"Entre nous, nous insistons beaucoup sur la prière : nous prions deux par deux afin de nous préparer à rencontrer les gens de la rue dans nos tournées-rue; nous approfondissons notre foi régulièrement en examinant ensemble les situations de la rue à la lumière de l'Evangile; nous rythmons notre présence à la rue de nos participations à l'Eucharistie dans la paroisse; nous nous retrouvons avec certaines personnes de la rue pour une prière-rue régulière ... 

Nous prions ensemble parce que cela est très nécessaire. Pour relier les hommes entre eux, nous passons par Dieu qui nous envoie inlassablement les uns vers les autres. Pour rencontrer en vérité ceux qui souffrent de sida, ceux qui subissent la prostitution, ceux qui ne savent plus du tout où ils en sont, pour rester au long des jours à leur écoute dans une véritable compassion, nous avons besoin de passer par la prière. La prière est notre moyen de résister à l'usure; la prière est la route de la conversion : nous sommes tous captifs, nous sommes appelés à être libérés par Dieu qui nous aime; nous sommes en route pour connaître Dieu comme notre Père.

D'ailleurs, dans la rue, il est des cris, des révoltes, des demandes qui s'adressent à Dieu et qui nous parlent de Dieu. Jésus est très proche des gens de la rue parce qu'il a souffert, parce qu'il a vécu l'humiliation, l'exclusion jusqu'à la mort, et la mort sur une croix. L'espérance que nous vivons déjà dans la prière est sa présence de Ressuscité : Jésus est vivant au coeur de celui qui a faim, de celui qui est sans logement, de celui qui est en prison ... Notre prière nourrit cette foi-là.

Et puis, notre prière est aussi l'apprentissage de la communion. Chrétiens, nous sommes envoyés dans la ville pour rompre la solitude, pour rappeler la fraternité. La prière nous aide à reconnaître les obstacles de la communion pour construire une ville plus humaine, plus juste, plus fraternelle. Nous devenons les êtres de communion qu'un jour nous serons en Dieu, face à face."