sur la côte méditerranéenne entre Sidon et Tyr. Sidon était la capitale du culte de Baal et la ville d’où était originaire Jézabel devenue la femme du roi Acab. Le Seigneur précise ensuite son plan de salut en faveur d'Elie : « Il y a là une veuve que j’ai chargée de te nourrir. » Un secours humain doit prendre le relais de celui des corbeaux pour assurer la subsistance d’Elie. Comme il sera en territoire étranger, ce sera un étranger, qui plus est une femme, et même une veuve. Si la promesse des corbeaux était peu rassurante, cette nouvelle promesse ne l'est pas beaucoup plus. Quel pouvoir le Seigneur, Dieu d'Israël, a-t-il pour donner des ordres à une étrangère dans le pays de Baal ? En outre, comment une veuve, qui appartient à la catégorie des personnes les plus vulnérables dans ces sociétés patriarcales, pourrait-elle apporter une aide efficace à Elie ? N’ont-ils pas en commun une même précarité, celle de l’exilé dans un territoire étranger à la foi d’Israël et celle de la femme sans protection familiale ? Pourtant, comme la première fois, Elie obéit sans récriminer. Il suit l'ordre à la lettre : il se lève et va à Sarepta pour se rendre dans ce territoire païen d’où provient la reine persécutrice, celle qui précisément apporte la mort en Israël.
Élie croit que la puissance du Seigneur ne se limite pas au territoire d'Israël. Le Dieu d’Israël peut nourrir ses fidèles dans la patrie de Baal elle-même frappée par la famine. En outre, la veuve de Sarepta est le parfait antitype de Jézabel. Elle est Phénicienne certes, comme la reine, mais elle pratique la grande vertu orientale d'hospitalité. Pourtant, il est en soi humiliant pour un juif de devoir sa survie à une femme qui plus est païenne. A cela s’ajoute la souffrance de vivre en terre étrangère et d’éprouver cette forme de solitude qu’est l’exil. C’est cependant par ce chemin d’ouverture à l’étranger que passe le salut de Dieu. En plus de devoir renoncer à des sécurités acquises pour assumer une condition de nomade, il faut sans remettre à une personne elle-même exposée à la précarité, une veuve vivant dans un pays éprouvé par la famine. Telle est la personne que Dieu promet à Elie comme protectrice ! Elie fait confiance et sa foi rend possible l’accueil de l’inattendu de Dieu.

 

b) Dépendance et solidarité


Quand Élie arrive à l'entrée de la ville, il y a là une femme qui ramasse du bois. Elle s’apprête à faire un feu pour le repas et donc a de quoi survivre. Elie devine à ses vêtements qu’il s’agit d’une veuve (Gn 38,14). Il entre en dialogue avec elle et lui demande à boire. Celle-ci ne peut refuser « un peu d'eau » à un voyageur qui vient de loin et répond à cette demande modeste. Encouragé par cette réponse positive, Elie devient plus hardi. Il fait une deuxième demande formulée exactement comme la première : « Apporte-moi aussi un morceau de pain, je t'en prie. » Elie reste toujours poli et peu exigeant, mais la réaction de la veuve contraste avec sa première réponse. Elle commence par un serment « Par le Seigneur vivant, ton Dieu ! » qui n’est pas dit au nom de Baal mais au nom du Dieu d'Elie. Cette attitude de foi et de tolérance envers un israélite incite Élie à croire en sa sincérité quand elle dit ne pas avoir de pain à lui donner. Elie rassure la veuve par la formule qui introduit les oracles de salut « Ne crains pas. » Puis ce visiteur, jusqu’ici si humble dans sa sollicitation, devient d’une exigence inouïe en demandant une ration pour lui avant elle et son fils ! Elie ajoute cependant à son ordre une promesse qui vient de Dieu : « Car ainsi parle le Seigneur, le Dieu d'Israël ». La veuve et son fils auront toujours de quoi manger jusqu'au moment où le Seigneur enverra la pluie et où la nature pourvoira alors à leurs besoins.
Elie a eu l’humilité de solliciter l’hospitalité d’une femme païenne ! Il a accepté de se reconnaître dépendant d’elle, comprenant que Dieu le rendait solidaire de son destin. A travers l’hospitalité de cette femme, il discerne la main de Dieu. En effet, ces événements le conduisent non seulement à échapper à la famine mais à en sauver aussi cette femme. La qualité de son écoute de la Parole le rend solidaire d’une personne exposée comme lui à une mort probable. Un chemin de compassion lui a été ouvert à travers sa propre condition d’étranger et de mendiant. Nous sommes ainsi appelés à discerner le salut que Dieu nous offre par la rencontre de personnes pauvres, soit qu’elles nous aident à assumer notre propre pauvreté, soit qu’elles nous ouvrent le chemin d’une communion inattendue. La compassion vécue est en soi déjà une expérience du salut dès lors qu’elle nous met en relation avec des personnes très éloignées de nous sociologiquement, culturellement, religieusement … : l’amour de Dieu est sans frontière ; notre solidarité humaine doit l’être aussi, nous qui ne pouvons aspirer en vérité au salut sans désirer qu’il ne soit pour tous.

 

c) Fruits d’une confiance partagée


Elie a suivi chaque ordre du Seigneur à la lettre, et c'est bien ce qu'il fait aussi pour la veuve. Celle-ci lui obéit également à la lettre, de sorte que la promesse qu'Elie lui avait faite se réalise : chacun d’eux mangea pendant de longs jours. L’annonce du Seigneur à Élie selon laquelle une veuve de Sarepta lui donnerait à manger s’est également réalisée. Le récit s’achève sur le prodige de la farine et de l'huile inépuisables conformément à la parole que le Seigneur avait dite par le ministère d'Elie. Celui-ci a vraiment parlé au nom du Seigneur ! Le portrait d'Elie se dessine peu à peu comme celui du Prophète par excellence. Il est aussi un modèle de foi pour tout croyant désireux de se mettre à l’écoute de la Parole. Il nous montre comment participer au dessein de salut de Dieu pour le monde tout en étant ainsi nous-mêmes sauvés.
Cette expérience passe par des événements souvent fortuits, qui exigent une attitude de disponibilité à l’inattendu, voire à l’inimaginable. Dieu nous surprend toujours ! Une telle disponibilité suscitée par l’écoute de la Parole est communicative. Elle peut ouvrir d’autres personnes à une telle écoute comme en témoigne l’obéissance confiante de cette femme en la parole d’Elie. Ce service rendu par Elie dans la clandestinité et en terre étrangère le prépare en outre au grand service que Dieu attend de lui pour la restauration de l’Alliance, car cette scène précède le sacrifice du Mont Carmel. Il s’agit bien d’être fidèle dans de petites choses pour pouvoir l’être dans de plus grandes. Elie est en cela un précurseur du Christ dont l’amour nous appelle à rencontrer l’autre en profondeur par-delà ce qui nous en sépare. Cela exige de consentir à cette commune et radicale pauvreté qui nous rend solidaires de tous dans l’assurance d’une commune vocation à la filiation divine. (cf. Ph 3,7-14)
 

2. Commentaire de l’évangile Jean 8,1-11 : la femme adultère

 

En plus de la méditation sur la vie d'Elie, vous pouvez lire le passage d'Evangile et le commentaire cliquez ici

 

3. Le résumé audio de la 5ème semaine

 

Écouter en résumé la dynamique de la semaine (4min24s) en cliquant ici

 

4. Les 3 pistes de la semaine et le verset à prier

 

  • Être disponible à l’inattendu de Dieu dans la reconnaissance du pauvre.
  • Consentir à ma propre pauvreté pour être solidaire de chacun.
  • Poser un acte de solidarité et de compassion au cours de la semaine.

Bonne 5ème semaine de carême!

L'équipe de la retraite

 

Prière de la communauté

Prière du prophète Elie

Dieu éternel et tout-puissant, tu as donné au saint prophète Elie de vivre en ta présence et tu l'as rempli du zèle de ta gloire : accorde à tes serviteurs de rechercher sans cesse ton visage pour devenir ainsi les témoins de ton amour. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen.

10 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Prions avec Elie - Retraite de Carême : 40 jours de feu !

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