Bienheureux Jean-Joseph Lataste - Chapitre 1

Bienheureux Jean-Joseph Lataste (1832 - 1869)

Très tôt, le petit Alcide-Vital Lataste a ressenti l’appel de Dieu. Et pourtant, comme il arrive souvent, soit que les circonstances en décident autrement, soit que la personne choisie par le Seigneur se laisse distraire, il n’y a pas répondu tout de suite. Pour ce petit garçon, ce fut surtout le refus de son père, un refus farouche qui le détourna pour un temps de sa vocation.

Dernier d’une famille de sept enfants, il est né en Gironde, dans la petite ville de Cadillac, le 5  septembre 1832. Ses parents appartiennent à la bourgeoisie locale : son père, Vital Lataste, négociant en vins, possède aussi un commerce de tissus. C’est un libre penseur, contrairement à son épouse, Jeanne Grassiet, qui élève ses enfants dans la foi chrétienne. L’une des sœurs d’Alcide, Rosy, qui est sa marraine et à laquelle il est très attaché, entre bientôt chez les Filles de la Sagesse sous le nom de Sœur Saint-Crescentien.

Cadillac, compte, à l’époque de sa naissance, quelque 2500 habitants. C’est une ancienne bastide, fondée en 1280, sur la rive droite de la Garonne. Grâce à son port, la bourgade vit pour l’essentiel des échanges commerciaux.  Notamment le vin de l’Entre-Deux-Mers, dont les vignobles sont tout proches, y transite vers Bordeaux ce qui, bien évidemment, facilite le négoce de Vital Lataste. Fortifiée suite à sa fondation, la ville s’était dotée, au XVIe siècle, d’un château d’apparat, somptueux palais aux riches décors. Or au XIXe siècle, ce château fut transformé en prison pour femmes. Cette prison jouera plus tard un rôle déterminant dans la vie d’Alcide-Vital.

Le jeune garçon connaît, très tôt, de graves problèmes de santé et n’a de cesse de prier la Sainte Vierge pour sa guérison. Au bout de trois ans, il est exaucé et, complètement guéri, il entre à neuf ans, au petit séminaire de Bordeaux. C’est là qu’il fait sa première communion et qu’il est confirmé. C’est aussi là qu’il rencontre Lacordaire pour la première fois.

A cette époque, Lacordaire, déjà célèbre par son engagement politique avec Lamennais, qu’il avait ensuite désavoué, et surtout par ses prédications à Notre-Dame, était entré chez les Dominicains. Parmi les divers Ordres monastiques, celui-là lui avait semblé le mieux correspondre à ses aspirations de liberté et à son désir d’évangélisation face à la société déchristianisée de son temps. Mais, en France, l’Ordre des Frères Prêcheurs ou Dominicains avait été supprimé en 1790. Pour être autorisé à le rétablir en France, Lacordaire avait gagné Rome où son projet avait trouvé un écho favorable. L’usage d’un couvent romain lui avait même été proposé pour établir un noviciat. En 1841, revêtu de l’habit dominicain, il était revenu en France pour fonder un premier couvent à Nancy. A la recherche de novices, il visitait les séminaires et c’est sans doute, pour cette raison qu’il se rendit au petit séminaire de Bordeaux où le jeune Alcide-Vital Lataste fit sa connaissance et fut, on peut le penser, impressionné par sa personnalité hors du commun. Pour sa part, Lacordaire attendra l’année 1850 pour que la Province dominicaine de France soit officiellement établie, lui-même étant élu Supérieur Provincial.

Cadillac, la Porte de la Mer

Au petit séminaire, Alcide-Vital sent grandir en lui la vocation sacerdotale dont cependant il se juge indigne. Les circonstances vont l’en éloigner. Son père, ce libre penseur, l’envoie poursuivre ses études dans la section laïque du collège de Pons. Peu à peu, il se détourne de la religion et, s’il ne l’abandonne pas tout à fait, c’est grâce à sa sœur Rosy qui essaye de raviver en lui une foi vacillante. Après son baccalauréat, il retourne chez ses parents où, désœuvré, il occupe une année à écrire des poèmes.

Encouragé par son père, il intègre la fonction publique où il devient contrôleur des impôts, exerçant cette charge dans diverses villes de la province, notamment à Privas, en Ardèche. Cette fonction va l’occuper pendant six ans, de 1851 à 1857. Dès les premières années de sa vie professionnelle, Alcide se lie d’amitié avec un de ses collègues, Léon Boyer (ou Leyer). En sa compagnie, il se met à fréquenter le cercle Fénelon qui regroupe de jeunes chrétiens et, peu à peu, il retrouve le chemin de Dieu. Pour servir les pauvres, il s’engage dans les Conférences de Saint-Vincent de Paul et s’y active dans les différentes villes où l’administration des impôts l’envoie : Bordeaux, Pau, Nérac, Privas. Là où les Conférences n’existent pas, il n’hésite pas à en fonder de nouvelles. Un ecclésiastique a écrit à son sujet : « Alcide Lataste ne se contentait pas de se rendre chez les malheureux dont la visite lui était assignée, pour leur porter, en simple commissionnaire, un bon de pain ou de viande : il s’attachait à eux et se les attachait. Ses visites étaient longues et respiraient la plus franche cordialité ; aussi étaient-elles attendues avec impatience et accueillies avec joie. » Lui-même s’épanouit au sein de ces groupes caritatifs. Il déclare : « J’ai retrouvé là une famille de frères ». Avec ses compagnons, il pratique l’adoration nocturne du Saint-Sacrement. Aimer Dieu, aimer son prochain, il conforme sa vie à ces deux commandements, la prière et les actes.

Lors de son séjour à Privas, âme sensible et pétrie d’absolu, il tombe amoureux. Elle s’appelle Léonide Cécile de Saint-Germain, c’est une toute jeune fille, très pieuse qu’Alcide projette d’épouser. Mais elle n’a que seize ans et son père, qui s’oppose à leur union, choisit de l’éloigner. Alcide ne la reverra jamais car la jeune fille, qui restera pour toujours « sa sœur des Anges » décède en 1855. La même année, il perd Rosy, sa chère sœur et marraine, ainsi que sa nourrice. Sa douleur est intense : « Voilà tous mes rêves évanouis… voilà mon cœur mis à nu comme un sanctuaire dévasté ».

Or les deuils qui viennent de bouleverser son existence le font réfléchir sur le sens à donner à sa vie. Il continue ses activités au sein des Conférences mais il ressent à nouveau l’appel de Dieu, négligé depuis son enfance. Convaincu de son indignité, il hésite, en un premier temps, à prendre sa décision : « Je suis un lâche. Je n’ose me consacrer à Dieu parce que ma faiblesse et les penchants de mon cœur, la gravité des fautes et presque leur irréparabilité, une fois entré dans ce saint état, m’effraient ; et je m’arrête. D’un autre côté, vivre dans le monde avec mon caractère et mon cœur, et rester dans un isolement continuel, je ne m’en sens pas  la force. »

A la réflexion, il voit, dans les deuils qui l’ont frappé, comme l’expression de la volonté du Seigneur. Il décide alors d’entrer dans la vie monastique avec une interrogation : à quelle porte frapper ? Il envoie donc des courriers aux Supérieurs des Prémontrés, des Carmes et des Dominicains afin qu’ils lui transmettent les constitutions de leurs Ordres respectifs. Pour finir, c’est le charisme de l’Ordre des Prêcheurs et la figure du Père Lacordaire, déjà entrevue dans son enfance, qui vont le séduire.

Après tant d’hésitations et tout à coup rempli d’audace, sûr de son choix et sans même en référer à sa famille, il frappe à la porte du noviciat dominicain de Flavigny, en Bourgogne, le 4 novembre 1857. Il a 25 ans. Sous le nom de Frère Jean-Joseph, il revêt l’habit blanc et noir des fils de Saint Dominique.

 

Prions avec les mots de la prière de Jean-Joseph Lataste :

« Ô mon Jésus, que je Vous aime ! Donnez-Vous à moi et donnez-moi à Vous : identifiez-moi à Vous : que ma volonté soit la Vôtre ! Incorporez-moi à Vous, que je ne vive qu'en Vous et pour Vous ! Que je dépense pour Vous tout ce que j'ai reçu de Vous, sans en rien garder pour moi-même ! Que je meure à tout pour Vous ! Que je Vous gagne des âmes : des âmes ! Des âmes, ô mon Jésus, des âmes ! Amen. » 

Associons Marie à notre prière. Puisque c’est par Elle que nous pouvons aller à Jésus (cf. St Louis Marie Grignion de Montfort).

 

Je vous salue, Marie…


Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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